Pour une assurance-maladie universelle

Une assurance-maladie universelle, qui rembourserait tous les soins de santé, à 100%, "ce n’est pas une utopie" pour Martin Hirsch, directeur général de l'AP-HP, l’Assistance publique Hôpitaux de Paris, et Didier Tabuteau, responsable de la chaire Santé de Sciences-Po. Dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, ils détaillent leur projet pour faciliter l'accès aux soins des Français, tout en réduisant les dépenses.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Entretien avec le Pr Didier Tabuteau, responsable de la Chaire Santé Sciences Politiques (Paris)
Entretien avec le Pr Didier Tabuteau, responsable de la Chaire Santé Sciences Politiques (Paris)

Martin Hirsch et Didier Tabuteau, spécialiste de la protection sociale, dans une tribune publiée par Le Monde, présentent une réforme "à contre-courant de la pensée dominante" pour "améliorer la protection des Français et réduire les dépenses : étendre l'assurance-maladie à l'ensemble des dépenses de santé, en incluant dans la sécurité sociale la couverture complémentaire".

Une simplification du système

Notre système "à deux étages", assurance-maladie et couverture complémentaire (assurances, mutuelles), est "source de complexité, de coût et d'iniquité", assurent les auteurs, expliquant que les complémentaires santé et la Sécu dépensent chacune six milliards d'euros par an en frais de gestion et que leur fusion permettrait "de faire des économies substantielles". "Elle permettrait de réinjecter à terme des milliards d'euros (...) dans le financement de médecins, d'infirmiers, d'hôpitaux", affirment-ils.

Cette réforme entraînerait également des "simplifications en chaîne" : "plus besoin du système particulier de la CMU complémentaire ni d'aide à l'acquisition d'une complémentaire, plus besoin de prévoir la couverture à 100% des affections longues durées (ALD) et plus de moyens à consacrer aux soins et moins aux procédures administratives", expliquent-ils.

Quid des dépassements d'honoraires et des mutuelles ?

Deux problèmes se posent, reconnaissent toutefois les auteurs. L'un est celui des dépassements d'honoraires, aujourd'hui couverts en grande partie par les complémentaires. Problème "délicat" mais "pas insurmontable", notamment en "revalorisant la rémunération des professionnels dont les tarifs sont actuellement sous-cotés", selon eux.

Le second est le devenir des mutuelles. Ils préconisent une réforme "avec une période de transition de quatre ou cinq ans", et l'intégration de certains personnels dans les équipes de l'assurance-maladie. L'ensemble de la réforme serait soumise à un référendum.

L'accès aux soins et la sécurité sociale sont largement abordés dans les débats pour l'élection présidentielle. Le candidat de la droite, François Fillon, a mis le feu aux poudres en disant vouloir "focaliser" l'assurance-maladie sur les affections longues durées (ALD) et l'assurance privée sur le reste.

Comme Martin Hirsch, qui fut par ailleurs membre du gouvernement Fillon, le candidat de "La France insoumise", Jean-Luc Mélenchon défend également l'idée d'un remboursement à 100% de tous les soins par la sécurité sociale.