Nouvelles grèves de médecins à l'approche des élections professionnelles

La quasi-totalité des syndicats de médecins ont appelé leurs adhérents à fermer les cabinets entre le 3 et le 6 octobre. Une nouvelle mobilisation contre Marisol Touraine et le projet de loi santé, avec pour arrière-plan une compétition des organisations syndicales pour les élections professionnelles. La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) dénonce "des mascarades désordonnées et électoralistes".  

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec le Dr François Wilthien, vice-président de MG France
Entretien avec le Dr François Wilthien, vice-président de MG France

Le Syndicat des médecins libéraux (SML), la Fédération des médecins de France (FMF) et le Bloc (chirurgiens) avait invité les praticiens à une "cessation d'activité" à partir du 3 octobre. Ils ralliaient ainsi l'appel à la grève, à partir du lundi 5 octobre, de MG France, le principal syndicat de généralistes.

Seule la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), principal représentant des médecins libéraux (spécialistes et généralistes), refuse pour l'heure d'appeler à la grève, dénonçant "des mascarades désordonnées et électoralistes".

L'unité s'effrite

La mobilisation sera-t-elle au rendez-vous ? "Il y a énormément de cabinets qui m'annoncent des fermetures de deux à trois jours, quelques-uns pour toute la semaine", assure Claude Leicher, le président de MG France, insistant sur "la quasi-unanimité" des syndicats. Une pique lancée à la CSMF, qui s'est selon lui "désolidarisée du mouvement". 

C'est que l'unité syndicale et "historique" affichée en mars dernier, quand au moins 20.000 blouses blanches ont défilé à Paris, n'a cessé de s'effriter à l'approche des élections professionnelles. 

D'ici au 12 octobre à minuit, 120.000 médecins sont appelés à élire par correspondance ceux qui les représenteront aux sein des unions régionales des professionnels de santé (URPS) face aux autorités publiques (ARS) pour les cinq prochaines années.

Campagne oblige, les organisations versent dans la surenchère depuis la rentrée, la CSMF plaidant pour une consultation à 30 euros, le SML pour un tarif de base compris entre 42 et 45 euros. Mais c'est la loi santé qui occupe le plus les esprits. Selon un sondage Ifop pour Le Quotidien du médecin, réalisé par téléphone du 7 au 14 septembre 2015, auprès de 601 médecins libéraux, l'opposition au texte de Marisol Touraine est la principale motivation de vote (65%). Loin devant les enjeux régionaux et les revendications tarifaires (11% chacun).

Le score de la FMF et du SML, qui plaident pour un retrait pur et simple du projet de loi santé, sera révélateur d'une éventuelle radicalisation de la profession. Pour autant, MG France et la CSMF, qui eux demandent une réécriture, devraient rester leaders. 

Nouvelles actions après les élections

Les résultats, attendus pour le 16 octobre, détermineront la représentativité des syndicats au sein des trois collèges de la profession (généralistes, spécialistes, et chirurgiens-anesthésistes-obstétriciens). 

Un enjeu crucial, alors que ces organisations et l'Assurance maladie doivent négocier en 2016 une nouvelle convention, texte qui régit les relations entre la Sécu et les médecins tout en fixant leurs honoraires.

Une fois les élections passées, l’ensemble des syndicats (CSMF compris) prévoient de nouvelles actions pour le retour du projet de loi à l'Assemblée nationale, en novembre après le budget.

Les griefs des syndicats de médecins à l'égard du texte de la ministre de la Santé Marisol Touraine n'ont pas changé depuis la grève des fêtes de fin d'année, avec trois principaux chevaux de bataille : généralisation du tiers payant (dispense d'avance de frais) à tous les assurés d'ici à 2017, "étatisation de la santé" et mise en péril, selon eux, de l'exercice libéral.