Les futurs chantiers de la nouvelle ministre de la Santé

Agnès Buzyn est la nouvelle ministre des Solidarités et de la Santé. A peine nommée, elle devra trancher sur plusieurs dossiers sensibles, et composer avec un système de soins en difficulté.

Rudy Bancquart
Rédigé le , mis à jour le

Un système d'Assurance-maladie à bout de souffleŠ

Le vieillissement de la population, l'augmentation des maladies chroniques et les progrès techniques pèsent chaque année un peu plus sur les comptes de l'Assurance maladie. Avec près de 247,7 milliards d'euros par an, soit 11% du PIB en 2015, la France est l’un des pays qui consacre la plus grosse part de ses dépenses à la santé. Et les comptes ne sont pas bons : l’Assurance maladie affiche en 2015 un déficit de 5,8 milliards d’euros.

Les efforts accomplis au cours des dernières années ont surtout consisté en des mesures ponctuelles de "rabot" (comme les déremboursements de certains soins) qui ont permis de contenir la dépense, mais sans véritable réforme structurelle, ce qui rend chaque année plus difficile le bouclage budgétaire.

Le chantier de la prévention

La prévention était l'un des axes prioritaires de la campagne d'Emmanuel Macron. Il faut espérer qu’elle ne reste pas un discours théorique. Dans les pays de l’OCDE la prévention représente 3% des dépenses de santé. Et la France est un mauvais élève, puisqu’en 2015 elle n'y a consacré que 2% - avec un vrai retard dans la réduction des facteurs de risques que sont la consommation de tabac et celle d’alcool.

Agnès Buzyn a la réputation de ne pas hésiter à monter au créneau. L’an dernier, elle avait ainsi dénoncé les lobbies et les risques sanitaires lorsque les députés ont détricoté la loi Evin afin d’élargir la publicité pour l'alcool. A noter qu'Emmanuel Macron avait promis des stages d'internes dans les entreprises et les écoles pour y mener des actions de prévention.

Le lien entre médecine de ville et l'hôpitalŠ

Aujourd’hui, le suivi des patients atteints de maladies chroniques nécessite l’intervention de plusieurs praticiens : médecins généralistes, spécialistes, médecins hospitaliers, professionnels paramédicaux, etc. Or ce parcours pour le patient est loin d’être fluide. Il n’y a pas suffisamment d’échanges d’informations entre les professionnels de santé et aucune enveloppe budgétaire commune.

Emmanuel Macron avait promis de décloisonner la médecine de ville et l’hôpital. Comment la ministre transformera cette proposition en actes, elle qui vient de l’hôpital ?

Hôpital : rebooster le moral des troupes ?

Malgré l’importance des moyens qui lui sont alloués (50% des dépenses de santé), l’hôpital public est en crise : malaise du personnel hospitalier, problèmes de désorganisation. Il y a fort à faire pour "rebooster" les troupes. Agnès Buzin devrait y être sensible car elle-même a été "mise au placard" lors de son passage à l'hôpital Necker.

Côté patient, la ministre aura aussi pour mission de désengorger les Urgences. Et puis il est urgent de revoir le financement de l’hôpital, la T2A, le paiement à l’activité.