Les pharmaciens de plus en plus victimes d’agressions violentes

Depuis qu’elles ont été facilitées, les déclarations d’agressions sur des pharmaciens se sont multipliées. Elles peuvent aller jusqu'aux violences physiques graves.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Le domaine de la santé n’est pas épargné et la hausse des prix se fait aussi ressentir dans les pharmacies
Le domaine de la santé n’est pas épargné et la hausse des prix se fait aussi ressentir dans les pharmacies  —  Shutterstock

Injures, menaces, et mêmes agressions physiques… le métier de pharmacien est un métier à risque. Le cas de Pierre, pharmacien à Bobigny, a été mis en lumière par nos confrères de BFMTV. Il a été agressé le 6 février dernier alors qu'il se rendait au domicile d'une de ses clientes pour lui livrer ses médicaments. "Il a bien dit qu’il était pharmacien, ça n’a pas arrêté les jeunes agresseurs. Ils ont agi en tout état de cause", commente Alain Marcillac, référent sécurité au Conseil National de l’Ordre des pharmaciens. Ce fait divers n’est pas isolé et s’inscrit dans un contexte difficile pour les pharmaciens. "Les agressions dont ils sont victimes sont de plus en plus fréquentes et sont d’une grande violence. Récemment, un étudiant en pharmacie chez un de nos confrères du nord a reçu un coup de couteau, lors d’un braquage.  Le cas le plus dramatique a eu lieu à Cayenne en octobre dernier : un préparateur a voulu rattraper une personne qui avait commis un vol à l’étalage. Il a lui aussi reçu un coup de couteau et son pronostic vital a été mis en jeu", continue-t-il.

240 déclarations d’agressions en moins d'un an

Tous les ans, l’Ordre des pharmaciens rend public les chiffres des agressions dont sont victimes leurs membres. Depuis le 1er avril 2017, les pharmaciens peuvent déclarer ces évènements en ligne. L’allègement de la procédure, qui se faisait avant par papier, a permis de mettre à jour la réalité de leurs conditions d’exercice : 240 déclarations ont été reçues par l’Ordre depuis avril 2017, contre seulement 94 en 216.

25% des faits rapportés sont des cambriolages, 25% sont des vols, et  50% concernent des injures, menaces, ou agressions physiques. "Les violences verbales peuvent aller jusqu’au harcèlement des officinaux. L’escalade de cette violence peut entraîner des agressions physiques", rapporte Alain Marcillac.

C’est très souvent le refus du pharmacien de délivrer un médicament sans ordonnance, alors qu’il en faudrait une, qui met le feu aux poudres. "Nous devons faire respecter le code de la santé publique. Nous expliquons donc au patient que sa demande nécessite une consultation médicale. Un conflit se produit, et les violences montent crescendo." Mais ce sont aussi des situations encore plus banales qui peuvent dégénérer. "Une simple attente trop longue pour être servi peut créer de l’énervement.  En tant que soignant, on s’aperçoit qu’il y a une évolution des comportements." Que faire pour calmer les esprits ? "Peut-être revoir l’accueil des patients et briefer nos équipes", avance le pharmacien.

Un maillage territorial pour la sécurité

En 2011, l’Ordre des pharmaciens a signé un protocole avec trois ministères concernés par les problématiques de sécurité des professionnels de santé : les ministères de la Santé, de l’Intérieur, et de la Justice. Suite à cette signature, des référents sécurité ordinaux ont été établis dans chaque département, pour être les interlocuteurs de pharmaciens confrontés à des agressions.