Galénique : la couleur, la forme et la taille des médicaments

En avril 2015, le Previscan®, un anticoagulant, a changé de couleur. Le comprimé est passé du blanc au rose afin d'éviter les confusions avec d'autres médicaments. La couleur, la forme et la taille sont en effet des caractéristiques primordiales lorsqu'on met au point un médicament. Il s'agit même d'une science : la galénique.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Rose, vert, jaune, petit, gros, rond, long… Il y a bien un aspect marketing pour déterminer l'aspect visuel d'un médicament. Mais pas seulement. Un laboratoire a accepté de nous expliquer comment on rend un comprimé administrable pour les patients en commençant par sa taille : "la difficulté est d'arriver à faire un comprimé qui contient un gramme de médicament et qui soit aussi petit et arrondi que possible pour faciliter la déglutition sans eau. À l'aide de logiciels, on arrive à modéliser des formes qui vont garantir une faisabilité technique puisque derrière, il y a un aspect ingénierie qui doit nous permettre de comprimer des poudres pour arriver au médicament", explique Jean-Pierre Collaveri, directeur développement industriel de Sanofi.

Et c'est aussi lors de la compression du médicament que sa forme est déterminée. Et les laboratoires redoublent d'imagination. Leur but : faire en sorte que le patient distingue sans aucune difficulté le comprimé parmi d'autres dans le pilulier. 

Le comprimé passe ensuite dans une espèce de machine à laver où il est verni, ce qui lui donne son aspect lisse, puis coloré à la peinture à l'eau. Dans le langage pharmaceutique, on parle de pelliculage : "Une raison logique de choisir une couleur de pelliculage, c'est aussi par rapport à la couleur du principe actif lui-même (…) au delà du masquage de goût ou des facilités de déglutition, le pelliculage sert aussi à protéger le comprimé, et donc le principe actif, de la lumière, de l'oxydation ou de l'humidité", précise Jean-Pierre Collaveri.

Mais attention, la gamme de couleurs est limitée car dans ce domaine, il existe une réglementation : "la législation pharmaceutique internationale est devenue beaucoup plus restrictive que dans le domaine de l'alimentaire en interdisant des colorants qui ont pu être identifiés comme des colorants allergisants ou qui sont des colorants qui peuvent se dégrader avec le temps".

Mais le comprimé ne répond pas seulement à des contraintes pharmaceutiques, sa fabrication est aussi adaptée au pays où il sera commercialisé comme le confirme Jean-Pierre Collaveri, directeur développement industriel de Sanofi : "Nous sommes obligés de gérer des différences culturelles d'approche par rapport aux comprimés. Par exemple, au Japon, le patient n'acceptera pas d'avaler un comprimé qui fasse plus de 600 mg". En revanche, les Français peuvent avaler un comprimé d'un gramme et les Américains 1,5 gramme. Mais les différences culturelles ne s'arrêtent pas là. D'autres critères sont spécifiques à chaque pays.

Si les Américains ont une préférence pour les gélules, les Français feraient plus confiance aux comprimés. Autant de choix stratégiques pour un laboratoire, quand on sait aujourd'hui que certaines formes ou certaines couleurs peuvent à elles seules faire la renommée d'un médicament.