Au Royaume-Uni, des bactéries résistantes aux antibiotiques de "dernier recours"

Les autorités sanitaires britanniques ont annoncé avoir détecté, sur leur territoire, des populations de bactéries résistantes à la colistine, un antibiotique donné "en dernier recours". Cette annonce survient un mois après que des chercheurs chinois aient réalisé un constat similaire dans leur pays, éveillant l'inquiétude de nombreux experts de par le monde.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Au Royaume-Uni, des bactéries résistantes aux antibiotiques de "dernier recours"

Lorsque tous les autres antibiotiques échouent, les médecins se tournent vers les polymyxines (colistine et polymyxine), des antibiotiques d'une puissance redoutable. Suite à l'annonce en novembre de foyers de résistance à ces médicaments en Chine, liée à l'identification d'un gène conférant une résistance à la colistine, deux agences britanniques (Public Health England et la Animal and Plant Health Agency) ont lancé une campagne d'analyse de 24.000 échantillons bactériens recueillis et congelés entre 2012 et 2015, provenant de fermes et d'hôpitaux.

Comme les deux agences gouvernementales l’ont confirmé à Allodocteurs.fr, le gène de résistance récemment identifié a été trouvé dans un très petit nombre d'échantillons testés - quinze prélèvements alimentaires (porcs, poulets et dindes originaires de trois fermes distinctes) et humains sur 24.000. Parmi ces bactéries se trouvaient des salmonelles et les très communes Escherichia coli.

Le professeur Alan Johnson, chef du département Infections et Antibiorésistance de Public Health England, a précisé dans plusieurs médias britanniques que l'évaluation du risque pour la santé publique "est aujourd'hui jugé très faible".

Concernant l'alimentation, il insiste sur le fait que "les organismes identifiés peuvent être tués par [une cuission correcte], et que toutes les bactéries [identifiées comme porteuses de ce gène] ont été réceptives à d'autres antibiotiques, appelés carbapénèmes".

Le 17 décembre 2015, les autorités vétérinaires des Pays-Bas avaient annoncé une découverte similaire, le gène incriminé ayant été détecté dans des échantillons de salmonelles recueillies entre 2014 et 2015, issues de viande de poulet néerlandais et de "dinde d'importation".

Une situation sous haute surveillance

Lors d'une conférence sur l'antibiorésistance qui se tenait le 16 novembre 2015, à Genève, le Dr Margaret Chan, directrice générale de l'OMS, avait rappelé que cette résistance atteignait désormais "des niveaux dangereusement élevés dans toutes les parties du monde" et constituait "un immense danger pour la santé mondiale".

"Les super-bactéries hantent les hôpitaux et les unités de soins intensifs du monde entier", avait-elle ajouté, avant de souligner que ce fléau est lié à la surconsommation et à la mauvaise utilisation des antibiotiques.

Leur utilisation massive dans les élevages a été dénoncée à de nombreuses reprises ces dernières années, conduisant certains pays à prendre des mesures destinées à en restreindre l'usage. A noter, selon le ministère britannique de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales, que la colistine ne représente que 0,2% des antibiotiques utilisés dans les fermes du pays.