Ch@t : Bien utiliser les anti-inflammatoires

Ch@t du 1er avril 2014 de 15h à 16h : le Pr René-Marc Flipo, rhumatologue et le Pr Alain Astier, chef de pharmacie à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil, ont répondu à vos questions.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Ch@t : Bien utiliser les anti-inflammatoires

Les réponses du Pr Alain Astier, chef de pharmacie à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil

  • Ayant eu un oedème de Quincke il y a 20 ans suite à la prise d'ibuprofène, puis-je réenvisager d'en reprendre ?

Mieux vaut éviter. Prenez plutot du paracétamol.

Absolument pas.

  • Le Naproxène® est-il auto-toxique ? Donne t-il des problèmes d'oreilles bourdonnements, tintement ? Naprosyne 750 mg est-il toujours préscrit ?

Aucune donnée décrite sur une toxicité auditive du naproxène®. C'est l'AINS le mieux toléré.

  • En raison d'une sciatique chronique, je prends tous les matins un antalgique. J'essaie de ne pas prendre toujours le même pour ne pas m'intoxiquer. J'alterne périodiquement ibuprofène et paracétamol. Ai-je raison ?

C'est probablement la meilleure solution. Le paracétamol est toujours préférable. Il faut en prendre par 1 g mais sans dépasser 3 g/jours.

  • J'ai fais un avc ischémique en décembre 2012 je suis sous le traitement suivant : kardejic® (perindropil®), tahor®, inexium®, quels sont les antis inflamatoires qui me sont interdits ? Quels médicaments prendre en cas de douleurs ?

Mieux vaut éviter les anti-inflammatoires avec votre traitement sauf raisons majeures. En parler à votre médecin, pas d'automédication. Si douleur, paracétamol, paracétamol + codéine = pas de problème. Attention avec codéine risque de somnolence atention à la conduite autombile.

  • Est-ce que tous les AINS et anti-inflammatoires stéroïdien ont un générique fiable ? Même qualité ? Même dosage ? Même efficacité ?

Absolument aucun problème. Ce sont des molécules très utilisées, simples à fabriquer et la qualité des génériques est très bonne. Mais ne jamais acheter sur un site internet.

  • La prise prolongée de voltarène® en comprimé peut-elle être néfaste à l'estomac ou accentuer les brûlures d'estomac ?

De principe oui mais si vous n'avez pas d'antécédents d'ulcère gastrique et que vous les prenez avec un repas cela devrait aller.

  • Pourquoi distingue t-on les AINS et la cortisone comme 2 familles distinctes ? Elles sont toutes 2 anti-inflammatoires. Quelle est la vraie raison ?

Ce sont des modes d'action très différents, ils n'agissent pas du tout sur mes mêmes systèmes physiologiques.

  • En raison de problèmes sous cortisone® 10 mg, peut-on prendre de la naprosyne en association en cas de crise ? Quel médicament peut remplacer le di-antalvic® ?

La naprosyne est un excellent produit qui a le moins d'effets indésirables mais généralement attention quand on associe 2 anti-inflammatoires. Pas de remplaçant vrai du di-antalvic. Le plus proche c'est l'association paracétamol/codéine.

  • Si je prends un anti-inflammatoire par semaine suite à une hernie discale lombaire (du type diclofénac 75 MG ou 100 mg LP), est-ce dangereux au long cours pour le système rénal ?

Attention. Cela dépend de votre âge et de votre fonction rénale. Si on est âgé on a plus de risque. Remplacer le diclofénac® par le naproxène® et buvez beaucoup.

  • Est-il possible de prendre à la place de l'ibuprofène quand on est traité par Méthotrexate® ?

Du paracétamol, 3 x 1 g au maximum.

  • Pour éliminer les anti-inflammatoires, il faut manger équilibré et beaucoup boire. Quelle quantité ? Y a t-il des familles d'aliments favorisant la tolérance aux anti-inflammatoires ou des familles d'aliments à réduire ou à éviter ?

En général on doit boire au moins 1,5 l de liquide pas jour (eau de préférence). Plus en cas de forte chaleur ou de déshydratation. Prendre toujours les antiinflammatoires avec un repas. Favoriser les légumes, peu de charcuterie et pas d'abats.

  • Un anti-inflammatoire en gel est-il efficace ?

Très peu, surtout sur des inflammations articulaires. Par contre, souvent des intolérances local (rougeurs, irritations voire brûlures).

  • Lors de l'émission vous avez parlé de l'interaction entre Ibuprofène® et Méthotrexate®. J'associe les deux pour une polyarthrite rhumatoïde et ni mon généraliste ni mon rhumatologue ne m'ont prévenu de cette interaction. Que puis-je faire ?

Tout depend de la dose d'ibuprofène® et c'est surtout vrai avec des doses fortes de méthotrexate® en cancérologie, pas en rhumatologie ou les doses sont plus faibles. Les risques sont des troubles sanguins mais normalement vous devez avoir des bilans régulier. Si tout vas bien pas de problème. Donc pas de panique.

  • Je suis diabétique type 2, j'ai beaucoup d'arthrose et mon médecin ne veux pas me prescrire des anti-inflammatoires. Avant d'être diabétique, je prenais des anti-inflamatoires sans problème majeur (celebrex® notemment). Que puis-je prendre dans mon cas pour mes douleurs d'arthrose ?

Cela depend de ce que vous prenez comme médicament pour le diabète. Si ce sont des sulfamide type Daonil® il faut éviter +++ les anti-inflamatoires. Avec la metformine® c'est plus acceptable. Le paracétamol 3 x 1 g/j est ce qu'il y a de moins mauvais dans votre cas.

  • J'ai 45 ans à cause d'une coxarthrose, je suis amené à prendre parfois du diclofénac 75 pendant quelques jours. A partir de quelle dose (par exemple par mois) doit-on être particulièrement suivi médicalement ?

Mieux vaudrait utiliser du naproxène®. Cependant, pas de panique avec le voltarène® si vous n'avez pas de problème cardiaque, ni de traitement pouyr une hypertension ni un diabète de type II.

  • Par quoi peut-on remplacer le diclofenac ?

Le naproxène® (Apranax).

  • J'ai 60 ans, suite à hernie discale et à raison d'un anti-inflammatoire par semaine ou tous les 10 jours (diclofénac® 75 ou 100 mg LP) y a t-il danger pour le rein ?

Cette posologie me semble bizarre. Une dose par semaine ne me semble pas efficace. Essayez simplement le paracétamol.

  • ALD 14 + OLD 24/24, depuis 2 ans je suis un traitement quotidien avec bronchodilatateurs + 2.5 mg de prednisolone (pour un poids de 39 kgs) et 500 mg paracetamol matin et soir, est-ce que cela peut provoquer ces maux d'estomac que je ressens parfois en fin de nuit ? J'ai eu un ulcère gastroduodénal étant jeune, normalement guéri.

A priori cela ne me semble pas lié. Attention à ce que vous mangez le soir. Mangez léger.

  • La mésothérapie peut-elle être préférable à des AINS par voie orale ?

Je ne pense pas, la question est de savoir si vous avez besoin des anti-inflammatoires.

  • Quels anti-inflammatoires ou anti-douleurs ne peut-on pas associer avec de la cortisone ?

Eviter le diclofénac (Voltarène®)mais en général attention.


Les réponses du Pr René-Marc Flipo, rhumatologue

  • J'ai depuis 3 mois une tendinite diagnostiquée de péri articulaire par mon rhumato au niveau des hanches. Je suis HLA B27 depuis très longtemps sans manifestations. Cela peut-il être un déclenchement de la maladie, et si oui, n'être qu'une crise ou s'installer ou devenir + grave ? Je souffre la nuit par pression et le jour. Faut-il faire de la marche ? 1 semaine anti-inf/mois.

Les tendinites peuvent effectivement constituer un signe revelateur d'une spondylarthrite...une consultation spécialisée pourrait être envisagée...l'activité physique étant en règle recommandée dans toutes les affections rhumatologiques.

  • J'ai une PPR depuis aout 2011, j'ai été sous cartrex® 1 an 2/j, puis sous cortancyl® de 20 mg à 1 mg pendant 1 an, de nouveau sous cartrex®, à ma demande, quel est l'anti-inflammatoire le plus approprié et la maladie va t-elle s'éteindre comme me l'a dit mon rhumatologue ?

La PPR se soigne d'abord et avant tout par cortisone...mais le traitement peut être très long...il faut éviter en règle d'associer un AINS...et oui, presque toujours la maladie va s'éteindre...parfois après 12 à 18 mois de traitement en moyenne.

  • On a trouvé une spondylartrite ankylosante à mon fils de 24 ans. Pour soulager ses douleurs il prend de l'apranax® 1 matin et soir et depuis quelques temps il attrape des taches au niveau du visage genre eczéma. Est-ce qu'il y a un rapport avec la prise de médicaments ou est-ce autre chose ?

Les AINS peuvent être responsables de nombreux effets secondaires dermatologiques...ceci n'est pas toutefois très fréquent.Leur efficacité dans la spondylarthrite est importante et il s'agit des traitements dits de première intention.Un avis consultatif spécialisé est probablement souhaitable...

  • Je suis sous ixprim® depuis longtemps. Est-ce un anti-inflammatoire car c'est le seul qui m'aille bien pour mes douleurs et est-ce qu'il est dangereux pour la santé à long terme ?

NON...ce médicament est de la famille des anti douleur ou antalgiques...les risques sont différents de ceux des AINS...il faut surtout éviter de devenir "dépendant" sur le plan psychologique voire physique...

  • A t-on une chance de revoir un jour la butazolidine® ?

NON...il n'y avait plus que 3 pays au monde dont la France...ce traitement n'ayant jamais prouvé qu'il était plus efficace qu'un autre...avec une toxicité certes rare mais parfois très grave (accidents hématologiques...).

  • Je prends du mobic® + skenan® 60 lp depuis 17 ans pour une spondylartrite ankylosante. Est-ce nuisible pour mon estomac et mes reins ?

OUI : les AINS sont bien connus pour leurs risques digestifs et rénaux....ulcère de l'estomac...insuffisance rénale...MAIS, ces complications s'observent surtout chez les sujets dits à risque : très agés...déja fait un ulcère...peu hydraté...traitement diurétique associé...L'alternative actuelle est le recours aux biomédicaments anti TNF...ceci sera abordé avec votre rhumatologue !

  • Le paracétamol pris de façon quotidienne (même 1 ou 2 g ) pendant plusieurs années ne peut-il pas devenir toxique pour le foie ?

Tout à fait...à doses élevées le paracétamol peut être responsable d'hépatites médicamenteuses parfois très graves...à doses plus faibles il n'est pas rare de constater une élévation des paramètres biologiques hépatiques...

  • Je prends du plaquenil® depuis 22 ans pour un lupus peut-on l'arêter sans problème ?

OUI et NON : on peut arrêter ce médicament brutalement sans risque spécifique (sevrage...)...Mais il faut toujours tenir compte des risques de reprise évolutive de la maladie traitée et dans le cas présent sur les symptômes de la maladie. Un arrêt doit être discutté avec son médecin et le spécialiste ici impliqué dans le suivi de votre lupus...

  • 78 ans et diagnostiquée HLA B27 depuis fort longtemps. J'ai actuellement une tendinite niveau hanches depuis 3 mois. Est-ce que je risque de déclencher une spondylarthrite grave ? Ou est-ce que ça peut n'être qu'une crise ?

Non...l'activité physique est toujours recommandée chez les rhumatisants...et ne déclenche pas de poussée inflammatoire ( si elle est raisonnable!!!)...par ailleur la spondylarthrite est rarement active chez les sujets plus agés...par contre, les periarthrites de hanche sont fréquentes et l'activité physique peut réveiller ou augmenter les douleurs !

  • Je prends du kétoprofène® depuis 3 mois cela peut être dangereux ? Que pensez-vous de la fibromyalgie ?

Oui et Non...on peut chaque jour faire un ulcère de l'estomac sous AINS...la fibromyalgie est une pathologie complexe de cause très discuttée...prise en charge le plus souvent par les centres anti-douleur...Les AINS ne sont pas reconnus très efficaces dans la fibromyalgie...

  • J'ai une spondylartrite ankylosante avec atteintes vertébrales et périphériques et je prends du cartrex ®100 matin et soir depuis plus d'un an avec oméprazole® comme protecteur gastrique...Que puis-je faire en alternative ? J'ai dû cesser mon travail de podologue.

La seule véritable alternative aujourd'hui : le recours aux biomédicaments anti TNF...prescription spécialisée envisagée par un spécialiste hospitalier...

  • J'ai une spondylartrite ankylosante depuis 50 ans très bien soigné par la butazolidine®. Les anti TNF, le cebutid®, le celebrex® ont des effets secondaires indésirables. Y a t-il d'autres anti-inflammatoires sans effets secondaires ?

Je ne pense pas ( les effets secondaires des AINS sont en majorité des effets de "classe")...ou alors il faudrait s'adresser à certaines phytothérapies ou à l'homéopathie mais le niveau d'évaluation scientifique de ce type de traitements est très faible voire nul !

  • Je pratique le triathlon et depuis quelques semaines j'ai des crampes lors des compétitions je respecte pourtant bien les temps de repos, l'hydratation et l'alimentation, puis-je prendre des anti-inflammatoires en prévention si oui lesquels ?

Surtout pas !!!...les effets secondaires notamment sur l'estomac...sur les reins...seraient majorés par une activité physique intense !

  • Prenant des anti-inflammatoires depuis des années (spondylarthite déclarée) ceux-ci agissent-ils sur la salivation ?

Je ne sais pas...je ne pense pas...les AINS ne figurent pas dans la liste classique des médicaments qui donnent des syndrômes secs.

  • J'ai une hyperostose vertébrale ankylosante avec atteintes périphériques.

L'hyperostose n'est pas véritablement une maladie...ce sont surtout de "belles" images sur les radios...il n'y a pas de traitement spécifique de l'hyperostose...en général on soigne une arthrose vértébrale...

  • L'injection de viscosuplémentation est-elle préférable aux prises d'anti-inflammatoires réguilière (genou) ?

C'est une alternative possible effectivement...moins de risque...pour une efficacité au moins identique...mais, une à 3 piqûres dans le genoux !!!

 

En savoir plus

En effet bien qu'ils soient des médicaments reconnus, il est important d'être conscient des effets secondaires potentiels car à fortes doses et sur une longue période, ces médicaments très utiles augmentent les risques. Les effets secondaires peuvent être : des risques de saignement, des troubles de l'estomac ou des risques d'ulcères, des problèmes de reins, des troubles cardiaque ou d'AVC. Alors comment bien les utiliser ? Des spécialistes vous répondent lors de notre ch@t..

 

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