Aidants : des nouvelles solutions pour les soutenir

Souvent invisible socialement, un Français sur 6 a pourtant transformé sa vie pour devenir l'aidant d'un proche. Alors comment donner de la visibilité à ces personnes, comment les aider ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Les aidants familiaux auront bientôt le droit à des congés (image d'illustration)
Les aidants familiaux auront bientôt le droit à des congés (image d'illustration)

Aidant, aidante, nom commun d’une "personne qui vient en aide, de manière régulière et fréquente, à titre non professionnel, pour accomplir tout ou partie des actes ou des activités de la vie quotidienne", selon l’article 51 de la loi du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement. Alors vous êtes peut-être concerné(e), sans même le savoir !

Ils sont entre 8 et 11 millions en France à prendre soin d’un parent âgé, au chevet d’un conjoint malade, à s’occuper d’un enfant handicapé ou malade… parfois au détriment de leur propre santé, de leur vie professionnelle, et parfois de leur scolarité. Les aidants ont une double vie, entre travail et entraide et des journées qui n’en finissent plus. 

"Les aidants bénévoles qui prennent soin d’un de leurs proches sont le pilier invisible de notre société et de notre système de santé. Ils ont, à leur tour, besoin d'aide et demandent de pouvoir souffler, de prendre un week-end," confie Claudie Kulak, présidente de la Compagnie des Aidants.

Invisibles pendant des années, ils sont aujourd'hui de mieux en mieux reconnus par l’État. Le gouvernement vient en effet de dévoiler un plan pour proposer des "solutions de répit".

Besoin de temps pour eux

Prendre soin d’un proche ne laisse que très peu de temps pour soi, voire aucun. L'enquête internationale Embracing CarersTM a permis d'interroger 3 516 aidants bénévoles dans 7 pays (France, Allemagne, Italie, Espagne, Royaume Unis, États-Unis, Australie). Elle révèle que près de deux tiers (63%) des aidants bénévoles déclarent qu’il leur arrive fréquemment de ne pas avoir le temps de prendre rendez-vous chez le médecin pour eux-mêmes ou de s’y rendre. 

Aujourd'hui des initiatives permettent de soulager les aidants. Ainsi, la campagne Embracing CarersTM Time Counts a pour but d'améliorer la visibilité des aidants et de mobiliser la population générale autour de cette problématique. Le principe est simple : aider de manière très concrète avec ses propres moyens les aidants.

Comment s’impliquer dans l’appel à agir Time Counts

  • Demander à un aidant que nous connaissons comment notre temps peut l’aider au mieux dans son quotidien.
  • Rejoindre la campagne Time Counts sur www.embracingcarers.com et indiquer le temps qu’on a consacré à un aidant. Le site comptabilise chaque minute passée et en livre le total pour faire connaître les besoins des aidants.
  • Poster et partager sa propre expérience avec un aidant car on ne soupçonne pas à quel point même l’aide la plus infime est précieuse et rappeler que l’aide de chacun est bienvenue. Cette aide pourra parfois susciter des envies à certains de devenir aidant.

Quelques suggestions d'aide à apporter :

  • Prendre 5 minutes pour leur envoyer un e-mail ou un message et leur dire que nous pensons à eux et que nous sommes disponibles pour parler et pour aider en cas de besoin.
  • Prendre 15 minutes pour téléphoner et s’assurer que tout le monde va bien ou pour proposer d’aider à planifier un rendez-vous.
  • Offrir 30 minutes à un aidant pour lui donner le temps de répondre aux messages et aux appels qu’il a reçus.
  • Prendre 1 heure pour rendre visite à un aidant ou lui préparer son repas.
  • Prendre 2 heures pour faire ses courses et lui permettre ainsi d’aller se promener ou d’aller faire du sport.
  • Prendre une demie journée pour donner à un aidant le temps de vaquer à ses occupations ou de ranger la maison.
  • Prendre une journée et la lui offrir pour lui permettre de rattraper du sommeil en retard, de prendre du répit ou de se remettre d’aplomb.

Pour Claudie Kulak : "les aidants passent beaucoup de temps à privilégier la santé de ceux dont ils prennent soin et ne prennent pas le temps de prendre soin d’eux-mêmes. Nous saluons le lancement de Embracing CarersTM en France car nous devons tous œuvrer conjointement pour faire progresser l’accès aux ressources et au final, améliorer la vie des aidants en France et dans le monde".

Les aidants bénévoles ne se sentent pas soutenus par leur employeur

Ce manque de soutien affecte directement leur santé et leur bien-être. Le rôle d’aidant a un impact sur la santé physique, mais également mentale, puisque plus d’un quart (26%) des personnes interrogées estime éprouver le besoin de bénéficier d’un soutien ou d’une prise en charge d’ordre médical en lien avec leur santé mentale, altérée par leur activité d’aidant bénévole (dépression, anxiété, stress).

L'enquête Embracing CarersTM révèle que bien que 70% des aidants bénévoles aient bénéficié d’informations et/ou d’un soutien pratique de la part, notamment, de leur médecin généraliste au cours des 12 derniers mois, il existe une différence selon qu’ils se trouvent en zone urbaine ou rurale : plus d’un quart (26%) d’entre eux, n’ont, en zone rurale, bénéficié de rien, contre 18% en zone urbaine. Près d’un tiers (31%) des aidants bénévoles résidant dans une zone rurale n’hésite pas à dire qu’ils ne se sentent pas soutenus par leur système de santé.

L’enquête révèle également qu’en France :

  • 63% des aidant bénévoles admettent être fatigués la plupart du temps.
  • Plus de la moitié (52%) d’entre eux ont pris ou perdu du poids du fait de leur activité d’aidant.
  • Presque deux tiers (64%) déclarent ne plus avoir le temps de faire du sport depuis qu’ils sont devenus aidants bénévoles.
  • Aimeraient prendre un congé et être payés.

Dans l'état actuel de la loi, les aidants avaient le droit de prendre jusqu'à trois mois de congés pour prendre soin d'un proche, fractionnables (sauf éventuelle disposition plus favorable dans la convention collective) mais ce congé n'était pas rémunéré.
Ce congé spécifique sera bientôt indemnisé entre 43 et 52 euros net par jour (en fonction du statut, de célibataire ou de couple) à partir de 2020. 
Le gouvernement vient en effet de lancer une stratégie de mobilisation et de soutien en faveur des aidants, avec une série de propositions. Mais sur le terrain, les associations et les aidants restent mitigés.

"Même si les aidants ne sont plus invisibles, même s'ils ont un statut qui donne des droits aux personnes les plus fragilisées dans la vie, la route reste encore longue".

La Compagnie des Aidants compte rejoindre Embracing CarersTM, car "L'union fait la force. Nous sommes tous concernés par la situation des aidants, qui est un axe important d'évolution de notre société". "Il faut inventer de nouvelles formes de bénévolat, il faut créer de nouvelles formes de solidarité. Donner c'est recevoir, alors engagez-vous, c'est avant tout beaucoup de bonheur" conclut Claudie Kulak.