Première mondiale : auto-greffe d'ovaire réussie sur une jeune fille

Des équipes françaises annoncent pour la première fois au monde le succès d'une auto-greffe d'ovaire avant la puberté. Le prélèvement avait été réalisé avant un traitement très toxique pour les ovaires. Grâce à la greffe d'une partie des tissus congelés, la jeune fille a eu une puberté normale.

Géraldine Zamansky
Rédigé le , mis à jour le

"C'est le premier cas publié au monde", précise le Pr. Catherine Poirot, chef de l'unité d'assistance médicale à la procréation de l'hôpital La Pitié-Salpétrière à Paris qui a participé à la prise en charge de la jeune fille dont le traitement a été retracé dans la revue The Lancet. "C'est la première fois que l'on obtient une activité ovarienne normale avec un prélèvement réalisé avant la puberté." Et c'est une nouvelle formidable pour toutes les petites filles qui doivent subir des traitements stérilisants à cause d'un cancer, par exemple. On propose déjà à leurs parents depuis plusieurs années de "mettre à l'abri" un ovaire pour tenter de leur permettre d'avoir des enfants malgré tout. Mais jusque là, aucune équipe n'avait commencé à concrétiser cet espoir.

En deux mois, la puberté a commencé normalement

Andréa, la jeune patiente souffrait d'une forme grave de la drépanocytose, maladie génétique se traduisant par d'importantes anomalies sanguines. A dix ans, la greffe de moelle s'imposait et les traitements associés risquaient de la rendre stérile. "Nous lui avons donc prélevé un ovaire, explique le Pr. Poirot, et nous avons congelé, en plusieurs fragments, la partie qui contient les ovocytes c'est-à-dire le cortex périphérique."

Un peu moins de trois ans plus tard, guérie de sa drépanocytose, la jeune fille est revenue vers l'équipe. "Après tous ces traitements très lourds, elle n'en voulait pas un de plus pour provoquer sa puberté et nous a demandé d'utiliser un des fragments", raconte la spécialiste.

Elle avait 13 ans, et c'était le bon moment comme l'a confirmé son bilan hormonal : l'hypophyse, qui commande la puberté au niveau du cerveau, était prête en quelque sorte. "Trois fragments d'ovaires ont été positionnés dans une poche abdominale créée entre la peau et les muscles, au dessus du pubis", décrivent les auteurs de l'étude. "C'était sous anesthésie locale", se souvient le Pr. Poirot. "Je lui parlais pendant l'intervention, c'était très doux comme intervention." Et surtout, deux mois plus tard, les premiers signes de succès apparaissaient avec la naissance de sa poitrine, puis l'apparition de la pilosité… et enfin les menstruations au bout de 8 mois.

Restaurer la fertilité malgré des traitements lourds dans l'enfance

"Nous avons donc maintenant la preuve que ces tissus prélevés alors qu'ils étaient immatures peuvent très bien fonctionner !", conclut avec enthousiasme le médecin. Jusque là, cela n'avait été obtenu qu'avec des prélèvements réalisés après la puberté. "Et il nous reste plusieurs fragments pour l'aider plus tard à avoir des enfants."

D'ici là, Andréa aura besoin de traitements hormonaux car la greffe réalisée est en train de montrer des signes de faiblesses. "Nous sommes en train de chercher à mieux préciser les liens entre la durée du résultat et la quantité de tissu greffé ainsi que sa richesse en ovocytes", annonce le Pr. Poirot. Mais d'ores et déjà, "nous avons toutes les raisons de penser que les prélèvements d'ovaire effectués pour les petites filles avant un traitement gonadotoxique (destructeur pour les ovaires ndlr) pourront leur restaurer une fertilité."  

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