Fin de vie : qu'en pensent les religions&nbsp?

Le projet de loi créant de nouveaux droits en faveur des malades et personnes en fin de vie a été voté en première lecture à l'Assemblée nationale la semaine dernière. Mais des questions subsistent. Parmi elles, comment les croyants peuvent-ils être accompagnés dans leur foi lorsqu'ils sont confrontés à ces douloureuses questions ?  Une famille et des représentants des trois principales religions proposent quelques réponses.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

"On imagine que pour qu'une fin de vie soit apaisée, il faut aussi être en paix avec soi-même et donc avec sa spiritualité. Si on veut aider les patients à partir en paix, on doit aussi prendre en compte non seulement leurs souffrances physiques et psychologiques, mais aussi leurs éventuelles souffrances spirituelles", confie le Dr Laure Copel, de l'unité de soins palliatifs du groupe hospitalier Diaconesses – Croix Saint-Simon de Paris.

Pour éviter pareille souffrance, les équipes de soins palliatifs tentent d'être le plus possible à l'écoute de ce que dicte la foi de chaque patient, de chaque famille autour de la fin de vie.

Ne pas souffrir pour rien, c'est refuser l'acharnement thérapeutique. Un refus partagé par les autorités des principales religions. Pour Michaël Azoulay, rabbin, "il y a deux principes qui semblent se contredire : il y a le principe du caractère sacré de la vie, donc a priori on doit tout faire pour qu'une vie ne s'arrête pas, pour la prolonger et en même temps, face à ça, il y a le refus de l'acharnement thérapeutique".

Selon le Dr Dalil Boubakeur, recteur de l'institut musulman de la mosquée de Paris, "l'acharnement thérapeutique n'est plus le maintien d'une vie mais le maintien de quelque chose qui n'est plus la vie elle-même. L'acharnement thérapeutique n'a aucun sens".

Enfin pour Mgr Pierre d'Ornelas, archevêque de Rennes, "l'arrêt des traitements reste la question. Quels sont les critères pour pouvoir dire que ce traitement à partir d'un moment correspond à de l'obstination déraisonnable, à partir d'un moment cela relève de l'acharnement déraisonnable… c'est d'une complexité extraordinaire".  Difficile donc d'établir la frontière entre le soin justifié et le soin de trop.

Les trois religions s'accordent aussi sur le refus de l'euthanasie et la juste place de la sédation face à certaines souffrances. Exclure la souffrance est un des éléments majeurs des directives anticipées dont la force est accrue par la nouvelle proposition de loi. Et sur ce point, quelques nuances apparaissent.

Selon le Dr Dalil Boubakeur, "la religion musulmane, c'est la soumission. Et le malade se soumet à la volonté de Dieu". Pour Michaël Azoulay, "la vie ne nous appartient pas. Elle nous est confiée. On ne peut donc pas en disposer comme on le souhaite. Si la directive anticipée l'aide à donner la mort, concrètement cela poserait problème". Et peut-être davantage de libre arbitre dans la religion catholique : "évidemment nous sommes créés par Dieu, libres. C'est magnifique que ces directives anticipées soient rédigées librement, en toute conscience vis-à-vis de Dieu. Ce n'est pas du tout contraire à la foi. Nous ne sommes pas de marionnettes dans les mains de Dieu", explique Mgr Pierre d'Ornelas.

Avec des variations propres à chacune d'entre elles, ces religions proposent toutes à leurs croyants une assistance pour la rédaction de ces si sensibles directives anticipées.