Fin de vie : Alain Cocq lance un appel aux députés

Le militant pour la fin de vie "digne" Alain Cocq interpelle les députés sur la proposition de loi débattue le 8 avril qui autorise le suicide assisté. Cet homme atteint d’une maladie incurable demande depuis des mois à en bénéficier.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Alain Cocq en août 2020.
Alain Cocq en août 2020.

"Je veux que cesse l'agonie". C’est l’appel que lance Alain Cocq aux députés à la veille d’un débat à l’Assemblée nationale sur l’adoption d’une proposition de loi sur la fin de vie.

Perclus de douleurs du fait d'une maladie incurable diagnostiquée à l’âge de 23 ans, cet homme de 58 ans, militant de la fin de vie "digne", est en soins palliatifs depuis 35 ans. Quand il mentionne son "agonie", il évoque aussi celle des quelque "10.000 personnes en France" qui pourraient avoir recours à l'euthanasie mais qui en sont empêchés par "ces médecins" s'arrogeant le "droit de vie ou de mort".

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Suicide assisté plutôt que sédation

Car actuellement, la loi en vigueur dite Clayes-Leonetti adoptée en 2016 n’autorise "la sédation profonde et continue, pouvant aller jusqu'à la mort" que pour des personnes dont le pronostic vital est engagé "à court terme".

La proposition de loi qui doit être débattue le 8 avril à l'Assemblée nationale, prévoit, elle, qu'une personne atteinte d'une affection "grave et incurable" lui infligeant "une souffrance physique ou psychique jugée insupportable et qui ne peut être apaisée" puisse disposer du suicide assisté.

"Il faut être riche pour (...) une fin de vie digne"

Alain Cocq pourrait alors en bénéficier, ce qui n’est pas le cas avec la loi en vigueur. Il avait déjà demandé en août 2020 au président Emmanuel Macron d'autoriser le corps médical à lui prescrire du pentobarbital, un barbiturique puissant qui lui aurait permis de "partir en paix".

Face au refus du président, il a tenté à deux reprises de se laisser mourir, en faisant la grève des soins et de la faim, mais il a dû renoncer face à des douleurs qu’il qualifie d’insoutenables. De guerre lasse, Alain Cocq a accepté l'offre d'une association - dont il tait le nom - prête à financer les "8 à 10.000 euros" que coûte un suicide assisté en Suisse.

"Mon dossier est validé et j'attends qu'on me convoque", dit-il, ne cachant pas son écœurement de constater qu'il "faut être riche pour avoir le droit d'avoir une fin de vie digne, dans le pays des droits de l'Homme".

Un premier texte retoqué au Sénat

La question de la fin de vie avait déjà été discutée au Sénat le 11 mars dernier dans une proposition qui visait à "établir le droit à mourir dans la dignité". Mais ce texte avait été retiré de l’ordre du jour. La nouvelle proposition en discussion le 8 avril à l’Assemblée vise quant à elle à "donner le droit à une fin de vie libre et choisie".

Mais le ministre de la Santé Olivier Véran avait jugé le 11 mars que "le moment choisi pour modifier le régime juridique de la fin de vie" n’était "pas le moment opportun", puisque "nous sommes (…) en plein combat face à la crise sanitaire" du covid.

Mais Alain Cocq demande aux députés de ne pas oublier "qu'ils sont là pour appliquer la volonté rémanente de la population", et que les sondages donnant une majorité de Français favorable au suicide assisté sont "nombreux". Le dernier en date, une enquête Ipsos d'avril 2019, évalue en effet à 96% la part d'opinions favorables.