Affaire Vincent Lambert : Rachel, son épouse, sera sa tutrice

Le 10 mars, le juge des tutelles de Reims a confié à Rachel Lambert la tutelle de son mari, Vincent Lambert, en état végétatif depuis 2008. Le 11 mars, les parents de Vincent Lambert ont fait appel de cette décision.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image : Rachel Lambert invitée dans "Le magazine de la santé", le 29 septembre 2014 - Vidéo : entretien avec le Dr Bernard Devalois, chef de l'unité des soins palliatifs à l'hôpital de Pontoise
Image : Rachel Lambert invitée dans "Le magazine de la santé", le 29 septembre 2014 - Vidéo : entretien avec le Dr Bernard Devalois, chef de l'unité des soins palliatifs à l'hôpital de Pontoise

Vincent Lambert est hospitalisé en état végétatif au CHU de Reims depuis un accident de la route en 2008. Sa famille se déchire depuis lors quant à la poursuite des traitements qui le maintiennent en vie.

La nomination d'une tutelle avait été demandée par l’équipe soignante, assortie de "mesures de protection globale", suite à un coup de théâtre : le refus, en juillet 2015, du nouveau médecin en charge de Vincent Lambert de statuer sur sa fin de vie, en raison "de pressions extérieures nuisant à la sérénité", notamment des menaces d'enlèvement. "L'hôpital manque de courage et fuit ses responsabilités", avait alors dénoncé François Lambert, neveu de Vincent, par la voix de son avocat. 

Ce 10 mars 2016, le juge des tutelles de Reims a désigné Rachel Lambert comme tuteur de son mari pendant dix ans. Ce dernier aura comme "subrogé-tuteur", une sorte de tuteur suppléant, l'UDAF (Union départementale des associations familiales) de la Marne. La décision de mettre fin aux traitements de Vincent Lambert appartient cependant toujours à l'équipe médicale du CHU de Reims.

Une "bonne nouvelle" selon le neveu de Vincent Lambert

Le magistrat rémois a motivé la désignation d'une tutelle par "l'état de santé" de Vincent Lambert, dont "l'altération" des "facultés personnelles n'apparait manifestement pas susceptible de connaître une amélioration selon les données acquises de la science", dans un jugement que l'AFP a pu consulter.

François Lambert, neveu de Vincent, convaincu que son oncle ne souhaitait pas subir d'acharnement thérapeutique, a salué ce jugement comme "une bonne nouvelle". "C'est un signe qu'aucune amélioration de l'état de santé de Vincent n'est possible, et que ce ne sont pas les parents qui choisiront son lieu de vie", a-t-il expliqué à l'AFP. 

"Cette décision restaure la place de l'épouse. C'est une façon de la mettre à l'abri, notamment de pressions extérieures, sans avoir de comptes à rendre aux parents de Vincent", corrobore maître Gérard Chemla, l'avocat de François Lambert.

Rachel Lambert considérait que son mari n'avait "pas besoin d'un tuteur". Mais que, si un tuteur devait être désignée, elle était "évidemment légitime". "Sinon que resterait-il de notre mariage ?"

Les parents de Vincent Lambert font appel de la décision

Les parents de Vincent Lambert, qui militent pour le maintien des soins thérapeutiques de leur fils, considéraient que l'état de santé de leur fils avait "évolué" positivement, et qu'il n'avait "rien à faire au CHU de Reims qui n'a qu'un projet de mort pour lui". Aussi espéraient-ils que la désignation d'un tuteur extérieur à la famille ouvre la possibilité d'un transfert vers un autre établissement.

"Nous sommes dans un conflit familial intense où Rachel fait partie des procédures, elle n'est pas neutre bien qu'elle occupe une place légitime d'épouse", a déclaré leur avocat, Jean Paillot, à l'AFP. "Désormais, c'est la seule à représenter son mari notamment à l'hôpital, elle est à la fois juge et partie. Imaginons qu'elle décide un transfert de Vincent en Belgique et demande une euthanasie... Nous étions d'accord pour la nomination d'un tuteur, mais pas pour que ce soit Rachel".

Le 11 mars, ses clients ont fait appel de la décision de justice.