Se soigner pour moins cher : négocier le tarif des soins ?

À l'heure actuelle, éthiquement parlant, le débat me choque : être malade et devoir négocier comme pour acheter des légumes au marché…

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Les réponses avec le Dr Gilles Lazimi, médecin généraliste, et avec Mathieu Escot, responsable des études UFC Que Choisir :

"Il y a une vraie inégalité : faut-il oser ou pas négocier, ou plutôt discuter un tarif avec un médecin. On se rend compte que dès lors qu'on est dans cette logique de devoir individuellement discuter du tarif, si on ose, si on y arrive, si le médecin laisse cette possibilité… on sort d'une logique d'égalité devant le système de santé. Certes ce n'est pas une inégalité sociale ou géographique, il s'agit d'un autre type d'inégalité, mais ça pose des questions d'en être arrivé à un système où on est obligé de devoir négocier dans certains cas avec son médecin."

"On a une Sécurité sociale qui est une invention exceptionnelle. Elle a été créée sur un principe de solidarité. Les bien portants vont payer pour les personnes malades. Les personnes riches pourront payer pour les personnes qui ont moins de revenus. Cela est essentiel et ça permet à tout le monde d'être soigné et d'avoir des soins de qualité. Cela est inscrit dans le préambule de la Constitution de 1946. Et aujourd'hui, on constate que c'est un peu dévoyé avec des honoraires parfois exorbitants et avec de nombreuses personnes en dessous du seuil de pauvreté. Grâce à un système avec des prises en charge de Sécurité sociale, de la CMU, la CMU complémentaire… on peut être soigné correctement. Il faut qu'on ait suffisamment de médecins pour accueillir correctement ces patients. On a une frange de la population au dessus des seuils qui est en difficulté et dans ce cas, il faut les aider.

"Un médecin même en honoraires libres doit les pratiquer avec tact et mesure et il doit s'enquérir de la condition sociale du patient. Certains patients ne disent rien et il est difficile de dire qu'on n'a pas. Mais il faut que le médecin s'enquiert du niveau social du patient, de sa compréhension, de sa capacité à comprendre l'ordonnance… cela est très important car sinon on met sur le carreau encore plus de personnes et c'est la double peine pour ces patients."