Budget de la Sécu 2018 : les pistes pour faire des économies

Un rapport de 200 pages sur le budget de la Sécurité sociale pour 2018 doit être rendu public ce jeudi 6 juillet 2017. L'Assurance maladie y présente ses pistes d'économies pour l'année à venir. Et pour 2018, de grosses économies sont annoncées.

Maroussia Renard
Rédigé le
Chronique de Maroussia Renard du 3 juillet 2017
Chronique de Maroussia Renard du 3 juillet 2017

La feuille de route pour 2018 est ambitieuse. L'Assurance maladie prévoit d'économiser 1,94 milliard d'euros, soit 500 millions d'euros de plus que l'année dernière. Et la plus grosse réduction des dépenses (740 millions d'euros) est attendue sur les médicaments, avec notamment un grand classique : promouvoir les génériques car la France est toujours à la traîne. Seuls 15% des médicaments remboursés sont des génériques contre 37% en Allemagne et 33% en Grande-Bretagne.

L'Assurance maladie mise sur la chirurgie ambulatoire

Pour réduire les dépenses, l'Assurance maladie mise aussi sur l'hospitalisation et plus particulièrement sur la chirurgie ambulatoire : opéré le matin, rentré chez soi le soir. Dans ce domaine, la France est aussi en retard par rapport à ses voisins. Pour inciter les hôpitaux, la Sécu compte sur l'argument financier. Désormais, si un hôpital décide de vous garder plusieurs nuits pour une opération qui peut se faire dans la journée, il ne touchera pas plus d'argent de la part de la Sécu que si l'intervention était réalisée en ambulatoire. Cet argument est donc plutôt incitatif.

La Sécu veut aussi limiter les durées de séjour à la maternité. Pour cela, elle va renforcer un dispositif mis en place il y a quelques années (le PRADO) qui permet à la maman de rentrer chez elle avec son bébé dans les 72 heures après son accouchement, tout en étant suivie par une sage-femme. Grâce à ce dispositif, la Sécu pense pouvoir éviter 47.000 journées d'hospitalisation en 2018 pour une économie estimée à 24 millions d'euros.

Les transports sanitaires dans le viseur de la Sécu

Dans le viseur de la Sécu, il y a encore et toujours les transports sanitaires. Ces dépenses augmentent plus vite que toutes les autres, elles sont loin d'être justifiées. Par exemple, de nombreux patients sont transportés en ambulance alors que ce transport est destiné aux patients allongés ou qui nécessitent une surveillance médicale permanente. Or, un trajet en ambulance coûte presque trois fois plus cher qu'en VSL. Pour limiter les abus, la Sécu va responsabiliser les prescripteurs et réduire les enveloppes budgétaires allouées aux hôpitaux pour les transports.

La chirurgie au forfait en expérimentation

La Sécu propose aussi d'expérimenter une nouveauté pour 2018 : la chirurgie au forfait. Il s'agit d'un mode de financement particulier qui, dans un premier temps, s'appliquera aux poses de prothèses de hanche, une opération qui donne souvent lieu à des complications très coûteuses. L'idée de la chirurgie au forfait, c'est que la Sécu paie un forfait global pour toute la prise en charge, de la consultation pré-opératoire à l'hospitalisation en passant par la kiné.

La Sécurité sociale est prête à payer un peu plus cher l'opération et les soins initiaux pour encourager de meilleures pratiques et éviter la ré-hospitalisation des patients. Avec ce forfait, si le patient retourne à l'hôpital, cela ne pourra plus donner lieu à une rémunération par la Sécu. Ce système sera testé dans trois ou quatre régions.

Il s'agit de quelques pistes dont le ministère de la Santé devrait largement s'inspirer pour établir son projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui sera voté à l'automne.