Tiers payant généralisé : les médecins rechignent

Avancer les frais de santé lors d'une visite chez le médecin ou à la pharmacie… bientôt, ce sera fini. Depuis le 1er janvier 2017, c'est même déjà un droit pour les femmes enceintes et les personnes souffrant d'ALD, les affections longue durée. Un premier pas qui amorce la généralisation du tiers payant, prévue par la loi de santé 2016 de Marisol Touraine. Mais le dispositif, censé faciliter l'accès aux soins, continue de faire polémique au sein du corps médical.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

23 euros. C'est le prix d'une consultation chez le généraliste. 70% de cette somme est prise en charge par la Sécurité sociale. Lorsqu'un patient bénéficie du tiers payant, il n'a pas à l'avancer. Il doit toutefois s'acquitter du reste à charge : 6,90 euros, qu'il pourra éventuellement se faire rembourser par sa mutuelle.

Le Dr Maddy Denantes, généraliste à Paris, est engagée depuis plusieurs années dans la pratique du tiers payant. "Un tiers payant fluide, systématique et systématiquement payé par la Sécu, je pense que mes confrères seront d'accord pour l'appliquer. C'est aussi un avantage pour nous. Nous n'aurons plus à gérer la trésorerie, les billets dans le tiroir, les chèques à amener à la banque... C'est aussi simple pour nous d'être réglés directement".

Mais tous ses confrères ne partagent pas son avis. Certains syndicats, comme la CSMF, refusent l'ensemble du dispositif. D'autres, comme MG France, s'opposent à l'extension du tiers payant à la part mutuelle. "Faire un tiers payant sur la partie complémentaire, ça veut dire faire deux factures. Une pour le régime obligatoire, une pour le régime complémentaire. Et il y a plus de 500 régimes complémentaires. Les contrats sont très différents et certaines personnes changent très régulièrement de complémentaire", précise Gilles Urbejtel, trésorier de MG France.

L'Assurance-maladie, elle, se veut rassurante et affirme tout mettre en oeuvre pour rembourser rapidement les médecins. "Le délai moyen est autour de trois à quatre jours auprès des professionnels de santé. On s'engage, si on dépasse sept ou huit jours de délai, à payer des pénalités", rassure Mathilde Lignot-Leloup, directrice déléguée de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie.

Mais les syndicats restent sur leur garde. Ils scruteront avec attention la mise en place du tiers payant pour la partie Sécurité sociale, obligatoire pour tous les patients dès novembre prochain.