Chirurgie de l'obésité : des échecs liés à un mauvais suivi ?

Plus de 47.000 patients obèses bénéficient chaque année d'une chirurgie, mais faute d'un accompagnement adapté, le risque de reprise de poids à moyen ou long terme est élevé. Un collectif d'associations et de spécialistes d'obésité a présenté ce mardi 10 mai 2016 un livre blanc pour améliorer le suivi après une chirurgie bariatrique.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Quand la chirurgie de l'obésité échoue
Quand la chirurgie de l'obésité échoue

Le Collectif national des associations d'obèses et des professionnels de santé propose la création de maisons d'obésité labellisées, le lancement d'une enquête nationale sur les pratiques en matière de suivi ou encore la généralisation d'infirmiers coordinateurs. Objectif : améliorer le suivi des patients alors que de plus en plus d'études pointent des reprises de poids à long terme.

Plus de 47.000 patients subissent chaque année une chirurgie bariatrique qui consiste à réduire la taille de l'estomac ou à restreindre l'absorption des aliments. La perte de poids est immédiate.

L'opération intervient après échec de tous les régimes et lorsque la vie du patient est en jeu en raison des facteurs de risque associés à l'obésité comme le diabète ou l'hypertension artérielle

"L'obésité n'est pas un manque de volonté de maigrir. C'est une véritable maladie chronique, à vie. Et la chirurgie bariatrique est le seul traitement efficace", a martelé le Dr Renaud Chiche lors d'une conférence de presse.

"Dans certains cas, outre la perte de poids, on constate un mois après l'opération la disparition du diabète", a-t-il ajouté.

À long terme, l'opération ne donne pas tous les résultats escomptés. Un patient sur deux sort du parcours de suivi. La plupart sont perdus de vue au bout de deux ans en moyenne "induisant un risque majeur de reprise de poids".

L'estomac est élastique. Augmenter petit à petit sa ration alimentaire quotidienne fait regrossir l'estomac. Dans d'autres cas, c'est le grignotage qui est en cause. "Si vous mangez en petites quantités mais que ces petites quantités sont des cacahuètes, cela ne va pas vous faire maigrir", a expliqué le médecin. 

Le suivi nutritionnel, médical et même psychique doit être à vie, a insisté Anne-Sophie Joly, présidente du collectif des Associations d'obèses, qui a fait notamment état de carences potentielles de vitamines pouvant conduire à des atteintes neurologiques graves.

Parmi treize propositions, la création de "maisons de l'obésité" est la plus emblématique. Ces maisons doivent être pensées comme des lieux "relaxants et conviviaux" pour un suivi individualisé, a expliqué Faredj Cherikh, psychiatre au CHU de Nice.