Hôpitaux publics recherchent anesthésistes désespérément

Crise démographique, manque d’effectifs, dégradation des conditions de travail… Près de 30% des postes d'anesthésistes réanimateurs seraient vacants dans les hôpitaux publics. Pourtant, sans eux, aucune intervention chirurgicale n'est possible. Gérer cette pénurie est donc un défi quotidien pour les équipes médicales.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

À l'hôpital de la Timone à Marseille, dix postes sur quarante sont vacants dans le service d'anesthésie-réanimation. Une pénurie qui oblige les équipes à ajuster en permanence le programme des blocs opératoires. Le Pr Nicolas Bruder, chef du service, explique : "On essaie de se débrouiller pour maintenir l'activité, ce n'est pas toujours simple. Et puis aussi, on ne fait pas toute l'activité qu'on pourrait faire. Actuellement, sur l'ensemble des salles d'opérations, entre quatre et cinq sont fermées en permanence".

Problème : dans ce service, 30% des interventions sont des urgences vitales. Il est donc impossible de les anticiper ou de les reprogrammer. À Marseille, l'équipe est donc en permanence à flux tendu, la charge de travail importante. 

Des conditions de travail plus attractives dans le privé

À ces difficultés de recrutement s'ajoute le départ de plusieurs médecins vers le privé. Dans certaines cliniques, les anesthésistes gagnent jusqu'à 12.000 euros net par mois, soit quatre fois plus que dans le public. Le Pr Bruder ajoute : "Il y a aussi la lourdeur des gardes. Même si on aime notre métier, être de garde à Noël ou un dimanche sur trois, ce n'est tout de même pas agréable".

Certains médecins choisissent tout de même de rester dans le public. C'est le cas du Dr Thomas Levy : "L'activité dans le public est très intéressante de part la diversité des patients qu'on a à prendre en charge tous les jours et la diversité de l'activité. On a la possibilité de tourner sur plusieurs blocs différents et d'exercer notre activité de diverses manières".

Ici, l'activité du médecin anesthésiste ne s'arrête pas au bloc opératoire. Juste après, la phase du réveil est sensible, surtout pour les patients les plus fragiles. Le Dr Michèle Loubat explique : "On peut avoir des problèmes respiratoires, des problèmes cardiaques… Les patients doivent sortir sans douleur avec des constantes qui sont bonnes. Ils ne sortent que si tous ces critères sont réunis. C'est notre responsabilité, aucune dérogation". Ici, à cause des sous-effectifs, des patients parfaitement stabilisés doivent parfois attendre longtemps que leur anesthésiste puisse venir autoriser le départ vers leur chambre. Mais selon le bilan national de l'évaluation des hôpitaux en 2016, la pénurie d'anesthésistes dans certains établissements conduit à des sorties de salle de réveil sans aucun avis médical.

Des primes pour attirer les jeunes médecins à l'hôpital public

Pour tenter d'attirer des jeunes praticiens dans les hôpitaux publics, le ministère de la Santé vient de décider de leur accorder des primes allant de 10.000 à 30.000 euros. Pour les toucher, les jeunes diplômés s'engagent à passer le concours de praticien hospitalier et à rester, une fois titularisé, au moins trois ans en poste.