Handicap : Céline Boussié jugée pour avoir dénoncé des maltraitances sur des enfants

En 2015, elle avait alerté sur des violences menées dans l'institut médico-éducatif dans lequel elle travaillait. Elle a comparu mardi pour diffamation à Toulouse.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
 Céline Boussié au centre lors d'une manifestation. Photo ©Comité de soutien à Céline Boussié
Céline Boussié au centre lors d'une manifestation. Photo ©Comité de soutien à Céline Boussié

La lanceuse d'alerte a comparu mardi 19 septembre pour diffamation devant le tribunal correctionnel de Toulouse. Présidente de l'association Handi'Gnez-vous et ancienne salariée de l'IME, elle a été jugée pour des propos tenus sur Europe-1 et LCI en février et mars 2015. La présentatrice d'Europe-1, Wendy Bouchard, est également visée dans la procédure.  

Auparavant, un autre lanceur d'alerte, Didier Borgeaud, condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir dénoncé, dès 1997, des dysfonctionnements dans cet établissement, a comparu lui aux côtés d'une journaliste du quotidien Le Monde. Le centre avait déposé une plainte après la parution dans le quotidien d'une enquête dans laquelle témoignaient trois lanceurs d'alertes de trois époques sur cet IME. Cet article faisait suite au placement de l'IME par la ministre déléguée aux personnes handicapées d'alors, Mme Marie-Arlette Carlotti, sous l'autorité d'un administrateur provisoire.  

"vilipendée sur la place publique"

Le jugement a été mis en délibéré au 21 novembre 2016. Les avocats de la défense ont demandé la relaxe de leurs clients. Devant la présidente, Céline Boussié, larmes aux yeux, a raconté l'horreur que vivaient selon elle les enfants dans cet IME en 2013. Le 19 janvier 2014, un reportage signé Nicolas Bourgouin, pour Zone Interdite sur M6  - dont 9 minutes tournées en caméra cachée, ont été diffusées à l'audience - avait montré les enfants attachés, les lits trop petits, les enfants enfermés... 
"Trait pour trait, c'est ce que je voyais", a commenté Mme Boussié, avant d'affirmer qu'elle avait aussi vécu pire : "l'enfermement d'une jeune fille pendant 10 jours", "des coups portés aux enfants", "une clef au bras" à un "petit pour qu'il ouvre la bouche". "Je ne vous apprends pas votre métier mais si je ne dénonce pas c'est 3 ans de prison et 45.000 euros d'amende", a-t-elle poursuivi, se demandant "comment il est possible de vouloir protéger les enfants et se retrouver vilipendée sur la place publique" comme elle l'a été. 

Un rapport de l'ARS accablant en 2013

Dans un rapport fin 2013, l'Agence régionale de santé (ARS) avait constaté de "graves dysfonctionnements" dans les conditions d'installation et de fonctionnement de cet IME pour enfants atteints de lourds handicaps et dénoncé des "violences institutionnelles".  L'ARS avait aussi déploré que les dysfonctionnements relevés dans des précédents rapports n'aient pas été corrigés. 

Avant l'audience, une centaine de personnes soutenant Mme Boussié a allumé des bougies devant le tribunal pour les 80 enfants de l'IME de Mousseron, a constaté un journaliste de l'AFP.