Peut-on être allergique à l'alcool ?

Rougissement, fièvre, gonflement... Certaines personnes développent de violentes réactions physiques dès lors qu'elles consomment de l'alcool. Est-ce une allergie ou une intolérance ? Comment l'expliquer ? On vous répond.

Rym Ben Ameur
Rédigé le
Qu'est-ce que "l'asian flush" ?
Qu'est-ce que "l'asian flush" ?  —  Le Mag de la Santé - France 5

"Je suis d’origine asiatique et je suis allergique à l’alcool. J'ai de la fièvre à 42 degrés, les yeux sont gonflés et le visage rouge écarlate, comment s’appelle cette allergie ?" C'est la question que se pose Dominique.

En France, c’est assez peu connu mais aux États-Unis, où le phénomène est mieux connu, on appelle cette réaction à l’alcool l'"Asian flush", ou "Asian glow ", qu’on peut traduire par "syndrome du rougissement asiatique" parce qu’elle touche essentiellement les personnes d’origine asiatique.

Une intolérance génétique

En réalité, le syndrome du rougissement asiatique n’est pas une allergie mais plus une intolérance. En temps normal, lorsqu'une personne consomme de l'alcool, l’éthanol qu'il contient est dégradé grâce à deux enzymes : l'alcool déshydrogénase (ADH) et l’aldéhyde déshydrogénase (ALDH2). Et c’est justement cette dernière, l’ALDH2 qui peut être déficiente dans les cas de l'"Asian flush". 

Conséquence : l’alcool a beaucoup plus de mal à être éliminé par le corps et cela provoque les symptômes décrits par Dominique. Ce n’est donc pas une allergie mais un problème génétique qui touche essentiellement les personnes d’origines asiatiques. Selon les différentes données scientifique, cela pourrait concerner de 36 à 45% de la population asiatiques. Et selon le Dr Philippe Batel, addictologue, 4% de la population française serait concernée, donc ce n’est pas si rare.

Et ce déficit peut parfois concerner des personnes caucasiennes ou d’autres origines, même si c’est beaucoup moins fréquent. Donc le terme de "rougissement asiatique" n’est pas totalement exact.

Un risque accru de cancer et de maladie du foie

D’après Dr Philippe Batel, voici les symptômes les plus fréquents :
- une sensation de chaleur intense 
- des rougeurs de la peau sur tout le haut du corps, surtout au niveau du visage
- une sensation de mal-être  
- des réactions cardiaques 
- des nausées.   

Et sur le long terme, plusieurs études japonaises auraient démontré que les personnes concernées ont six à 10 fois plus de risques de souffrir d'un cancer de l’oesophage en cas de consommation d’alcool et cela augmente aussi les risques de maladie du foie.

Aucun traitement à ce jour

Malheureusement pour les personnes qui sont gênées par ce phénomène, il n’existe pas de traitement à ce jour. Et certains médicaments ou compléments alimentaires vantés comme une solution notamment aux États-Unis, ne sont pas jugés efficaces. 

De même, il ne faut pas prendre d’antihistaminiques ou autre traitement contre l’allergie, cela ne servirait à rien. Inutile non plus de se ruer sur les produits cosmétiques anti-rougeurs car cela ne ferait que "cacher" le problème, sans avoir d'effet sur les autres symptômes.

Bien manger, boire de l'eau, connaître sa limite...

Si l’intolérance n’est pas totale et que les symptômes restent modérés, suivez ces conseils :
- boire un verre très lentement 
- boire de l’eau en même temps
- bien manger pendant que l’on boit
- connaître sa dose maximale car elle varie en fonction des personnes
- ne pas boire du tout d'alcool.

Et que l’on soit concernés ou non par ces symptômes, les recommandations de Santé publique France en terme de consommation d'alcool sont de ne pas dépasser deux verres pas jour, et pas tous les jours.