Baisse des contrats aidés : la goutte de trop pour les Ehpad

Déjà frappés par une nouvelle restriction budgétaire, une de plus, les Ehpad vont devoir faire face à la réduction de l’enveloppe des contrats aidés. Les différents syndicats et associations espèrent que le gouvernement se montrera bienveillant pour un secteur déjà en crise.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Environ 12.500 personnes étaient employées en contrats aidés dans des Ehpad en 2016.
Environ 12.500 personnes étaient employées en contrats aidés dans des Ehpad en 2016.  —  Fotolia : ME

Noyé à cause des réductions budgétaires, le personnel des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) craint que la baisse programmée des contrats aidés lui maintienne la tête sous l’eau. Le gouvernement d’Edouard Philippe souhaite diviser par deux en deux ans l’enveloppe destinée à ces contrats financés en grande partie par l’Etat.

De 459.000 en 2016, tous secteurs confondus, le nombre de contrats aidés signés ou renouvelés passera à 310.000 en 2017, et le Premier ministre a laissé entendre que le chiffre descendrait sous les 200.000 en 2018.

Selon la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), un contrat de travail est considéré comme "aidé" quand l’employeur bénéficie d’aides (subventions, exonérations de cotisations sociales, aides à la formation), qu’il concerne des personnes "rencontrant des difficultés particulières d’accès à l’emploi", soit des jeunes peu diplômés ou des chômeurs de longue durée proches de la retraite, et que les pouvoirs publics décident du volume de ces contrats.

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Ils concernent donc des postes peu qualifiés, mais très utiles dans certains secteurs. Comme le rapportait Libération le 28 août, les écoles risquent de pâtir des réductions à venir. Les élèves handicapés seront eux également touchés, puisque 45.000 des contrats aidés de 2016 concernaient des auxiliaires de vie scolaire selon l’Unapei.

"Accumulation de mauvaises nouvelles"

Dans le secteur de la santé, la Fédération hospitalière de France (FHF) avance le chiffre de 25.000 personnes employées grâce à ces contrats aidés. Dont "la moitié" dans les Ehpad. "Ce sont des gens qui s’occupent de l’accueil, des espaces verts, de l’animation ou qui aident dans les cuisines, énumère Frédéric Valletoux, président de la FHF. Toutes ces fonctions sont utiles aux résidents." Le gouvernement annonce lui que le "secteur sanitaire et social" fait partie des "priorités", sans plus de précision.

La baisse des contrats aidés dégraderait mécaniquement la qualité d’accueil des Ehpad. Un secteur où les exemples de la crise des effectifs ont parsemé l’été, à Foucherans ou à Paimboeuf pour les plus criants. Résidents maltraités, aides-soignantes en burn-out et familles mécontentes forment un triptyque de plus en plus courant dans ces établissements.

La faute, plus qu’à une diminution du nombre de contrats aidés, à la contraction des budgets prévue par le précédent gouvernement. La réforme sur la tarification des maisons de retraite va en effet entraîner une baisse de 200 millions d’euros des dotations annuelles dont bénéficient les établissement publics. "Les effectifs sont déjà très tendus", regrette Frédéric Valletoux, pour qui les mesures sur les contrats aidés font partie d’une "accumulation de mauvaises nouvelles".

Un moyen efficace de compenser le manque de personnel

Pour les Ehpad, les contrats aidés ne sont pas la panacée. Mais leur suppression, même partielle, sans solution de substitution ne ferait qu’aggraver la situation. Il n’y aurait en revanche pas de problème, ou moins, si des emplois étaient créés "pour remplacer les contrats aidés", raisonne Pascal Champvert, président de l'association des directeurs au services des personnes âgées (AD-PA). En attendant une telle politique, les contrats aidés fournissaient aux Ehpad un moyen de compenser efficacement leur manque de personnel non soignant.

"On va demander au gouvernement de montrer de la bienveillance sur les emplois aidés dans le secteur médico-social", explique Frédéric Valletoux, qui sera reçu fin septembre par le ministère de la Santé. Même si sa priorité sera d’obtenir le "gel de la délétère réforme du financement". Deux exigences qui permettraient de "desserrer la contrainte financière" qui pèse sur les Ehpad.

Le manque de moyens consacrés au bien-être des personnes âgées n’est donc pas près d’être comblé. L’accompagnement des seniors dépendants est pourtant un "secteur d’avenir", pour Pascal Champvert. Au-delà des contrats aidés, dont "les effets sur l’insertion professionnelle sont mitigés" selon la Dares, de nombreux emplois stables pourraient être créés pour s’occuper des personnes âgées. "Il y aura de plus en plus de personnes âgées", affirme le directeur de l’AD-PA, qui souhaite qu’une "politique globale" soit engagée sur le sujet.