La tristesse décolore notre perception du monde

Quand on ne voit pas la vie en rose, on la voit vraiment en gris... La tristesse rendrait les couleurs plus ternes, mais uniquement le bleu et le jaune, selon une étude américaine publiée fin août 2015.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Les participants tristes percevaient moins bien le jaune et le bleu (Image d'illustration)
Les participants tristes percevaient moins bien le jaune et le bleu (Image d'illustration)

L'expression "avoir un coup de blues" prend tout son sens. Lorsqu'on est triste, les couleurs de la vie nous paraitraient plus fades, selon une petite étude menée sur près de 130 personnes et publiée le 25 août 2015 dans la revue Psychological Science.

Pour provoquer un état de tristesse chez les participants, les chercheurs ont utilisé une méthode originale, tout droit sortie de l'univers Disney. La moitié des personnes ont été invitées à visionner une scène du Roi Lion : celle de la mort de Mufasa. Deux minutes donc à observer le jeune Simba se blottir contre son père agonisant… La seconde moitié devait visionner une scène comique, de stand-up.

Une fois l'état d'esprit des participants bien installé, les chercheurs leur ont présenté une gamme d'une dizaine de patchs colorés, gradués selon leur intensité. Résultats : les participants tristes distinguaient moins finement les contrastes des couleurs. Cependant, et à la surprise des chercheurs, ce changement de perception n'affectait que le jaune et le bleu. Rouge et vert restaient inchangés.

Une couleur pour une humeur ?

Cette modulation de vision en fonction de l'humeur pourrait s'expliquer par la dégradation d'un neurotransmetteur, la dopamine. Selon de précédentes études citées par les chercheurs, la dopamine serait impliquée spécialement dans la distinction de "l'axe bleu-jaune". Cette hypothèse reste crédible quand on sait que certains neurones de la rétine (les cellules amacrines) sécrètent de la dopamine. Naturellement, celles-ci utilisent la dopamine pour moduler les contrastes, dans des zones trop éclairées par exemple(1). Une baisse de dopamine, généralement associée à un état dépressif, pourrait ainsi induire la chute des contrastes dans le champ visuel. Néanmoins, comme le précise l'étude, ces travaux préliminaires devront être confirmés par des recherches plus solides.

Rouge pour la colère, noir pour la tristesse, jaune pour la joie, bleu pour la peur… La culture populaire a depuis longtemps pris l'habitude d'associer une émotion à une couleur. Ces métaphores pourraient, sans le savoir, avoir un fondement scientifique !

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(1) Source : La rétine, Dr Jean-François Vibert, 2006.

Source principale : Sadness Impairs Color Perception. S. Thorstenson et al. Psychological Science, 2015. doi: 10.1177/0956797615597672