Troubles bipolaires : pourquoi l'entourage est-il exclu de la prise en charge ?

Pourquoi les psychiatres n'incluent-ils pas toujours l'entourage proche dans le traitement des troubles bipolaires ? Cela me paraît essentiel. On parle souvent des bipolaires mais jamais de leurs conjoints, pourquoi ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Les réponses avec le Dr Guillaume Fond, psychiatre :

"L'accès des familles au psychiatre est une grande question. Des confrères et consoeurs pensent que leur relation se limite au patient, adulte, majeur… et il y a des situations où dans la phase aiguë, on ne se rend pas compte de la maladie qu'on a et du coup, on n'est pas le meilleur juge de sa propre maladie à ce moment-là. C'est ce qui fait la différence entre la psychiatrie et les autres spécialités médicales. Quand la personne a sa rationalité qui est altérée par la maladie, à certains moments on ne peut pas prendre les bonnes décisions. Je recommande alors dans ce cas d'inclure l'entourage. Mais il faut avoir les moyens, le temps de le faire et cela est compliqué car les CMP (centres médico-psychologiques) ont de moins en moins de temps pour recevoir les proches. Mais on peut aussi se tourner vers les associations. Des psychiatres vont aussi animer des groupes de parole.

"Aujourd'hui, les patients s'emparent du traitement et font des choses en dehors du corps médical. Par exemple, un groupe animé par un psychiatre pourrait être un groupe d'éducation aux médicaments, aux effets secondaires… Et les groupes de pairs sont aussi très importants pour avoir une parole libérée, pour partager les expériences entre patients…

"Concernant les conjoints de personnes atteintes de troubles bipolaires, il y a énormément de souffrance car les conjoints se sentent incompris. Ils ont du mal à expliquer ce qui est en train d'arriver. Et souvent le conjoint pense que c'est la relation de couple qui est en jeu, que quelque chose ne va pas dans le couple. Or, la personne souffre de troubles bipolaires donc il y a des périodes d'irritabilité, d'agressivité, des prises de risque, des comportements qu'il ne comprend pas… Il pense qu'il s'agit d'une crise de couple alors qu'en fait pas du tout."