Cancer du rein : une technique chirurgicale innovante

Au CHU d'Angers, une technique chirurgicale innovante a permis d'enlever une tumeur du rein sans endommager l'organe. Grâce à une salle d'opération hybride et à sa très haute qualité d'imagerie, radiologue et chirurgien peuvent intervenir à tour de rôle.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Dans le rein afflue une importante quantité de sang, ce qui rend l'opération délicate. Habituellement, l'intervention consiste à clamper l'artère rénale. Le rein n'est plus irrigué ce qui limite l'hémorragie. Problème, l'interruption de la circulation sanguine peut parfois endommager le rein.

Pour répondre à ces contraintes, l'équipe du CHU d'Angers a mis en place une nouvelle solution thérapeutique qui se déroule en deux temps. "L'idée de cette intervention est dans un premier temps d'aller boucher de façon très sélective les vaisseaux qui vont vers la tumeur. C'est le rôle du radiologue interventionnel", précise le Dr Pierre Bigot, chirurgien urologue.

Le radiologue interventionnel introduit pour cela un guide dans l'artère fémorale et réalise une cartographie précise du réseau artériel du rein. Elle lui permettra de cibler les vaisseaux qui alimentent la tumeur. Le radiologue introduit un micro-cathéter qui lui permet d'accéder à la tumeur. Il utilise ensuite une colle synthétique pour boucher définitivement l'artère : c'est l'embolisation. La tumeur est ainsi dévascularisée.

C'est alors au tour du chirurgien d'intervenir. La salle de radiologie se transforme en bloc opératoire. Pour avoir accès au rein, le patient est repositionné sur le côté. Le chirurgien peut alors débuter l'opération. En tout, le chirurgien fait quatre petites incisions qui permettent d'insérer les instruments dans l'abdomen du patient. Une fois la tumeur atteinte, le chirurgien retire la tumeur en conservant complètement le rein. L'ablation de la tumeur laisse un trou que le chirurgien bouche avec une sorte de colle biologique. Puis il referme la zone opérée. La tumeur est ensuite envoyée au laboratoire pour analyses.

"Cette technique permet d'enlever la tumeur et pratiquement de guérir le patient car le taux de récidive est très faible. À peu près 98% des patients ne vont pas récidiver à cinq ans. Les patients n'ont donc pas de chimiothérapie, ni de radiothérapie", souligne le Dr Bigot. Si tout va bien, le patient peut sortir de l'hôpital 48 heures après l'intervention.