Huit décès : épidémie de grippe record à La Réunion

La grippe a atteint des niveaux très élevés sur l'île de La Réunion, où huit personnes sont mortes du virus depuis la fin du mois d'août.

Maud Le Rest
Rédigé le , mis à jour le
"La grippe n'avait jamais autant touché les jeunes à La Réunion", selon le Dr François Chièze.
"La grippe n'avait jamais autant touché les jeunes à La Réunion", selon le Dr François Chièze.

"Cette épidémie de grippe va bien au-delà des chiffres habituels", alerte le Dr François Chièze, directeur du département "Veille et Sécurité Sanitaire" de l’Agence régionale de Santé Océan Indien (ARS). Depuis son démarrage en août, 44 patients ont été hospitalisés en réanimation. Et huit sont décédés au cours du seul mois de septembre. Avec des profils très atypiques : "Trois d’entre eux avaient entre 49 et 64 ans," précise le Dr Chièze. 

"On est bien au-delà des chiffres habituels"

Il décrit aussi une proportion inversée des types de virus impliqués : cette année, le type B a supplanté le type A, et il est très présent chez les personnes passées par le service de réanimation. Un service qui continue à accueillir un nombre inquiétant de patients infectés par la grippe. "L'un d'entre eux avait seulement 21 ans", indique le Dr Chièze. 

C'est l'autre grande surprise de cette épidémie :  "La grippe n'avait jamais autant touché les jeunes à La Réunion", poursuit le directeur de la veille sanitaire de l'ARS. "Le taux de contamination est en effet vraiment inédit chez les adolescents".

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Il souligne aussi le décalage dans le temps de l'épidémie, qui commence d'habitude en juin, le début de l'hiver à La Réunion. Devant ce retard, les autorités sanitaires ont d'ailleurs décalé la fin de la vaccination du 29 août au 30 septembre. 

Une vaccination trop rare pour le Dr Chièze, qui regrette le climat de défiance actuel : elle concerne seulement 35% des personnes à risque, et un nombre extrêmement faible de soignants, "malgré de nombreuses relances". 

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Devant le nombre persistant de cas graves, les autorités sanitaires de l'île insistent donc sur l'importance des autres mesures de prévention. Pour éviter de transmettre le virus, il faut se laver régulièrement les mains avec du savon ou une solution hydro-alcoolique, se couvrir la bouche quand on tousse ou éternue, et se moucher dans des mouchoirs à usage unique. Avec une vigilance accrue au contact de personnes à risque : les personnes âgées, les nourrissons, les jeunes enfants, les femmes enceintes et les personnes atteintes de maladies chroniques.

Bonne nouvelle cependant, il semblerait que l’épidémie perde en intensité sur l'île. Au moment de son pic, 10% des consultations rapportées par le réseau de médecins Sentinelles étaient consacrées à la grippe. Depuis le 9 octobre, elles ne représentent plus que à 8,2%, d'après Santé Publique France.

En France métropolitaine, la semaine du 16 au 22 octobre, seules vingt consultations pour 100.000 habitants ont été constatées par le réseau Sentinelles. Par ailleurs, un nombre minime de consultations de SOS Médecins et de passages aux urgences avaient pour motif un syndrome grippal (1%).