Un homme décède après avoir avalé une limace infectée par un parasite

Après être tombé dans le coma et plusieurs paralysies, un Australien est mort, au début de l'automne, des conséquences d'une infection par un parasite présent dans une limace qu'il avait avalée.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Une limace (image d'illustration). cc-by-sa John Hill
Une limace (image d'illustration). cc-by-sa John Hill
Angiostrongylus cantonensis (échelle : 1 mm) doi:10.3201/eid0803.010316
Angiostrongylus cantonensis (échelle : 1 mm) doi:10.3201/eid0803.010316

Nous sommes en 2010. Sam Ballard, un Australien de 19 ans, fait la fête avec des amis dans un jardin, et se saisit d’une limace gluante. Est-il capable de l’avaler ? Bien sûr, Sam le boute-en-train est près à relever tous les paris.

Deux à trois semaines plus tard, Sam Ballard se met brutalement à souffrir d’un violent mal de crâne. Sa nuque est raide, sa vue se dédouble… Alors qu’il est hospitalisé, il tombe brutalement dans le coma, dans lequel il restera environ un an et demi.

Le diagnostic est très rapidement posé : Sam Ballard a contracté une angiostrongylose. La limace qu’il a avalé était porteuse des larves d’un ver parasite, l’Angiostrongylus cantonensis, habituellement présente chez les rats. Chez le rongeur, les larves ingérées migrent dans les méninges pour poursuivre leur développement (voir plus bas). Chez l’homme, cette migration a également lieu, mais les larves ne se trouvent pas dans les conditions optimales pour survivre, et migrer vers les artères.

Une évolution généralement favorable...

L’infection humaine engendre fréquemment une méningite encéphalite (inflammation des méninges et du cerveau) que l'on sait généralement traiter. Toutefois, dans certains cas, l’inflammation se poursuit, et engendre des complications graves.

Dans le cas de Sam Ballard, les structures nerveuses touchées ont engendré une paralysie permanente des membres, et de paralysies partielles du système respiratoire. Huit années durant, l’homme resta paraplégique.

Sorti en février 2017 de l’unité de soins intensifs dans laquelle il était hospitalisé depuis le début de son coma, il est décédé au début de l’automne des conséquences des différentes paralysies dont il souffrait.

Plusieurs travaux de recherche suggèrent que les infections à A. cantonensis seraient une des causes majeures de méningite encéphalite dans plusieurs pays d’Asie. Ces dernières années, des cas d’infection ont été recensés dans de nombreuses régions du monde, allant de l’Europe  aux États-Unis en passant par des îles de l’océan Indien (dont Mayotte). La France de même que l’Espagne, ont enregistré des cas d’infection.

Les parasitologues invitent les consommateurs de gastéropodes à toujours bien cuire ces animaux avant de les ingérer.

Le cycle de vie d’Angiostrongylus cantonensis

Le ver parasite adulte vit dans les artères pulmonaires des rats, où il pond ses œufs. Une fois les œufs éclos, les larves migrent vers la bouche de l’animal, où elles sont avalées, avant de finir dans ses déjections. Ces larves sont ensuite ingérées par les limaces ou les escargots, où elles passent par plusieurs stades de développement, jusqu’à pouvoir survivre dans l’organisme des rats qui consommeront les gastéropodes (ou des animaux qui les auraient consommés). Dans l’organisme des mammifères, ces larves migrent vers les méninges et poursuivent leur développement avant de migrer vers les artères pulmonaires.

la rédaction d'Allodocteurs.fr

Sources : L. Ramirez-Avila, "Eosinophilic Meningitis due to Angiostrongylus and Gnathostoma Species" Emerging Infections, 2009. vol. 48, pp. 322-327.