Lait contaminé : Lactalis aurait négligé plusieurs alertes

Selon des informations du Canard enchaîné, avant le scandale, l’entreprise aurait été informée du décès d’un bébé qui aurait bu son lait et de plusieurs salmonelloses chez des nouveau-nés mais ne se serait pas réellement penchée sur ces cas...

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Image d'illustration.
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Lactalis savait-elle que plusieurs lots de son lait étaient contaminés par des bactéries très dangereuses pour les nourrissons ? C’est l’hypothèse qu’émet Le Canard enchaîné dans son édition du 9 janvier. Le journal en veut pour preuve une enquête de la répression des fraudes (DGCCRF) à laquelle il a eu accès. L’enquête mentionnerait en effet le décès en avril 2017 – soit huit mois avant l’affaire – d’un nourrisson de six semaines ayant consommé du lait Lactalis. Le même document ferait état de plusieurs nouveau-nés ayant contracté une salmonellose. L’entreprise aurait été alertée, mais n’aurait pas fait suffisamment d’analyses de ses produits.

Les différents points de l’affaire

Selon Le Canard enchaîné, en avril 2017, donc, un nourrisson meurt après avoir consommé du lait Lactalis. Dans les mois qui suivent, plusieurs bébés ayant eux aussi consommé du lait de cette marque sont contaminés par la salmonelle, et une alerte est lancée en décembre. La mère de l’enfant décédé demande alors à Lactalis d’analyser le lait infantile qui lui reste. D’après le journal à ce moment-là, le groupe aurait déjà détecté dans les lots concernés la présence de cronobacters, des bactéries particulièrement dangereuses. Toutefois, il n’aurait pas fait le maximum en matière d’analyse.

Entre juillet et septembre 2017 par ailleurs, toujours selon Le Canard enchaîné, "à quatre reprises, […] des parents auraient prévenu l’entreprise que leurs nouveau-nés avaient déclaré une salmonellose après consommation du lait infantile" sans que Lactalis n’en tienne compte. Le rapport de la DGCCRF indiquerait même que l’une de ces réclamations "aurait dû faire l’objet d’une attention particulière, puisque l’usine [avait] pris connaissance quelques jours auparavant de la détection de salmonelles" dans les locaux de production.

Lactalis conteste

Pour le moment, en raison du secret de l’instrution, la DGCCRF refuse de s’exprimer sur le sujet. De son côté, Lactalis "conteste avec la plus grande fermeté ces graves accusations et insinuations". Le groupe affirme que les informations du Canard sont "erronées" et calomnieuses, et qu’elles "portent gravement atteinte au principe de la présomption d’innocence". Lactalis envisage de porter plainte.

Les salmonelles peuvent entraîner une salmonellose, une intoxication alimentaire. Celle-ci provoque le plus souvent une gastroentérite bénigne, mais elle peut aussi être à l’origine d’infections plus graves, notamment chez les enfants en bas âge, les sujets immunodéprimés et les personnes âgées.