Le métro, un nid à microbes ?

Qui n'a jamais été répugné à l'idée de toucher la barre poisseuse du métro ? Pourtant aucune raison d'en avoir peur, car les bactéries qui s'y trouvent ne représentent que peu de risques pour la santé, selon une étude qui s'est intéressée à la composition bactérienne du métro new-yorkais.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Les taux de particules fines de l'air du métro dépassent largement les recommandations de l'OMS
Les taux de particules fines de l'air du métro dépassent largement les recommandations de l'OMS

Les joies du métro : sa foule énervée, ses bruits, son odeur et surtout ses milliards de bactéries en libre circulation. Pourtant, celles-ci ne représenteraient que peu de danger pour la santé, selon une étude américaine du Weill Cornell Medical College, publiée dans Cells le 5 février. Pendant 17 mois, chercheurs, étudiants et bénévoles, ont passé au crible tous les recoins du métro new-yorkais, où circulent quotidiennement plus de 5 millions de citadins. Barres, tourniquets, bancs, sièges ou portes ont été passés à la loupe, à la recherche de bactéries ou de virus.

Sur les 637 organismes différents recueillis, la majorité était totalement inoffensive, "et une grande partie est naturellement présente sur la peau ou dans le tractus gastro-intestinal," explique le Dr Mason, un des auteurs de l'étude. Dans 57% des échantillons d'ADN collectés, les chercheurs ont identifié des organismes non pathogènes ; 31% présentaient de faibles risques de maladies, mais exclusivement pour les personnes au système immunitaire affaibli.

Peu de risques pour la santé

Néanmoins, 12% des prélèvements contenaient des bactéries et des virus potentiellement à l'origine de maladies. Bien souvent d'ailleurs, ces bactéries étaient résistantes aux antibiotiques (dans 27% des cas)… Quelques fragments génétiques d'anthrax et de peste bubonique ont même été découverts dans les méandres du métro new-yorkais. Mais ces organismes n'étaient plus vivants. Néanmoins, cette étude ne se penche que sur l'ADN des organismes échantillonnés, elle exclut donc d'office tous les virus à ARN (sans ADN). Pourtant ces virus sont souvent responsables des maladies, comme la grippe saisonnière ou même Ebola.

Pour les chercheurs donc, aucune inquiétude à avoir : "malgré le fait que nous ayons trouvé des bactéries pathogènes, leur présence n'est pas suffisante pour affecter la santé humaine", précise le Dr Mason. "La présence de ces microbes et le fait qu'aucun cas médical n'ait jamais été rapporté est vraiment une preuve de l'efficacité de notre système immunitaire et de notre capacité innée à nous adapter à notre environnement", ajoute-il.

La moitié des bactéries inconnues

Plus étonnant encore : 48,3% des bactéries séquencées étaient totalement inconnues par les chercheurs ! Alors qu'elles sont quotidiennement à portée de main, ces bactéries n'ont jamais été identifiées et classées par la communauté scientifique, signe que la biodiversité est partout. Selon les chercheurs, ces bactéries inconnues, donc potentiellement dangereuses, pourraient au contraire protéger notre santé. "Elles peuvent même être utiles, car ils peuvent l'emporter sur les bactéries dangereuses" spécule Mason, rappelant que l'être humain accueille 10 fois plus de bactéries que de cellules humaines.

A long terme, le but de ces chercheurs est d'établir une cartographie microbienne de la ville de New York, quartier par quartier. "Des tests plus larges sont nécessaires pour déterminer ce qu'il en est dans les autres villes" précise Mason. En attendant, inutile d'éviter le métro ou de porter des gants, sauf en cas de plaies ouvertes. Malgré tout, cela n'empêche pas de se laver fréquemment les mains, pour éviter une contamination par le virus de la grippe ou de la gastroentérite

Source : Geospatial Resolution of Human and Bacterial Diversity with City-Scale Metagenomics. C. Mason et al. Cells System, février 2015. doi : 10.1016/j.cels.2015.01.001 

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