Coronavirus : quelles sont les maladies cardio-vasculaires à risque ?

Hypertension, insuffisance cardiaque, malformation cardiaque ou encore transplantation cardiaque : la Fédération française de cardiologie a fait un point sur les risques des différentes affections cardiovasculaires.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
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Coronavirus : quelles sont les maladies cardio-vasculaires à risque ?

Le Haut Comité de Santé publique a communiqué la liste des personnes à risque de développer une forme grave de Covid-19. Les patients aux antécédents cardiovasculaires en font partie, plus particulièrement ceux qui souffrent d'une hypertension, et ceux ayant eu un accident vasculaire cérébral, un infarctus, une coronaropathie (atteinte des artères coronaires qui irriguent le cœur), ou encore une chirurgie cardiaque. Sont comprises dans cette liste les patients diabétiques qui présentent une atteinte des vaisseaux, une complication habituelle du diabète ou les personnes âgées de plus de 70 ans.

"Les gens qui ont une hypertension artérielle sont plus à risque car ils décompensent plus souvent (NDLR : se dégradent plus souvent) et ils résistent moins à une charge virale élevée", estime le Dr Guez, cardiologue. Ce qui est responsable d'une forme sévère, c'est l'hypertension non contrôlée, autrement dit avec un chiffre systolique, le premier chiffre, supérieur à 140, après 10 mn de repos."  

Une polémique sur certains antihypertenseurs

Une communication publiée dans le Lancet le 11 mars a alerté les cardiologues et encore plus les patients, du fait d'un écho médiatique important. Elle mettait en garde sur certains traitements prescrits dans certaines affections cardiovasculaires, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (médicaments se terminant par -pril) et les antagonistes de l'angiotensine II (médicaments se terminant par -sartan). D'après la communication, ces traitements augmenteraient le risque de souffrir d'une forme grave de Covid-19.

Une affirmation controversée, que réfute la Société Européenne d'hypertension, la ESH. Elle a publié le 12 et le 19 mars un communiqué estimant que cette théorie basée sur ce qui s'était passé en Chine n'était pas validé scientifiquement ou cliniquement : "Les données actuelles sur l'infection par le Covid-19 ne poussent pas à un usage différent des médicaments inhibiteurs, chez les patients stables, infectées par le virus ou à risque". Ce que confirme le Dr Guez : "Il faut surtout continuer à prendre les traitements prescrits ! C'est une étude controversée qu'il ne faut pas croire..."

Et les autres affections cardiovasculaires ?

En cas de malformations cardiaques réparées, il n'y a pas de sur-risque.

"Attention aux insuffisants cardiaques, le cœur est très lié aux poumons donc cela augmente leur risque", met en garde le Dr Guez. Les personnes ayant eu une transplantation sont également à risque comme ils prennent des immunosuppresseurs, qui abaissent les défenses immunitaires, et des corticoïdes, et ils ont souvent un diabète associé, autre facteur de risque." I

Il est donc particulièrement recommandé à ces personnes de continuer à prendre les traitements de fond, de respecter les mesures barrières et de limiter au maximum les déplacements et les rencontres.  "Ils doivent rester chez eux quand c'est possible, insiste le cardiologue. Les proches doivent faire des courses, ou aller à la pharmacie."

Attention à l'aspirine

Les patients ayant une angine de poitrine, un antécédent d'AVC, d'infarctus, de stent ou de pontage, prennent une dose inférieure ou égale à 100 mg d'aspirine au long cours, traitement qui doit être continué. En revanche, de fortes doses d'aspirine à 500 ou 1000 mg, avec un effet anti-inflammatoire, doivent être arrêtées suite à une publication estimant que les anti-inflammatoires augmentent le risque de souffrir d'une forme grave. "Il y a un petit doute avec l'aspirine, ce n'est pas sûr, estime le Dr Guez. Mais dans le doute, on recommande de prendre à la place de fortes doses d'aspirine, du paracétamol."

Dans tous les cas, le respect des gestes barrières et du confinement est impératif.

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