Le choléra sévit en Centrafrique... et bientôt dans l'hémisphère nord ?

Une épidémie de choléra touche actuellement la Centrafrique. D'après des chercheurs américains, les changements climatiques que connaît la planète pourraient amener la maladie à migrer vers le nord.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Le choléra fait encore près de 100.000 morts par an.
Le choléra fait encore près de 100.000 morts par an.  —   Crédit photo : Ezume Images - Fotolia.com

Une épidémie de choléra a lieu en Centrafrique, pays déjà ravagé par trois années de conflit intercommunautaire, a annoncé mercredi la ministre de la Santé, Fernande Ndjengbot.

Une "épidémie de choléra" dans la commune de Ndjoukou, localité située à une centaine de kilomètres au nord-est de Bangui, et frontalière de la République démocratique du Congo (RDC), a fait "au moins une dizaine de morts", a précisé la ministre. Au total, 19 cas ont été enregistrés dans la région depuis le début du mois d'août, dont un à Bangui, où il a été diagnostiqué par l'Institut Pasteur.

La ministre a assuré que toutes les dispositions avaient été prises pour endiguer l'épidémie et a invité la population à respecter "les mesures d’hygiène de base". Une épidémie de choléra avait déjà frappé la Centrafrique fin 2011, faisant au moins une vingtaine de morts dans la région de Bangui.

Une montée en puissance du choléra ?

Associé dans nos esprit aux pays du Sud, le choléra pourrait-il devenir d’actualité dans nos contrées ? Pas impossible. Des microbiologistes américains ont constaté que le réchauffement des eaux océaniques, lié aux changements climatiques, pouvait conduire à la multiplication de la bactérie Vibrio, responsable, entre autres, du choléra. Leur étude a été publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences.

Partie intégrante de la flore naturelle de l'eau de mer, Vibrio a tendance à s'épanouir dans les eaux chaudes du globe. Mais cela est en train de changer. En étudiant des échantillons de plancton recueillis pendant un demi-siècle (1958-2011), les scientifiques ont évalué l'abondance de la bactérie dans neuf zones de l'Atlantique nord et la mer du Nord. Ils ont remarqué une augmentation de la présence de Vibrio dans ces mers "froides" favorisée par l’augmentation de la température dans l'hémisphère nord et celle des eaux de surface de la mer.

Selon Rita Colwell, microbiologiste à l'Université du Maryland à Baltimore et auteure de l'étude, le principal danger est de voir le choléra toucher des zones qui n'étaient plus à risque d'infections. L'Europe du Nord est la région la plus à risque, en raison du réchauffement extrêmement rapide de la mer Baltique. "Il y a plus de bactéries Vibrio dans ces eaux, dit-elle. Non pas parce qu’elles n’étaient pas là avant, mais parce que l'eau était trop froide pour qu’elles prolifèrent." Vibrio répond très rapidement à l'élévation de température.

Ces bouleversements ont déjà des conséquences concrètes. "Ces augmentations bactériennes sont associées à des cas sans précédent d'infections à Vibrio chez les populations humaines de l'Europe du Nord et de la côte atlantique des États-Unis au cours des dernières années", écrivent les auteurs.

D’après Rita Colwell, les données satellitaires de température de surface pourraient aider à prédire où les foyers de bactérie Vibrio pourraient se développer.

Le choléra est une maladie diarrhéique épidémique, strictement humaine. Le vibrion cholérique est une bactérie très mobile, aux exigences nutritionnelles modestes, dont l’homme, mais également l’environnement, sont le réservoir. La maladie résulte de l’absorption par la bouche d’eau ou d’aliments contaminés.

L'incubation - de quelques heures à quelques jours - est suivie de violentes diarrhées et de vomissements, sans fièvre. En l'absence de traitement, la mort survient en 1 à 3 jours, par défaillance cardio-vasculaire dans 25 à 50% des cas.

Le traitement consiste essentiellement à compenser les pertes digestives d'eau et d'électrolytes. La réhydratation est assurée par voie orale ou par voie intraveineuse, selon le degré de déshydratation. L'amélioration est perceptible au bout de quelques heures et la guérison, sans séquelle, est obtenue en quelques jours.

L'antibiothérapie peut être utile dans les cas graves, mais l’émergence de souches de vibrions cholériques multirésistantes aux antibiotiques en limite l'indication.