Le laser, un traitement de la sécheresse vaginale ?

La sécheresse vaginale touche de nombreuses femmes. Loin d'être anecdotique, elle perturbe le confort intime, les rapports sexuels ou même la qualité de vie du couple. Depuis 2013, sa prise en charge s'enrichit du laser, validé aux Etats-Unis.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
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Le laser, un traitement de la sécheresse vaginale ?
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Le laser se présente sous la forme d'un tube de 2 cm, que l'on place au fond du vagin. Il est retiré progressivement, centimètre par centimètre au fur et à mesure que ses ondes font effet sur les parois vaginales. Selon le Dr Michel Mouly, gynécologue-obstétricien oncologue, ce laser réalise une micro-abrasion de la couche superficielle des cellules, qui est déshydratée chez les femmes souffrant de sécheresse vaginale. Les cellules sous-jacentes mieux hydratées les remplacent alors. La muqueuse du vagin est stimulée, elle produit davantage de collagène, d'acide hyaluronique et de fibres élastiques, des éléments participant à la souplesse, à l'élasticité et à l'hydratation de la muqueuse. De plus, le laser entraîne la fabrication de glycogène, qui alimente les lactobacilles présents dans la flore vaginale, ce qui contribue à l'acidification du pH du vagin. Toutes ces actions améliorent par conséquent la lubrification. Attention, différents lasers sont sur le marché et ils ne se valent pas ; "les mécanismes ci-dessus résultent uniquement du laser CO2 avec principe D pulse", met en garde le Dr Mouly.

Quelle efficacité ?

Le laser se réalise au cabinet du gynécologue, sans anesthésie, et se révèle indolore. De 3 à 4 séances sont effectuées à un mois d'intervalle. "L'effet sur la sécheresse vaginale peut apparaître après la première, la deuxième voire la troisième séance, précise le gynécologue. Les patientes doivent être prévenues d'un retard éventuel. Mais l'indice de satisfaction après la troisième séance atteint 84 %, et dans certaines séries plus de 90 %." Une fois les résultats satisfaisants atteints, ils peuvent perdurer de 9 à 16 mois, selon les femmes. Pour le gynécologue, une séance de rappel doit être faite dès que la patiente sent une diminution de l'effet. Le plus souvent, les patientes reviennent de façon annuelle.

"La première étude[1] a été publiée en 2014 dans le Climateric avec l'indice de satisfaction de 84 % après la troisième séance, commente le Dr Mouly. De nombreuses études actuellement dans le monde confirment l'effet bénéfique de cette technique sur la sécheresse vaginale." Une revue[2] (synthèse de la littérature) publiée en 2015 a fait le point sur l'efficacité et la tolérance des lasers pulsés chez les femmes souffrant d'atrophie vulvo-vaginale : plusieurs études ont retrouvé les effets sur la muqueuse, augmentant son épaisseur et la synthèse de collagène. Trois études montrent une efficacité significative après un cycle de trois traitements au laser. La vie sexuelle et la qualité de vie étaient également améliorées. Mais en 2021, une méta-analyse conclut qu'en dépit de résultats encourageants, le niveau de preuves de son efficacité et la sécurité d'emploi reste faible. Elle prône la réalisation d'études de meilleure qualité pour pouvoir recommander la technique.

Peu d'effets indésirables mais un coût non négligeable

"Une réaction inflammatoire locale est possible pendant trois jours avec des pertes vaginales, ce qui déconseille les rapports sexuels", explique le gynécologue qui depuis quatre ans qu'il utilise le laser n'a constaté aucune complication. Mais plusieurs conditions sont impératives pour cela : effectuer un bilan complet et respecter les contre-indications, comme une infection récente ou en cours. De plus, il faut rappeler que le premier traitement de la sécheresse vaginale reste un traitement hormonal adapté, le laser intervient en cas d'inefficacité de celui-ci. "La seule complication c'est l'échec dans 15 % maximum des cas", estime-t-il.

En France, le coût d'une séance est réparti entre 250 et 600€ la séance, non pris en charge par l'Assurance-Maladie. "Nous menons actuellement un combat pour que cette technique soit considérée comme un soin de support pour les femmes qui n'ont pas la possibilité de prendre un traitement hormonal (notamment en cancérologie du sein ou après radiothérapie)", explique le gynécologue. Il dénonce les dérives de la technique, avec la réalisation de laser par des médecins esthétiques, notamment pour traiter l'incontinence urinaire (indication qui n'est pas correctement évaluée par des études rigoureuses pour le moment). Selon lui, une patiente doit se diriger vers un médecin gynécologue ou urologue et se renseigner sur le type de laser utilisé. Le  laser habilité dans l'indication de sécheresse vaginale est le Monalisa touch, validé aux Etats-Unis par la Food and Drug Administration.


[1] A 12-week treatment with fractional CO 2 laser for vulvovaginal atrophy: a pilot study.  Salvatore et al. Climacteric Aug 2014, Vol. 17, No. 4:363-369. doi:10.3109/13697137.2014.899347

[2] The use of pulsed CO2 lasers for the treatment of vulvovaginal atrophy. Stefano. Curr Opin Obstet Gynecol. 2015 Dec;27(6):504-8. doi: 10.1097/GCO.0000000000000230.

 

 

Sécheresse et atrophie à la ménopause

La baisse des oestrogènes à la ménopause, qu'elle soit spontanée ou qu'elle fasse suite à un traitement entraîne un syndrome génito-urinaire. "Il entraine une atrophie de la muqueuse vulvo-vaginale, avec essentiellement une sécheresse vaginale, une grande sensibilité douloureuse et une perte de la souplesse et de l’élasticité, précise le Dr Mouly. Les rapports sexuels deviennent désagréables voire impossibles." Des troubles urinaires et un inconfort au niveau de la vulve et du vagin peuvent également être rencontrés. " En France, sur les 11 millions de femmes ménopausées, seules 400000 prennent un traitement hormonal substitutif", commente-t-il. Lorsqu'il est contre-indiqué ou insuffisant localement, le laser est une alternative intéressante.