Pourquoi les règles coûtent cher ?

Avoir ses règles est loin d'être une partie de plaisir et les protections hygiéniques coûtent une petite fortune. Quel est le coût des règles pour une femme ? Comment vivre cette période mensuelle de façon plus économique ? Découvrez les solutions et alternatives pour remplacer les protections hygiéniques.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
"Des règles qui coûtent cher", chronique de la journaliste Lucile Degoud,14 janvier 2019
"Des règles qui coûtent cher", chronique de la journaliste Lucile Degoud,14 janvier 2019

En moyenne une femme a ses règles cinq jours par mois, pendant une quarantaine d'années soit pas loin de 500 fois dans une vie. Pendant cette période de menstruations, on utilise des protections hygiéniques et évidemment cela a un coût. D'après une étude britannique de 2015, une femme dépenserait 23.500 euros dans sa vie à cause de ses règles ! Dans cette somme, on compte les protections hygiéniques, les antidouleurs nécessaires pour de nombreuses femmes, et les sous-vêtements qui sont parfois tachés par des fuites et qu'il faut donc racheter.

Le budget des protections hygiéniques est estimé en moyenne à une vingtaine d'euros par mois, soit pas loin de 10.000 euros sur une vie. Et il peut être encore plus élevé en cas de règles abondantes ou qui durent plus d'une semaine.

Pour certaines femmes, il est tout simplement impossible de dépenser cette somme tous les mois et les plus précaires sont souvent obligées de se passer de protections hygiéniques. On parle même de précarité menstruelle.

Le prix des protections hygiéniques fait régulièrement débat

Pourtant, les protections hygiéniques ne sont pas un produit de confort mais de première nécessité. En 2015, un débat a été lancé en France sur la "taxe tampon". Les protections hygiéniques féminines étaient taxées à 20%, ce qui est le taux de TVA normal. Une députée socialiste et des associations féministes s'étaient alors mobilisées pour que ces produits, serviettes et tampons, soient taxés à 5,5% comme des produits de première nécessité tels que l'eau, les produits alimentaires ou même les préservatifs. Ce débat passionné a débouché sur une victoire et la baisse de la TVA sur ces produits est entrée en vigueur en 2016.

Par ailleurs, des associations et des citoyennes se mobilisent sur les réseaux sociaux pour demander la gratuité ou le remboursement des protections hygiéniques. Une pétition en ligne a même été lancée fin octobre 2018 et a déjà recueilli plus de 44.000 signatures. Leurs revendications :

  • que les protections hygiéniques soient remboursées à 100% par la Sécurité sociale, au moins pour les femmes les plus précaires, notamment celles qui bénéficient de la CMU.
     
  • que les protections hygiéniques soient disponibles gratuitement dans les toilettes publiques, y compris dans les établissements scolaires et dans les entreprises.

L'Ecosse montre l'exemple

Si le combat pour la gratuité des protections hygiéniques peut paraître un peu extrême, le débat dépasse largement la France. L'Ecosse a montré l'exemple et est devenu l'été dernier le premier pays à distribuer gratuitement des protections hygiéniques aux femmes précaires à faibles revenus et à toutes les élèves dans les écoles, les collèges, lycées, universités. Plus de 400.000 femmes sont concernées. Cette mesure a largement été saluée en Ecosse.

L'initiative écossaise a d'ailleurs fait des émules. L'université de Lille lance aujourd'hui et jusqu'au 17 janvier 2019 une grande distribution gratuite de protections hygiéniques pour les étudiantes. Une mutuelle étudiante, la LMDE, a aussi ouvert la voie en 2018 en remboursant les protections hygiéniques, jusqu'à 25 euros par an. Il s'agit d'un bon début surtout quand on sait que beaucoup d'étudiantes vivent dans des situations précaires.  

Des conséquences sanitaires

Ne pas avoir accès aux protections hygiéniques peut surprendre, mais même en Europe des jeunes filles et des femmes ont recours à des protections de fortune : des morceaux de tissus, des vêtements, des journaux... et il y a des risques d'irritations et d'infections au niveau de la flore vaginale... Arunachalam Muruganantham en a eu assez de voir sa femme récupérer des morceaux de tissus pendant ses règles pour ne pas avoir à choisir entre acheter des protections ou du lait, a eu l'idée de créer une serviette périodique à bas coût. Après des années de recherches, il a réussi son pari avec une serviette désormais commercialisée ! Il s'agit d'une petite révolution pour les femmes défavorisées en Inde.

Il y a des risques d'infection avec les protections de fortune mais la précarité menstruelle peut conduire à des conséquences dramatiques. Parfois, par souci d'économies, ou parce qu'elles n'ont pas accès à des toilettes ou des points d'eau pour se laver les mains, certaines femmes ne changent pas assez souvent de tampon et il existe un risque très grave : le syndrome du choc toxique. Cette infection est due à la présence d'une bactérie le staphylocoque doré.

Cette bactérie qui peut être présente dans notre corps, elle n'est pas dangereuse en soi mais elle peut le devenir si la bactérie est présente dans le vagin et si on porte trop longtemps un tampon. Si la bactérie n'est pas évacuée et prolifère, elle dégage alors une toxine qui passe dans le sang et provoque le choc toxique. Cela atteint les organes et les conséquences peuvent être dramatiques. Cela peut entraîner des amputations à cause des nécroses, voire la mort. Il ne faut donc surtout pas garder un tampon plus de huit heures maximum. Même chose pour les coupes menstruelles.

Des alternatives moins onéreuses ?

Aujourd'hui, les protections hygiéniques les plus utilisées sont les tampons et les serviettes hygiéniques. Une boîte de tampons coûte en moyenne 5 euros et un paquet de serviettes 3-4 euros. Mais il y a moins cher ! La coupe menstruelle (la cup) est indéniablement la protection périodique la plus économique. L'investissement au départ est assez important (une vingtaine d'euros) mais si elle est bien utilisée, elle peut servir pendant plusieurs années. De plus, la coupe menstruelle est écologique !

Autre possibilité : la culotte absorbante ou culotte menstruelle ! C'est un investissement aussi au départ, une trentaine d'euros, il faut en avoir au moins deux ou trois pour faire une rotation, le temps de la laver.

Il existe aussi une solution à zéro euro : le flux instinctif libre ! Cette technique consiste à ne pas utiliser de protections hygiéniques mais à retenir grâce à des contractions du périnée le sang dans le vagin et ensuite à le relâcher quand on va aux toilettes ! Cela implique d'aller régulièrement aux toilettes et il n'est pas certain que ce soit très adapté pour les flux abondants.