Ménopause : davantage de troubles intimes

Une étude publiée en décembre 2015 confirme la fréquence élevée des troubles intimes chez les femmes ménopausées. Sécheresse vaginale, démangeaisons, irritations, ont un retentissement considérable sur le plan tant psychologique que sexuel. L'occasion pour Allodocteurs.fr de faire le point sur leur prise en charge.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Ménopause : davantage de troubles intimes

Des troubles plus fréquents, avec un réel impact

Le questionnaire des symptômes vulvo-vaginaux (Vulvovaginal Symptom Questionnaire – VSQ) a été rempli par 358 femmes ménopausées. 279 furent recrutées par le biais de structures de soins primaires, 79 par l'intermédiaire de centres destinés aux seniors.

Les 7 premières questions du VSQ portaient sur la survenue dans les 7 jours précédents de démangeaisons, de sensations de brûlures, de blessures ou de décharge électrique, d'irritations, de sécheresse, d'odeur anormale. A partir d'une réponse positive, les femmes étaient considérées comme souffrant de symptôme vulvo-vaginal.

183 femmes, soit 51,1%, reportèrent  au moins un symptôme. Le plus commun était la sécheresse, qui concernait 35,8% des femmes. 10% souffraient d'au moins 5 symptômes ou plus, et 6% des 7 symptômes durant la semaine précédent le questionnaire.

Un impact émotionnel ou sexuel

40,4% des femmes rapportèrent un impact émotionnel, à type d'inquiétude, d'embarras, de frustration,... 32,8% estimaient que leurs symptômes avaient un retentissement sur le style de vie, en perturbant les interactions avec les autres ou en affectant les démonstrations d'affection envers leur partenaire, l'envie d'être intime.

Chez les femmes qui avaient une vie sexuelle et présentaient ces symptômes, ils avaient un impact sexuel chez les ¾ (75,3%) des femmes  à type de douleur, sécheresse ou saignement durant les rapports sexuels.

Cette récente étude n'a rien de révolutionnaire puisqu'elle confirme des données déjà connues. Elle a en revanche le mérite d'évaluer leur retentissement et permet de faire le point sur la prise en charge des troubles intimes.

Comment traiter les troubles intimes ?

La consultation médicale est souvent indispensable car pour bien traiter le symptôme vulvo-vaginal, il faut en connaître son origine.

Pallier la sécheresse vaginale et l'atrophie du vagin

La sécheresse et la perte d'élasticité du vagin sont fréquentes à la ménopause, suite à la chute des hormones sexuelles et elles sont les premières responsables des symptômes vulvo-vaginaux. Le THS, traitement hormonal substitutif, compense la carence hormonale en oestrogènes et en progestérone. Des traitements locaux la soulagent également, en apportant des oestrogènes en ovule dans le vagin et sous forme de crème sur la vulve.

Le manque de lubrification durant les rapports vaginaux est compensée par un lubrifiant à base d'eau et à d'action longue, à appliquer avant les rapports. Il rétablit l'hydratation de la muqueuse du vagin  et de la vulve.

Trouver l'origine des irritations et démangeaisons

Les irritations, si elles sont ponctuelles et légères, sont soulagées par une crème du type Saforelle® peuvent suffire. Si elles ne passent, un examen médical est nécessaire afin de déterminer si elles sont en lien avec une sécheresse ou avec une infection.

Les démangeaisons sont parfois déclenchées par une infection. Les mycoses provoquent souvent des pertes anormales en plus, mais pas toujours. Un prélèvement local est alors nécessaire pour poser le diagnostic. Les levures sont responsables de ce que l'on appelle une candidose (lorsque le champignon Candida est en cause).

Irritations et démangeaisons, s'expliquent aussi par une vaginose, un déséquilibre de la flore vaginale. Les pertes sont abondantes et sentent mauvais. Elle se traite par métronidazole, parfois suivie de probiotiques qui diminuent les rechutes…

Certaines maladies dermatologiques, avec en tête le lichen scléreux, provoquent également un prurit (démangeaisons), et nécessitent un traitement adapté (crème à base de corticoïdes).

Brûlures et décharges

Les mycoses et la ménopause sont parfois responsables de brûlures, souvent accompagnées de pertes.

Mais les sensations de brûlures et décharges électriques peuvent aussi s'expliquer par une vulvodynie une algie pudendale. Elles se situent alors souvent au niveau du périnée et/ou de l'anus. Les symptômes sont accentués par le port de vêtements serrés et la station debout.

Etude source : Vulvovaginal symptoms prevalence in postmenopausal women and relationship to other menopausal symptoms and pelvic floor disorders. Erekson EA Menopause, décembre 2015. doi: 10.1097/GME.0000000000000549