Endométriose : les stars brisent le tabou

Après des années de tabou et de méconnaissance, l'endométriose qui toucherait une femme sur dix sort de l'ombre. Des stars d'Hollywood, habituées aux robes sexy et aux tapis rouges, ont en effet décidé de parler de leur combat contre cette pathologie gynécologique. Les explications avec Géraldine Zamansky, journaliste du Magazine de la santé.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Le premier symptôme de l'endométriose correspond à des règles dont les douleurs sont décuplées. Sans que l'on sache vraiment comment, le tissu qui tapisse normalement l'intérieur de l'utérus, l'endomètre, se retrouve aussi hors de l'utérus. En plus des douleurs, il peut provoquer de l'infertilité et même de graves atteintes aux organes voisins comme la vessie et l'intestin.

L'endométriose peut donc être tragique. Certains disent même qu'elle est la cause du décès de Marilyn Monroe car elle serait à l'origine de ses fausses couches et aurait contribué à sa surconsommation d'antidouleurs.

Les stars racontent leur combat contre la maladie

Des stars hollywoodiennes comme Susan Sarandon ou Lena Dunham ont décidé de briser le tabou. Lena Dunham est une jeune Américaine qui a créé à 24 ans en 2012 la série Girls, où elle se met en scène avec d'autres jeunes femmes. C'est après avoir bouclé la première saison de la série que "sa vie a changé". Lena a en effet consulté un gynécologue qui a pensé à l'endométriose, après des années à se croire "folle" puisque personne ne trouvait la cause de ses douleurs. Pour que la situation change, Lena Dunham a décidé d'en parler. Et comme elle est une femme d'images, elle n'hésite pas à passer par des vidéos postées sur son site lennyletter pour faire le maximum de buzz.

Une autre femme très célèbre aux Etats-Unis a levé tous les tabous. Il s'agit de Padma Lakshmi, une mannequin d'origine indienne qui présente le programme Top Chef américain. Dans sa biographie, elle raconte que l'endométriose a joué un rôle majeur dans son divorce avec Salman Rushdie. Très belle, très classe, cette femme a évoqué dans un grand talk show américain, des rapports sexuels devenus si douloureux qu'elle ne les supportait plus… Elle a créé en 2009 la Fondation américaine de l'endométriose avec un chirurgien spécialisé. Cette fondation organise en particulier des sessions d'information dans les collèges. L'objectif étant que les adolescentes concernées ne souffrent plus en silence car elles ont honte de ne pas supporter leurs règles comme les autres. Sans parler des études gâchées, des examens ratés… et des boulots perdus à cause de toutes les journées où elles sont incapables de travailler à cause de la douleur.

En Afrique aussi, les femmes se mobilisent contre l'endométriose

La honte et l'exclusion sont peut-être encore plus fortes en Afrique où d'autres femmes se mobilisent. C'est le cas de Millen Magese, mannequin d'origine tanzanienne. Elle met sa notoriété internationale au service de la lutte contre l'endométriose. Millen Magese franchit même un cap de plus dans la transparence avec plusieurs publications très touchantes sur le site Instagram entièrement consacré à ce combat.

Millen Magese a aussi créé une fondation pour stimuler la recherche sur cette maladie qui l'a mise KO en pleine période de défilés. Millen Magese dénonce la stigmatisation dont souffrent les femmes africaines atteintes. Si leur fertilité est touchée, c'est presque toute leur existence sociale qui est remise en cause. D'autant plus que l'accès à la procréation médicalement assistée n'est pas du tout aussi banalisé et facilité qu'en France.

Les phtalates pointés du doigt

Une publication scientifique a montré que cette atteinte à la fertilité risque d'augmenter car elle aurait au moins en partie pour origine les phtalates, des substances chimiques très présentes dans notre environnement. Une équipe de chercheurs américains a en effet publié une étude inquiétante dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism. Ils établissent un lien statistique entre l'endométriose et l'exposition aux phtalates. Les phtalates sont des plastifiants auxquels nous sommes très exposés, via les emballages alimentaires ou dans les jouets des enfants par exemple… Ils sont identifiés depuis longtemps comme étant des perturbateurs endocriniens, c'est-à-dire capables d'interférer avec nos processus hormonodépendants. Leur part de responsabilité dans l'endométriose (et les fibromes) serait de 20 à 39%.

Le nombre de femmes concernées pourrait donc encore augmenter. Ce qui rend particulièrement intéressante l'idée d'une entreprise britannique de Bristol (Coexist) qui a mis noir sur blanc une "politique sur les règles". Il s'agit d'une sorte de règlement qui facilite l'adaptation du rythme de travail lorsque les règles sont trop pénibles. Le temps "manqué" peut être récupéré plus tard. Le patron de cette société est une patronne et les femmes y sont majoritaires.