Sevrage tabagique : les méthodes pour arrêter de fumer

Demain, j'arrête de fumer ! C'est la phrase la plus répétée par les fumeurs qui ont le choix entre différentes méthodes de sevrage tabagique. Bonne nouvelle, il n'est jamais trop tard pour arrêter... 

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Dépendance au tabac : explications

Le Magazine de la Santé

En France, on compte plus de 15 millions de fumeurs quotidiens et occasionnels, et ils sont plus de 35,5 millions à avoir expérimenté, au moins une fois dans leur vie, la cigarette selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). 34,6% des hommes et 26,5% des femmes fument. Des chiffres, qui malgré les augmentations successives du prix du tabac et les campagnes de prévention, n'affichent pas de diminution massive. En attendant, le tabac continue à tuer : plus de 75.000 décès chaque année d'après Santé Publique France.

Une cigarette contient plus de 4.000 substances chimiques (notamment du mercure, du plomb, de l'arsenic, de l'ammoniac…). Certaines d'entre elles appartiennent à la famille des goudrons qui favorisent la survenue de différents cancers. La nicotine, quant à elle, est contenue dans le tabac. Elle joue un rôle majeur dans l'augmentation de la pression artérielle, dans l'accélération du rythme cardiaque ainsi que dans la détérioration des artères. La nicotine est aussi responsable de l'effet de dépendance au tabac.

Au moment de fumer, elle se diffuse dans les poumons par les bronches et pénètre jusqu'aux alvéoles. Les alvéoles sont des petits sacs qui assurent les échanges gazeux entre l'air inspiré et le sang. En traversant la paroi des alvéoles, la nicotine rejoint la circulation sanguine et arrive au cerveau. La nicotine se fixe alors sur les récepteurs des neurones et déclenche un signal pour libérer un messager chimique : la dopamine.

Ce messager va stimuler un réseau de neurones spécialisés : le système de la récompense. Résultat : à chaque bouffée de cigarette, de la dopamine est libérée et le fumeur ressent une sensation de bien être. Un plaisir éphémère puisque la nicotine est rapidement éliminée et l'effet de la dopamine se dissipe aussitôt.

Pour compenser, le cerveau d'un fumeur va s'adapter à ce nouveau besoin, il multiplie le nombre de récepteurs à la nicotine. Il augmente donc sa demande en nicotine pour obtenir les mêmes effets de bien être. Le cercle vicieux de la dépendance au tabac est alors installé.

Savoir analyser le besoin de tabac

Pour trois quarts des fumeurs, arrêter de fumer, c'est se poser un patch ou prendre des médicaments qui agissent sur la dépendance physique. Cette idée est partiellement vraie : les molécules utilisées pour calmer le manque de nicotine sont efficaces, mais n'ont aucun effet sur nos comportements. Or ce sont eux qui sont le plus souvent responsables des rechutes.

Un fumeur sur deux souhaite en finir avec le tabac. Mais parmi eux, peu passent par une consultation avec un tabacologue, qui aide à combattre la dépendance comportementale. L'association des thérapies comportementales et d'un traitement est plus efficace.

Trouver sa motivation peut passer par les bénéfices sur son corps, constatées à l'arrêt du tabac : en 2 jours, on retrouve le goût et l'odorat ; en  4 semaines la peau est plus belle ; en en 3 mois, on respire mieux et on a plus d'énergie ; en 1 an, on a déjà moins de risque d'avoir une maladie du coeur et10 ans après la dernière cigarette, le risque de cancer de poumons est diminué de moitié (source : tabac-infoservice). 

D'autres sources de motivation passe par la protection de sa santé, ou de son entourage.

Trouver du soutien dans l'arrêt du tabac

Avec l'augmentation importante du prix des cigarettes, les fumeurs en situation de précarité se trouvent encore plus fragilisés par leur consommation. De plus, les traitements pour réduire le manque de nicotine coûtent aussi très cher. 

Substituts, médicaments, hypnose, cigarette électronique, que choisir ?

Les anti-nicotiniques (gommes à mâcher, comprimés sublinguaux, patchs, inhalateur) sont des doses de nicotine que l'on donne à l'organisme par différentes voies d'administration. Le corps du fumeur reçoit ainsi sa dose de nicotine sans la fumée et tout ce qu'elle contient de très nocif pour ses poumons. Ce qui limite ou supprime les effets du manque de nicotine. 

Petit à petit, on va diminuer la dose jusqu'à la faire disparaître complètement. Les substituts nicotiniques sont le traitement recommandé en première intention et leur efficacité est plus grande si les patches sont associés aux comprimés, aux gommes, aux inhalateurs et aux sprays à prendre en cas d'envie de fumer. Ils sont pris en charge par la CPAM , à hauteur de 65% sur ordonnance, le reste pouvant être pris en charge par la complémentaire santé. 

Il est fondamental de choisir le bon dosage pour que cela fonctionne. Il faut savoir q'une cigarette apporte 1 mg de nicotine ; en fonction du nombre quotidien de cigarettes fumées, on détermine le dosage des substituts. Le traitement dure de 3 à 6 mois mais il peut être prolongé si besoin.

Les médicaments en seconde intention

La varénicline a été conçue spécialement pour le sevrage tabagique. Il diminue les symptômes de manque et au fur et à mesure, abaisse aussi le plaisir de fumer. Un dégoût du tabac survient peu à peu.  . La varénicline  est pris en charge à 65% par l'assurance-maladie, sur ordonnance.

Plus ancien que la varenicline (Champix®), le bupropion (plus connu sous le nom du médicament Zyban®) est à la base un anti-dépresseur. Il est délivré sous ordonnance et donc, par un médecin. Les preuves de son efficacité sont solides mais ses effets indésirables sont fréquents (sensation de bouche sèche, d'insomnies et de vertiges), d'où la nécessité d’un suivi médical. Il n'est pas pris en charge par l'assurance-maladie.

Ces deux médicaments ne sont utilisés qu'en deuxième intention, chez les fumeurs qui ont une forte dépendance au test de Fagerstrom (plus de 7) et en l'absence de contre-indication (par exemple des convulsions, un trouble bipolaire, une anorexie ou une boulimie pour le buproprion, et une maladie psychiatrique pour la varénicline). Ils sont contre-indiqués chez les femmes enceintes et non recommandés chez les femmes allaitant

Hypnose. 

Gilles a arrêté de fumer grâce à l'hypnose. Il ne croyait pas à l'efficacité de cette méthode mais une seule séance a suffi à le faire renoncer aux cigarettes ! Si l'hypnose ne bénéficie pas des preuves scientifiques, tout comme l'acupuncture, les deux techniques ont le mérite d'être sans effet secondaire et ne sont pas à exclure formellement d'après la Haute autorité de santé

Voir la vidéo : Arrêter de fumer grâce à l'hypnose

La cigarette électronique est également une option, qui est recommandée par certains tabacologues. Elle n'est toutefois pas officiellement conseillée par les autorités de santé, dans l'attente d'études sur ses conséquences à long terme encore mal connues. Elle est utilisée pour arrêter de fumer en alternative à la cigarette. 

L'académie de médecine a réaffirmé sa position en faveur de la e-cigarette, arguant que ce produit est mieux contrôlé en France qu'aux Etats-Unis et qu'il aide à réduire ou arrêter la consommation de tabac. Me Haut Comité à la santé publique estime de son côté qu'il n'y a pas de preuves suffisantes pour en faire cette aide au sevrage tabagique. 

La e-cigarette n'est pas recommandée en cas de grossesse et interdite aux mineurs.

Il est recommandé de choisir des produits certifiés AFNOR.

Grossesse : arrêter de fumer pour bébé

Le Magazine de la Santé

Trois fois plus d'accouchements prématurés : c'est un des nombreux risques auxquels les femmes dépendantes au tabac exposent leur bébé. Pour aider les femmes enceintes à prendre conscience de ces risques, des détecteurs mesurent le taux de monoxyde de carbone absorbé dans leur corps mais aussi dans celui de l'enfant.

Loin de culpabiliser la mère, cet appareil permet de visualiser ses progrès dans l'arrêt du tabac.

Cancer : l'arrêt du tabac fait partie du traitement

D'après les recommandations de l'INCa, l'institut national du cancer, l'arrêt du tabac fait partie intégrante du traitement contre le cancer. À Lyon, le centre Léon Bérard a mis en place un programme pour accompagner les patients souhaitant arrêter de fumer durant leur hospitalisation.

Pour les aider dans leur sevrage, les patients peuvent compter sur des infirmières addictologues. "Nous intervenons à la demande des patients pour leur permettre d'accéder au sevrage s'ils le souhaitent ou de les rendre plus confortables dans leur arrêt du tabac durant l'hospitalisation", explique Marie Dargent, infirmière addictologue.

À terme, tous les patients fumeurs du centre devraient bénéficier de cet accompagnement : "Nous sommes un centre de cancérologie. Nous devons être pionniers dans le domaine. Cela signifie que pour un patient pris en charge pour son cancer et fumeur, on va organiser une rencontre systématique avec un professionnel de santé tabacologue de l'établissement, même s'il n'a pas exprimé une volonté claire d'arrêt du tabac", confie le Pr Christine Lasset, responsable du département santé publique et prévention du centre Léon Bérard. Depuis le mois de mars 2017, 450 patients du centre ont bénéficié de ce dispositif.

Les autres bénéfices de l'arrêt du tabac

Le bénéfie le plus évident est cardio-vaculaire mais il concerne également la survie, notamment en lien avec des cancers (voir : site du Ministère de la santé). Le sevrage diminue les risques de maladies pulmonaires et de diabète ; il améliore la qualité de vie : moins de troubles sexuels, de maladies gingivales et dentaires. Le goût et l'odorat sont améliorés, la respiration et le sommeil aussi.

Un bénéfice pour la peau

Le teint de la peau va s'améliorer à l'arrêt du tabac. Puis, ce sont les rides fines qui vont devenir rapidement beaucoup moins visibles et enfin, les rides profondes, qui seront beaucoup moins nombreuses à apparaître. La peau va retrouver l'oxygène dont elle a besoin et arrêter la destruction accélérée des fibres élastiques qui lui donne sa souplesse.

Arrêter de fumer va par ailleurs diminuer la sévérité d'un certain nombre de maladies de peau très invalidantes.

La plus fréquente est le psoriasis, qui concerne environ 3% des Français, soit deux millions de personnes. Le psoriasis est d'autant plus sévère que la quantité de tabac fumé est élevée, surtout chez les femmes. Il est donc systématiquement demandé aux patients qui en souffrent d'arrêter de fumer ou au moins, de réduire au maximum leur consommation de cigarettes.

La peau a aussi son cancer dû au tabac, on l'appelle spinocellulaire, dont le risque est trois fois plus élevé chez les fumeurs. Dans son cas, comme pour les poumons et le cœur, l'arrêt du tabac rapportera le risque de survenue de ce cancer à son niveau normal.