Les pays de l'OCDE ont un problème avec l'alcool

Malgré une "légère baisse", au cours des vingt dernières années, la consommation d'alcool dans les pays dans les pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) reste "bien au-dessus de la moyenne mondiale", selon un rapport publié le 12 mai 2015 par cette institution. L'alcoolisation massive concerne de plus en plus de femmes et de jeunes, ces derniers expérimentant l’ivresse de plus en plus tôt.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Les Français dépensent plus d'argent pour les boissons alcoolisées en 2016 qu'en 2007 mais ils en consomment moins.
Les Français dépensent plus d'argent pour les boissons alcoolisées en 2016 qu'en 2007 mais ils en consomment moins.
En noir, les 34 pays membres de l'OCDE.

"Qui boit quoi, où et en quelle quantité ? Depuis toujours, tout cela dépend de plusieurs facteurs : la culture, l’économie ou encore les normes sociales", expliquent les auteurs du rapport de l’OCDE. Mais les faits sont là : "de nombreux pays de l’OCDE se classent au sommet des pays consommant le plus d’alcool [dans le monde]."

En effet, la consommation moyenne dans les pays de l’OCDE est l’équivalent de plus de 9 litres d’alcool pur par année (soit l’équivalent d’une pinte de bière à 5° par jour, ou deux verres de vin à 10° par jour). "Et cela est sans compter qu’environ une boisson alcoolisée sur dix ne serait même pas comptabilisée dans les statistiques officielles", car elles sont brassées à domicile ou commercialisées de manière illégale. En intégrant ces données, la consommation moyenne d’un habitant de l’OCDE est "de plus de 100 bouteilles de vin, ou 200 litres de bières, en une année" !

La majeure partie de l’alcool est consommée par une petite proportion de la population (un individu sur cinq).

Un verre de moins par semaine pour améliorer la santé de 80% des buveurs

Selon les calculs de l’OCDE, il y a "une vaste marge de manœuvre pour améliorer la santé et le bien-être des buveurs et de la société en général". Si les petits buveurs (80% de la population) "diminuaient leur consommation d’alcool d’une dose par semaine" (l’équivalent d’un verre de vin), les risques sanitaires associés à ce type de consommation diminueraient sensiblement.

Pendant la période couverte par le rapport de l’OCDE (1992-2002), la consommation d’alcool par habitant dans les pays de l’OCDE a légèrement diminué dans l’ensemble, d’environ 2.5% au cours des vingt dernières années, mais sur cette tendance générale, les pays ont constaté différentes tendances. L’Italie, la France et l’Allemagne boivent beaucoup moins, tandis que l’Estonie, la Norvège et la Pologne boivent beaucoup plus.

"Le plus alarmant, cependant, est le fait que beaucoup de pays ont connu une hausse significative de certaines conduites d’alcoolisation à risque (alcoolisation paroxystique, ou binge drinking), en particulier chez les jeunes et les femmes". Plus de deux mineurs sur trois "ont consommé de l’alcool avant l’âge de 15 ans dans les pays de l’OCDE" et "deux sur cinq ont été en état d’ivresse au moins une fois". Les filles ont rattrapé les garçons au cours des dix dernières années (en 2010, 43% des adolescents et 41% des adolescentes avaient fait l’expérience de l’ivresse, contre 30% et 26% respectivement en 2002).

Ces évolutions sont "particulièrement inquiétantes", aux yeux des auteurs du rapports, car "les méfaits généralement associés à la consommation excessive d’alcool chez les jeunes n’ont pas seulement des effets néfastes sur les buveurs eux-mêmes, mais touchent souvent d’autres personnes, [par exemple] en cas d’accidents de la circulation ou actes de violences […] En outre, les personnes qui consomment de l’alcool à un jeune âge ont un risque plus élevé de souffrir de maladies aiguës et chroniques."

Le coût de l'alcool

Les coûts de la santé et de la criminalité et la perte de productivité sont "d'importants aspects" du problème, explique le rapport, qui cite également les préjudices causés par les buveurs (victimes d’accidents de la route et de violence, enfants nés avec des troubles causés par l'alcoolisation fœtale). "Tout cela donne aux gouvernements une solide justification pour agir contre la consommation nocive d’alcool".

Des analystes de l’OCDE montrent, simulation à l’appui, que certaines politiques de lutte contre l’alcoolisme "peuvent réduire les taux de consommation excessive, régulière ou épisodique, et la dépendance à l’alcool […] de 5% à 10%". L’analyse économique de l’OCDE, concentrée sur le Canada, la République Tchèque et l’Allemagne, montre que les médecins de soins de santé primaires "peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre la consommation abusive", tandis que l’application par la police des réglementations existantes contre l’alcool au volant "est essentielle pour réduire le nombre de victimes d’accidents de la route". Augmenter les prix de l’alcool (en particulier concernant les boissons aujourd’hui vendues à très bas prix) semble "une bonne stratégie pour améliorer la santé de la population".