Alcool durant la grossesse : l'Académie de médecine appelle à une "tolérance zéro"

La France n’est pas épargnée par le fléau de l’exposition prénatale à l’alcool, alerte dans un rapport l’Académie de médecine. Elle constate que 8.000 enfants naissent encore chaque année avec des troubles associés à la consommation d’alcool par la mère durant la grossesse.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Alors que la connaissance des mécanismes de toxicité de l’alcool sur le cerveau et les méthodes de diagnostic ont fortement progressées depuis le début des années 2000, encore trop d’enfants naissent atteints de divers Troubles Causes par l’Alcoolisation Fœtale (TCAF, voir encadré), constate l’Académie de médecine. Un enfant sur 100 est concerné, un dixième d’entre eux présentant des formes graves (syndrome d’alcoolisation fœtale).

Dans un rapport publié le 22 mars, elle juge que "la gravité des situations créées chez l’enfant à naître appelle une prise de conscience collective", notamment via des campagnes d’information. Celles-ci devraient non seulement cibler les femmes enceintes, mais également "les adolescentes [et] les femmes en âge de procréer", et plus largement, le grand public.

Les stratégies de sensibilisations évoquées par les auteurs du rapport sont nombreuses. Concernant les lycéens, ils suggèrent ainsi d’intégrer aux programmes de Sciences de la Vie et de la Terre un sujet intitulé "la consommation de boissons alcooliques au cours de la grossesse : un effet désastreux pour l’enfant à naitre"

Les Troubles Causés par l’Alcoolisation Fœtale (TCAF) peuvent prendre plusieurs formes. S’ils sont dominés, comme le précise l’Académie, "par les troubles de l’apprentissage, de la mémorisation responsables de difficultés scolaires, de troubles cognitifs et du comportement", ils se manifestent, dans leur forme la plus grave et complète, par le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF). Celui-ci associe une dysmorphie cranio-faciale, un retard de croissance et un déficit mental. La première description de ce syndrome remonte à 1968, mais n’a été formalisée qu’en 1973.

Parallèlement à ces actions d’information, l’Académie appelle à une meilleure formation "de tous les professionnels de santé concernés par la grossesse, la naissance et l’enfant", ainsi que les enseignants.

Les auteurs du rapport s’interrogent également sur l’efficacité des mesures de prévention actuelles. Le minuscule logo apposé sur les bouteilles de boissons alcooliques n’a que peu d’influence sur les consciences, et les messages de prévention prévu par la loi ("la consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse, même à faible quantité, peut avoir des conséquences graves sur la santé des enfants") ne sont que peu employés.

Pour eux, ces recommandations se résument en "un seul mot d’ordre" : "tolérance zéro alcool pendant la grossesse".


Environ un quart des femmes françaises continuent à consommer de l’alcool durant leur grossesse, rappelle l’Académie, se référant aux données épidémiologiques de l’institut de veille sanitaire et de l’INPES. Selon ces sources, plus d’un tiers des femmes considèrent que le danger n’existe "que si la consommation est quotidienne".