Ados, attention aux dégâts du binge drinking sur le cerveau !

Comas éthyliques au collège, agressions sexuelles au lycée, soirées étudiantes mortelles... En France, la consommation d'alcool chez les jeunes et ses conséquences inquiètent de plus en plus.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Chronique du Dr Philip Gorwood du 14 novembre 2017
Chronique du Dr Philip Gorwood du 14 novembre 2017

La consommation d'alcool chez les ados est ponctuelle, forte (au moins quatre ou cinq verres, parfois beaucoup plus) et rapide (moins de deux heures). En France, on parle de biture express, d'ivresse ponctuelle intermittente, de séances d'alcoolisation massive... Plus communément, on utilise le terme anglo-saxon de binge-drinking.

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Selon les résultats du baromètre santé de l'Inpes, environ 50% des 18-25 ans ont des épisodes de binge-drinking : un quart dans le mois passé, 10% dans la semaine passée, et les femmes se rapprochent des hommes. Les mineurs sont aussi concernés. Il ne faut donc plus se demander si "son ado" a des épisodes de binge-drinking, mais plutôt à quelle fréquence.

Dépendance à l'alcool et diminution des capacités d'apprentissage

L'alcool est constitutionnellement "neurotoxique" (l'éthanol, CH3CH2OH, passe partout, dans le cerveau et dans les neurones). Des consommations fortes et majeures d'alcool sont donc particulièrement délétères sur des cerveaux en plein développement.

Trois études ont permis de décrire précisément les risques du binge-drinking sur le cerveau. La première étude est prospective. Les chercheurs ont suivi des ados qui pratiquaient le binge-drinking et d'autres qui ne le pratiquaient pas pendant quatorze ans (de 16 à 30 ans). Ils ont ainsi pu constater chez les binge-drinkers une augmentation de 50% de la consommation d'alcool, mais aussi de la dépendance à l'alcool, de la toxicomanie (+ 40%)  et de morbidité psychiatrique (+ 40%)... Cette population augmente aussi son risque de ne pas avoir d'emploi, de qualifications...

La deuxième étude a mesuré la qualité de la substance blanche (le câblage) du cerveau d'adolescents avec ou sans binge-drinking à deux ans d'écart. Les jeunes pratiquant le binge-drinking ont beaucoup plus de perte de substance blanche que les sujets qui n'en ont pas.

La troisième étude a étudié les capacités d'apprentissage des jeunes avec ou sans binge-drinking. Résultat, pour à peu près toutes les compétences mnésiques verbales et la mémoire de travail, il existe un impact de l'alcool. À un âge où l'apprentissage engage tout le reste de sa vie professionnelle, il existe un risque réel de réduire ses compétences.

Faut-il interdire l'alcool chez les adolescents ?

L'alcool est en partie interdit chez les adolescents puisqu'un mineur ne peut pas acheter de l'alcool, notamment pour le protéger à un âge sensible. Plus la consommation d'alcool est précoce, plus elle est délétère. Par la suite, de 18 à 25 ans, intervient l'apprentissage de l'autonomie et de la responsabilisation. À ce niveau, l'interdiction n'est pas une solution efficace.

En revanche, il est important de bien informer les jeunes afin qu'ils prennent conscience des effets immédiats de l'alcool (viols sur les campus) mais aussi des conséquences à long terme (apprentissage...).