Pacemaker : le deuxième souffle

Une pile pour faire face aux défaillances cardiaques. 60.000 Français sont équipés chaque année d'un pacemaker, ce petit boîtier qui fait battre le coeur lorsqu'il est affaibli. Comment ce stimulateur est-il installé ? Comment vit-on le quotidien avec ce corps étranger en soi ? Les réponses dans ce dossier.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Pacemaker : le deuxième souffle

Faut que ça pulse

Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes vous montrent comment bat le cœur
Marina Carrère d'Encausse et Michel Cymes vous montrent comment bat le cœur

Le cœur est divisé en quatre cavités : deux oreillettes et deux ventricules. La partie droite reçoit le sang veineux, pauvre en oxygène, et la partie gauche, le sang artériel, riche en oxygène. Le sang veineux arrive dans l’oreillette droite, passe dans le ventricule droit pour être envoyé dans les poumons où il va se remplir d’oxygène. Puis il revient au cœur mais du côté gauche, d’abord dans l’oreillette, puis dans le ventricule pour être propulsé dans tout le corps. Et le circuit recommence.

Impulsions. Le muscle du cœur - le myocarde - a besoin de messages électriques, délivrés sous forme d’impulsions nerveuses. C’est ce qui permet au cœur de jouer son rôle de pompe.

Générateur d'électricité. La particularité du cœur, c’est qu’il possède son propre générateur d’électricité. Un générateur qui marche grâce à un réseau de cellules nerveuses qu’on appelle le nœud sinusal. Il se situe en haut de l’oreillette droite. Grâce à différentes ramifications, le message électrique va progresser dans les oreillettes, puis dans les ventricules, pour que les différentes cavités du cœur se contractent, à un rythme de 60 à 100 battements par minute au repos.

Un boîtier sous la clavicule

Reportage au bloc opératoire, sur la pose d’un pacemaker. Attention, images de chirurgie !
Reportage au bloc opératoire, sur la pose d’un pacemaker. Attention, images de chirurgie !

Panne de courant. Avec l’âge, ou après un accident cardiaque, le système électrique peut se dérégler. Le courant passe mal et le cœur se contracte moins vite, il peut même s’arrêter pendant plusieurs secondes. Pendant ces pauses cardiaques, le cerveau et les organes sont mal irrigués ce qui peut entraîner des vertiges, une perte de connaissance, et parfois la mort subite.

Pour éviter ces accidents, il faut implanter un stimulateur cardiaque, le fameux pacemaker. Il va compenser cette défaillance en envoyant au cœur, des impulsions électriques. Chaque année, en France, 60 000 personnes reçoivent un pacemaker.

Le pacemaker au quotidien

Félix, 69 ans, n’est pas du tout gêné par son pacemaker, il a même gravi le Mont-Blanc avec son petit boîtier dans le cœur...
Félix, 69 ans, n’est pas du tout gêné par son pacemaker, il a même gravi le Mont-Blanc avec son petit boîtier dans le cœur...

Contrôles. Le pacemaker doit être contrôlé au moins deux fois par an par un cardiologue. Si nécessaire, il est possible de régler l’appareil de l’extérieur.

Précautions. Quand on est porteur d’un pacemaker, il faut prendre certaines précautions : éviter de mettre son téléphone portable prés du stimulateur ou passer dans un portique d’aéroport ou une machine IRM qui dégage de puissants champs électromagnétiques et peuvent dérégler l’appareil. Dans ces cas-là, il faut montrer sa carte qui atteste qu’on porte un stimulateur.

Activités. On peut vivre tout à fait normalement et même faire du sport avec un pacemaker.

Des pacemakers de plus en plus petits

Coeur : un pacemaker miniature
Coeur : un pacemaker miniature

La chirurgie cardiaque progresse et les pacemakers sont de plus en plus petits. Le stimulateur cardiaque de dernière génération ne mesure que 26 millimètres. Il n'est pas encore remboursé par la Sécurité sociale mais en attendant, les cardiologues se forment déjà à sa mise en place. L'école se trouve au CHU de Bordeaux où certains patients peuvent donc bénéficier de cette innovation.

Les précédents pacemakers comprenaient un petit boîtier placé sous la peau au niveau de l'épaule, relié au coeur par des sondes électriques. Désormais, lorsqu'il suffit de stimuler un seul ventricule, un pacemaker de 26 millimètres et seulement deux grammes peut être positionné au coeur du coeur. "Deux tiers du volume sont occupés par la pile, un tiers par l'électronique. La stimulation se fait par l'extrémité, et les accroches par les quatre ancres qui sont sur le dispositif", explique le Dr Philippe Ritter, cardiologue.

L'ensemble est placé à l'extrémité d'un cathéter qui remonte jusqu'au coeur en passant d'abord par la veine fémorale. Un trajet suivi sous contrôle radiologique. Il faut avoir l'oeil très entraîné pour savoir où se situe le pacemaker. Et avant de couper le fil qui retient le pacemarker, le fonctionnement de son micro-ordinateur est contrôlé grâce à un boîtier qui communique avec le stimulateur à travers la peau. Il permet de vérifier qu'il détecte bien le rythme cardiaque et qu'il peut efficacement le stimuler à la moindre alerte.

Le bon accrochage sur la paroi du cœur des ancres du pacemaker est également testé en tirant doucement sur son fil. Quand ils ne bougent plus, les amarres peuvent être coupés et le patient pourra très vite reprendre une vie normale comme le confirme le Dr Ritter : "Le patient peut faire des efforts dès les premiers jours. Il ne faut pas monter à la corde et tomber ou faire de la moto… Il faut surtout éviter les chutes, les chocs pendant les premiers jours ou les toutes premières semaines mais ensuite on fait ce que l'on veut".

Ce nouveau pacemaker ne stimule le coeur qu'en cas d'incident, en usant très peu sa précieuse pile. Et lorsque la pile est usée, s'il n'y a pas de nouvelle révolution technologique, un second dispositif peut être placé à côté du premier. Le patient est donc sécurisé pour longtemps.

Pour les jeunes patients, cette innovation est beaucoup plus sûre que les pacemakers classiques : "Les sujets jeunes vont porter des sondes dans le réseau veineux habituellement tout au long de leur vie. Et immanquablement, à un moment donné, les sondes vont ne plus fonctionner correctement, vont casser, il peut y avoir des infections… La capsule, elle, est beaucoup moins problématique puisqu'il n'y a rien sous la peau, rien dans les veines", souligne le Dr Ritter. Il ne manque plus que la décision de remboursement par la Sécurité sociale pour que cette capsule remplace progressivement son prédécesseur.