Infarctus du myocarde : y a-t-il toujours des signes avant-coureurs ?

Selon des données recueillies sur cinq ans en Angleterre, la moitié des décès causés par un infarctus du myocarde sont précédés, dans les semaines précédentes, d'une visite à l'hôpital. Or, dans un tiers de ces cas, aucun diagnostic d'infarctus ne peut être posé par les médecins avant le décès.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Infarctus du myocarde : y a-t-il toujours des signes avant-coureurs ?

Des chercheurs ont réalisé l’analyse de plus de 130.000 dossiers médicaux de personnes décédées d’un infarctus du myocarde en Angleterre entre 2006 et 2010. Dans la moitié des cas, ces personnes s’étaient rendues dans un hôpital dans les quatre semaines précédant leur mort. Un diagnostic d’infarctus avait été posé par le premier médecin rencontré dans 42% des cas, par le deuxième dans 8% des cas, et identifié mais mentionné comme un événement secondaire (comorbidité) à l’origine de l’hospitalisation dans 18% des cas. Restent un tiers des cas pour lesquels aucun infarctus n’est évoqué dans les dossiers (soit un sixième des décès par infarctus du myocarde).

Pourtant, certains dossiers médicaux présentent quelques points communs : "les causes les plus fréquentes d'admission chez les personnes pour lesquels un diagnostic d'infarctus du myocarde n’a pas été posé [mais sont finalement décédées de cette cause] étaient d'autres affections circulatoires, telles que des arrêts cardiaques ou une fibrillation auriculaire, dans 35% des cas", détaillent les chercheurs. "Les troubles respiratoires, tels que la pneumonie et les maladies obstructives chroniques des voies aériennes, concernent 12% des décès". Douleurs thoraciques non spécifiques, dyspnée (difficulté respiratoire), syncope, sont mentionnées dans 6% des cas.

Si ces observations venaient à être confirmées, elles pourraient permettre d’identifier des facteurs de risque d'un infarctus aigu du myocarde, et permettre d’améliorer le suivi de certains patients afin de prévenir leur décès.

Infarctus du myocarde : quels symptômes doivent alerter ?

L'infarctus du myocarde est la première cause de décès au monde, selon l'OMS. En France, il représente encore 10 % des décès. La prise en charge des personnes qui en sont victimes est une véritable course contre la montre… Et pourtant celles-ci attendent encore trop de temps avant d'appeler le Samu, même devant des signes clairement évocateurs de l'infarctus :

  • Les symptômes les plus courants

Le principal symptôme de l'infarctus est la douleur thoracique. Elle est typiquement violente, intense, située derrière le sternum et provoque une sensation de serrement de la cage thoracique. La douleur peut irradier dans le bras gauche, l'épaule ou même la mâchoire, c'est une douleur décrite comme angoissante. Les victimes ressentent aussi une difficulté à respirer.

  • D'autres symptômes qui doivent vous alerter

Parfois, les symptômes sont moins spécifiques, et plus difficiles à reconnaître. Il peut s'agir simplement de douleurs d'irradiations ou de signes digestifs comme des nausées ou des vomissements… La victime peut également perdre connaissance. Sueur, malaise, sensation de chaleur, palpitations peuvent aussi être des signes précurseurs d'un infarctus.

  • L'absence de symptôme

Comme le rappelle l'étude anglaise publiée dans The Lancet Public Health, l'infarctus survient parfois sans symptôme : c'est ce qu'on appelle l'infarctus asymptomatique (sans douleur, sans gêne respiratoire, sans angoisse…). La plupart du temps l'infarctus est alors découvert après coup, à l'occasion d'un électrocardiogramme réalisé par exemple lors d'un bilan de santé.

Toute douleur thoracique évoquant un problème cardiaque doit vous faire penser à l'infarctus du myocarde et vous pousser à contacter le 15 (Samu), le plus rapidement possible. Les statistiques du Samu montrent que les accidents cardio-vasculaires arrivent le plus souvent le matin, un moment de la journée où les gens attendent le plus longtemps avant d'appeler les secours… Et surtout, n'ayez pas peur d'appeler les urgences "pour rien", même si vous n'êtes pas sûr du diagnostic, cela peut sauver une vie !

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Source : Acute myocardial infarction hospital admissions and deaths in England: a national follow-back and follow-forward record-linkage study. P. Asaria et al. Lancet Public Health, 28 fev. 2017. doi:10.1016/S2468-2667(17)30032-4

Intégrant ces observations dans une analyse plus large des données médicales liées à diagnostic d’infarctus du myocarde (diagnostic initial, secondaire, post-mortem…), les chercheurs dressent un second constat. Ils observent que la probabilité de décéder d’une telle cause est – au bas mot – divisée par deux si l’infarctus est identifié dès l’admission à l’hôpital.