Cancers : quelle prise en charge à domicile ?

Les cancers concernent 400 000 Français chaque année. Leur prise en charge à domicile s'impose, aussi bien pour le bien-être des patients que pour des raisons sociétales et économiques.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le
Cancers : quelle prise en charge à domicile ?

Des services hospitaliers surchargés, des équipes débordées, des patients qui préfèrent le confort de leur domicile à une hospitalisation… de nombreuses raisons expliquent la nécessité de favoriser une hospitalisation à domicile, avec l'aide des professionnels de santé libéraux. "Il y a de plus en plus de gens qui vivent avec leur maladie et qui alternent hospitalisations et rémissions, détaille le Pr Di Palma, cancérologue à la tête du service ambulatoire à l'Institut Gustave Roussy. L'idée est de les aider à rester intégrés à la vie sociale."

Une prise en charge méconnue

Les soins à domicile restent pourtant mal connus et les patients ne savent pas toujours vers qui se tourner. Généralistes, infirmiers libéraux et pharmaciens sont en première ligne pour organiser les traitements. D'après le Pr Di Palma, 3 cas de figure relèvent de la prise en charge à domicile : les patients qui prennent un traitement par comprimés d'hormonothérapie ou de chimiothérapie par exemple ; ceux qui nécessitent des soins de type réhydratation ou nutrition, réalisés soit en HAD, soit par une infirmière libérale ; les patients en fin de vie, qui ont besoin d'une prise en charge particulière. "Si l'on ajoute les suites d'opérations chirurgicales, 80% des patients sont concernés directement ou indirectement par la prise en charge à domicile", évalue le cancérologue.

Toutefois, tous les patients ne sont pas concernés par cette prise en charge. "Une visite de pré-retour à domicile est nécessaire, confirme le Pr Di Palma. Ce retour n'est pas toujours une bonne chose et beaucoup de questions se posent. Le patient en est-il capable psychologiquement et socialement ? Quel est son entourage ? Quel est son médecin traitant ? Le pharmacien est-il présent ?" La première étape visera donc à bien préparer le retour à domicile : le patient ne doit pas se retrouver lâché dans la nature et se sentir isolé ou mal pris en charge. C'est toute la complexité des soins à domicile d'assurer un traitement et un suivi optimaux, ainsi qu'un suivi psychologique.

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Un financement et une coordination à améliorer

Dans le cas de l'hospitalisation à domicile, les frais sont pris en charge à 100% par l'assurance-maladie mais il peut y avoir un reste à charge important.  En effet, les aides sociales (rémunération des auxiliaires de vie, aides ménagères, portage des repas,…), certains frais de transports, l'entretien du linge de lit, etc, ne sont pas pris en charge tout comme le matériel médical, fourni par un prestataire. "Dans notre service, nous avons une convention avec un prestataire qui s'engage à signer une prise en charge à 100%. Mais c'est vrai que c'est un domaine dans lequel les comportements ne sont pas toujours très éthiques…" regrette le Pr Di Palma.

Le travail des professionnels de santé nécessite d'être davantage reconnu, promu et indemnisé quand ils s'occupent des patients à domicile (appels du patient et de son généraliste par exemple). "La télémédecine et les outils connectés sont certainement un moyen de gagner du temps et d'améliorer le suivi, en sachant que ce n'est qu'un outil entre les structures hospitalières et libérales" suggère le cancérologue. Il estime impérative une coordination entre tous les professionnels de santé pour lutter contre les inégalités sociales, psychologiques et financières. "C'est un point très important dans la lutte contre les inégalités sociales liées et la prise en charge des cancers", conclut-il.