Cancer du col de l’utérus : l’Irlande s’excuse pour les dépistages tardifs

Le gouvernement irlandais s’est excusé auprès des femmes diagnostiquées tardivement du cancer du col de l’utérus suite à des "ratés" dans le programme national de dépistage.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Cancer du col de l’utérus : l’Irlande s’excuse pour les dépistages tardifs

Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a présenté le 22 octobre des excuses officielles aux femmes diagnostiquées tardivement du cancer du col de l'utérus en raison de ratés dans un programme national de dépistage.

En effet, une étude des frottis menés sur environ 1.500 patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus diagnostiqué entre 2008 et 2018 a révélé que des tests de dépistage antérieurs effectués sur environ 200 femmes auraient pu permettre un diagnostic plus précoce.

A lire aussi : Dépistage, vaccination : les pistes pour éradiquer le cancer du col de l’utérus selon Santé publique France

"Nous nous excusons auprès de celles dont la vie a été bouleversée"

La presse irlandaise rapportait l'an dernier qu'une vingtaine de femmes étaient décédées après avoir été diagnostiquées avec retard et s'être battues contre le cancer.

"Au nom de l'Etat, je présente mes excuses aux femmes et à leurs proches qui ont souffert de nombreux manquements dans la manière dont le dépistage du cancer du col de l'utérus a été mené dans notre pays pendant de nombreuses années", a déclaré Leo Varadkar au Parlement irlandais. "Nous nous excusons auprès de celles dont la vie a été bouleversée, à celle dont la vie a été détruite et à celles dont la vie aurait pu être différente", a-t-il ajouté.

Le procès Vicky Phelan à l’origine du scandale irlandais

"Le test de dépistage aurait pu donner un résultat différent ou un avertissement d'augmentation du risque ou de la présence d'un cancer", a de son côté déclaré le programme irlandais Cervical Check dans un communiqué publié en mai 2018.

Un scandale avait éclaté suite au cas de Vicky Phelan, une patiente atteinte de cancer dont le diagnostic en 2014 avait été tardif, en raison d'une analyse de frottis inexacte en 2011. Vicky Phelan a intenté un procès contre le responsable irlandais des services de santé et un laboratoire devant la cour suprême du pays, gagnant 2,5 millions d'euros en justice contre le laboratoire. Elle a refusé de signer un accord de confidentialité et les défaillances du programme ont été rendues publiques en avril 2018.

"Système voué à l’échec"

Une enquête publiée en septembre 2018 avait révélé "une défaillance de l'ensemble du système". Présentant des excuses à "celles qui sont décédées et ne peuvent pas être ici", Leo Varadkar a qualifié le programme national de dépistage de "système voué à l'échec". Il a évoqué "un service déficient, des promesses non tenues, des vies brisées - une débâcle qui a laissé un pays le coeur brisé."

Frottis et tests HPV en France

Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus permet de détecter les lésions précancéreuses, afin de les traiter avant qu’elles n’évoluent en cancer. En France, le dépistage par frottis cervico-utérin est recommandé chez les femmes de 25 à 65 ans tous les trois ans, après deux frottis normaux réalisés à un d’intervalle.

Depuis le mois de juillet, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de favoriser le test HPV – qui repère la présence de papillomavirus à risque de cancer – plutôt que le frottis – qui identifie la présence de lésions dues à ces virus – pour le dépistage des femmes âgées de plus de 30 ans.