Le skyr, un produit laitier aux bienfaits exagérés ?

Le skyr, produit laitier d’origine islandaise, serait jugé "trop cher" par rapport à ses éventuels bienfaits, estime l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir.

Alexis Llanos
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Le skyr coûte trois à six fois plus cher qu’un fromage blanc allégé, produit laitier qui s’en rapproche le plus.
Le skyr coûte trois à six fois plus cher qu’un fromage blanc allégé, produit laitier qui s’en rapproche le plus.  —  Shutterstock

Tel un viking conquérant un nouveau territoire, le skyr, spécialité laitière islandaise, s’est imposé dans nos supermarchés aux côtés des yaourts, fromages blancs et autres fromages frais. De nombreuses marques se sont emparées du phénomène et ont vendu leurs propres produits, souvent à prix d’or : on en trouve autour de neuf euros le kilo, soit entre trois et six fois plus cher qu’un fromage blanc allégé, produit laitier qui s’en rapproche le plus.

"Riche en protéines", "pauvre en matières grasses", "consommé depuis 1000 ans en Islande", peut-on lire sur les emballages de ces produits. Mais qu’est-ce qui justifie un prix aussi élevé ? C'est la question que s’est posée l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir.

Un apport en protéines superflu

Le skyr contient en moyenne 30 % de protéines en plus qu’un fromage blanc allégé. Cependant, cette teneur en protéines pourrait être superflue pour la plupart des sociétés occidentales. “La grande majorité des Français, y compris les végétariens, ingèrent largement assez de protéines”, déclare à l’association Stéphane Walrand, chercheur en nutrition humaine à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).

“Notre consommation équivaut généralement à celle recommandée pour les sportifs d’endurance. Il est donc rarement utile de l’augmenter, même en cas de pratique régulière d’une activité physique, confirme Claire Gaudichon, experte en nutrition et comportement alimentaire au sein du même Institut.

Un effet coupe-faim remis en cause

Ce produit laitier islandais aurait également un rôle coupe-faim, dû aux protéines qu’il contient. Cependant, cet effet ne serait pas clairement démontré. De plus, “la plupart des études qui le suggèrent ne l’observent pas en deçà d’une teneur de 20 g par portion”, précise à l'UFC-Que Choisir Anestis Dougkas, spécialiste des protéines laitières à l’institut Lyfe. Par portion, les skyrs apportent entre 2 ou 3 g de protéines de plus que la moyenne des fromages allégés. Une différence “insuffisante pour avoir un effet sur la satiété”, conclut Anestis Dougkas.

Autre effet à prendre en compte : la texture. Plus le taux de protéines augmente, plus la texture de ce produit s’épaissit. Or, plus la texture est épaisse, plus la quantité consommée diminue généralement. En consommant un skyr riche en protéines, il n'est donc pas garanti d’en ingérer plus qu’en prenant un simple yaourt allégé.

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Favoriser son produit favori… en augmentant les doses

Yaourts nature, fromages blancs, fromages frais et skyrs : “ils sont tous autant favorables au maintien d’un poids sain”, assure Anestis Dougkas. Consommer simplement en plus grande quantité le produit que l’on a l’habitude de prendre suffirait donc à obtenir les mêmes effets que le skyr… et souvent, à moindre coût !

“Les seuls pour lesquels les skyrs pourraient être un peu utiles sont les seniors”, estime Stéphane Walrand. En effet, les personnes de plus de 60 ans consomment souvent peu de protéines, ce qui participe à la fonte musculaire liée à l'âge. Tout apport protéique sera dans ce cas un atout dans le cadre d'une alimentation équilibrée.

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Skyr, un allié minceur venu du froid  —  Le Magazine de la Santé - France 5