Vignerons : comment éviter la souffrance au travail

Selon une étude publiée récemment par l'Institut de veille sanitaire, 57% des travailleurs de l'agriculture déclarent souffrir de symptômes musculo-squelettiques. Cette étude a été réalisée dans cinq départements et sur plus de 1.000 agriculteurs exploitants et ouvriers agricoles. Il s'agit de la première étude de grande ampleur sur ce problème dans le monde paysan. En fonction des métiers, les troubles sont différents et spécifiques.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le

Qu'il pleuve ou qu'il vente, les vignerons travaillent dans leurs vignes une grande partie de l'année. Entre décembre et avril, il faut préparer les pieds pour la saison prochaine. Un travail rude et répétitif qui met les corps à l'épreuve. En 2014, près de 5.000 travailleurs agricoles ont obtenu une reconnaissance de maladie professionnelle pour des troubles musculo-squelettiques. Cela représente 93% des maladies professionnelles reconnues par la mutualité sociale agricole.

Au début du printemps, les vignerons ont trois gestes spécifiques à effectuer : attacher le pied de vigne, rabattre la branche sur un fil de fer et enfin ramasser les tiges tombées par terre. Et comme les troubles musculo-squelettiques viennent souvent de la répétition des gestes, il faut essayer de trouver des solutions.

"Les conséquences de ces TMS peuvent être très graves sur l'avenir professionnel de la personne. D'abord au niveau de la santé parce que cela entraîne des douleurs, des inflammations qui doivent être soignées, il faut donc un traitement médical. Et souvent les TMS nécessitent un arrêt de travail, une mise au repos, traitements médicamenteux voire parfois une chirurgie", explique le Dr Bernard Ladepeche, médecin chef santé au travail MSA Gironde. 

Laurent Rousseau, un exploitant qui a été opéré des deux canaux carpiens, a décidé d'améliorer les postes de travail de ses salariés. Première étape : le sécateur, l'outil de base du vigneron. Si quelques employés continuent ponctuellement d'utiliser un sécateur manuel, ils sont désormais tous équipés d'un sécateur électrique comme dans l'immense majorité des exploitations. Grâce à cet outil, le canal carpien est protégé mais comme le travail reste répétitif, des douleurs peuvent apparaître sur d'autres parties du corps (coude, épaule). Pour soulager le poids du sécateur, un gilet permet de répartir la charge du sécateur. Autre aménagement : l'achat de tracteurs adaptés pour prévenir les douleurs dorsales.

Pour diminuer le risque de troubles musculo-squelettiques, les médecins préconisent enfin d'adapter les cadences et de proposer aux salariés des formations de prévention.