Tendinites : à traiter vite pour éviter la rechute

La tendinite est cette sensation de brûlure qui apparaît le plus souvent dans le coude, le poignet, l'épaule ou le talon. Elle est particulièrement courante chez les sportifs amateurs ou professionnels. Mais même si vous passez vos journées assis devant un écran d'ordinateur, vous pouvez être concernés !

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Tendinites : à traiter vite pour éviter la rechute

Qu'est-ce qu'une tendinite ?

Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent les tendinites
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent les tendinites

Jambes, épaules, poignets, coudes... Peu importe sa localisation, la tendinite peut facilement nous gâcher la vie. À l'origine de cette douleur des tendons, il y a parfois un choc, ou la répétition de mouvements dans une mauvaise posture...

Le tendon est une attache, une sorte de bandelette qui relie les muscles aux os qu'ils doivent faire bouger. Les tendons sont composés d'un tissu très riche en fibres de collagène, ce qui leur permet de transmettre aux os la force produite par la contraction des muscles.

Il existe deux sortes de tendons : les tendons sans gaine, comme celui du biceps du bras, et les tendons entourés d'une gaine. Les tendons de la main sont par exemple entourés par une gaine synoviale. Cette gaine sécrète un liquide (le liquide synovial) qui lubrifie l'articulation et favorise les mouvements.

Les mouvements répétitifs ou prolongés, les efforts soutenus... peuvent abîmer les tendons, à la manière d'une corde qui "s'effiloche" ou entraîner une friction entre le tendon et sa gaine. Ces changements déclenchent une réaction inflammatoire. Elle se traduit par une douleur et un gonflement du tendon atteint. Mieux vaut s'en occuper rapidement avant que la tendinite ne devienne chronique car, dans ce cas, la prise en charge est plus compliquée.

Comment diagnostique-t-on une tendinite ?

Pour diagnostiquer une tendinite, on procède souvent à une échographie
Pour diagnostiquer une tendinite, on procède souvent à une échographie

Il ne faut pas prendre la tendinite à la légère. D'abord simplement gênante, cette douleur peut rapidement gâcher la vie. D'où la nécessité de diagnostiquer dès que possible une tendinite.

Pour diagnostiquer une tendinite, un examen clinique et une échographie doivent être réalisés. L'échographie permet d'avoir une vision globale des éventuelles lésions des tendons.

Comprendre l'origine de la tendinite pour mieux la prendre en charge

Pour prendre en charge correctement les tendinites, en comprendre l'origine est indispensable. À ce titre, les nouvelles technologies offrent des perspectives intéressantes.

Pour comprendre l'origine d'une tendinite, des laboratoires d'analyses du mouvement proposent à des patients de participer à un protocole de recherche en biomécanique.

Après un examen clinique, le patient passe une radio. Bassin, genoux, chevilles, pieds… sont repérés à l'aide de capteurs. Son corps est entièrement scanné en 2D et 3D simultanément de face et de profil. Cette radio permet d'avoir une image très précise du corps du patient.

Pour enregistrer le corps en mouvement du patient, des capteurs supplémentaires sont positionnés. Une fois le dispositif en place, sous l'oeil de huit caméras, chaque pas du patient est enregistré sous tous les angles. Marche tranquille ou petites foulées, les actions de différentes intensités sont enregistrées. Elles permettent d'analyser plus précisément le mouvement du patient mais aussi la force d'impact de ses pas.

Les enregistrements combinés aux images radiologiques en 3D permettent de créer le clone virtuel du patient. Toutes les données sont ensuite analysées par un logiciel de simulation anatomique. Le but des modélisations est de tester plusieurs types de prises en charge afin de déterminer la plus adaptée. D'ici quelques années, ces simulations devraient être accessibles au grand public.

Le traitement des tendinites chez les sportifs de haut niveau

Electrothérapie, cryothérapie, ondes de choc... l'INSEP dispose de plusieurs moyens pour traiter les tendinites.
Electrothérapie, cryothérapie, ondes de choc... l'INSEP dispose de plusieurs moyens pour traiter les tendinites.

Pour les sportifs de haut niveau, le service médical de l'INSEP (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) dispose de tout un arsenal de moyens pour soigner les tendons douloureux.

L'électrothérapie consiste à utiliser un faible courant à haute fréquence pour aider les muscles du tendon à se réparer. Le traitement d'électrothérapie doit par ailleurs être associé à des étirements. Les muscles de l'articulation devant être sollicités pour pouvoir stabiliser l'articulation.

Le traitement par ondes de choc est également proposé depuis une dizaine d'années. Le point douloureux est d'abord repéré par échographie pour permettre au médecin de mieux localiser l'endroit à traiter. Des ondes de haute pression émises par une source electro-magnétique sont ensuite envoyées. L'objectif : créer des micro-lésions sur la partie abîmée du tendon. Cela entraîne une vascularisation de la zone traitée qui cicatrise plus rapidement. Le traitement dure entre trois et six séances de durée variable.

Pour accélérer le processus de cicatrisation, un traitement par cryothérapie peut être proposé aux sportifs. La cryothérapie est un excellent anti-inflammatoire local et elle doit permettre une meilleure cicatrisation du tendon. Cette nouvelle technique encore expérimentale donne des résultats très positifs.

Tendinites : les injections de toxine botulique

En cas de tendinite, le repos est nécessaire pour récupérer toutes ses capacités. Mais l'immobilisation complète du tendon est rarement possible. L'utilisation de la toxine botulique peut résoudre le problème.

Un essai thérapeutique est actuellement en cours. Objectif : tester les propriétés de la toxine botulinique. "Le but de l'injection de toxine botulique est de paralyser le muscle. Le muscle étant paralysé, il tirera beaucoup moins sur le tendon et le tendon aura ainsi le temps de cicatriser pendant une période de trois mois, où la toxine a un effet", explique le Dr Guillaume Paris, médecin du sport. 

L'injection de toxine botulinique est réalisée à l'aide d'une échographie pour contrôler que l'aiguille n'abîme pas de nerf ou d'artère. En injectant de la toxine botulinique dans le muscle, ce dernier s'immobilise et se détend. Une fois totalement relaxé, il ne sollicite plus le tendon qui est donc au repos forcé. 

Depuis un an, près d'une centaine de patients ont participé à ce protocole de recherche. Si les résultats sont bons, la toxine botulinique pourrait être autorisée d'ici 2020 pour le traitement des tendinites.

Tendinites : les infiltrations de corticoïdes

La tendinite du moyen fessier est souvent responsable de douleurs à la hanche. Pour la traiter, des infiltrations de corticoïdes peuvent être proposées.

L'infiltration a lieu en deux temps sous contrôle échographique. Le premier produit infiltré est un anesthésiant. Le médecin procède ensuite à l'infiltration des anti-inflammatoires : "Les corticoïdes permettent d'avoir un effet plus prolongé, antalgique pour soulager la tendinite", explique le Dr François Segretin, médecin de médecine physique et de réadaptation.

Les infiltrations de corticoïdes permettent de soulager les patients pendant trois à six mois. En complément de ce traitement, les patients doivent suivre des séances de rééducation fonctionnelle.

Tendinites : le traitement chirurgical

La chirurgie est le dernier recours pour traiter une tendinite très invalidante et résistante à tous les autres traitements.

Injections PRP : traiter les tendinites avec son propre sang

Une fois centrifugé, le sang prélevé sur le patient est injecté à l'endroit de la lésion
Une fois centrifugé, le sang prélevé sur le patient est injecté à l'endroit de la lésion

Quand les tendinites résistent à la kinésithérapie, aux médicaments et à la mise au repos, une autre solution peut être proposée, le PRP qui signifie plasma riche en plaquettes. Il s'agit d'une injection de sérum sanguin dans le tendon abîmé. C'est une technique encore réservée à 80% aux sportifs, même si l'on commence à la proposer à tous.

Une petite quantité de sang est prélevée et est ensuite centrifugée afin de séparer le plasma des globules rouges. Le médecin récupère le sérum de ce plasma. Sous contrôle échographique, ce sérum est injecté au niveau du tendon abîmé. Le plasma enrichi en plaquettes libère des facteurs de croissance qui favorisent la prolifération cellulaire et donc la cicatrisation du tendon.

Tendinites : la rééducation, une étape essentielle

Séance de kinésithérapie pour un patient souffrant d'une tendinite de l'épaule
Séance de kinésithérapie pour un patient souffrant d'une tendinite de l'épaule

Dans le cas d'une tendinite de l'épaule, la rééducation est essentielle. "La rééducation d'une tendinopathie de l'épaule consiste à faire travailler la capsule articulaire, qui est une petite enveloppe qui englobe à 80% l'articulation de l'épaule et qui peut être rétractée. Et si elle est rétractée, on aura une diminution d'amplitude. Une fois qu'on aura calmé la douleur, on va pouvoir gagner en amplitude et renforcer pour stabiliser l'épaule et la mécanique de l'épaule", explique Benjamin Coisy, kinésithérapeute.

Outre les massages et les manipulations, le renforcement musculaire global de l'épaule est également très important car l'articulation est tenue majoritairement par des muscles. Et si un muscle est plus faible ou trop fort, en fonction de l'activité, "cela peut dérègler toute la mécanique de l'épaule".

En fin de séance, pour calmer l'inflammation due à la sollicitation de l'épaule, le kinésithérapeute utilise la cryothérapie pendant une dizaine de minutes. Pour rééduquer une tendinite de l'épaule, il faut compter en moyenne une trentaine de séances.