Arthrose du genou : la rançon de la sédentarité ?

L’analyse de squelettes datant de plusieurs centaines d’années révèle qu’à âge égal, nous sommes beaucoup plus sujets à l’arthrose du genou que nos ancêtres. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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En quelques décennies, nos modes de vie ont profondément changé, non sans conséquences – positives ou non – sur notre qualité de vie. Une nouvelle illustration en a été apportée, mi-août, par une étude publiée dans les Proceedings of the National Academy of Science. Des chercheurs nord-américains et finlandais ont analysé plusieurs centaines de squelettes d’adultes de plus de cinquante ans, dont les propriétaires étaient décédés durant la seconde moitié du XXe siècle (819 squelettes), au XIXe siècle (1581 squelettes), ou à des époques beaucoup plus anciennes : de trois à soixante siècles d’âge (176 squelettes) !

Les chercheurs ont scruté les articulations des genoux à la recherche de traces d’usure caractéristiques de l’arthrose. Leur constat est sans appel : à âge égal, nous sommes beaucoup plus sujets à l’arthrose que nos ancêtres. Sur les échantillons étudiés, les chercheurs ont dénombré 2,1 fois plus de cas d’arthrose sur les ossements récents que sur les autres. En extrapolant ces données à la population générale, il apparaît vraisemblable que la prévalence de l’arthrose du genou, à un âge donné, a été au moins multipliée par 1,5 et au plus multipliée par 3,1 entre le début de l’ère industrielle et la seconde moitié du vingtième siècle.

Le facteur de l’âge étant pris en compte dans cette étude, quels autres phénomènes pourraient expliquer ces données ? L’augmentation de l’indice de masse corporel (IMC) moyen, lié à celle du poids appliqué sur nos genoux ? L’analyse détaillée des données laisse entendre qu’il s’agit là de l’une des variables du problème, mais que d’autres paramètres pourraient entrer en ligne de compte.

Ils notent que diverses hypothèses explicatives – dont aucune n’est encore définitivement confirmée – ont été proposées par d’autres chercheurs. Ils évoquent notamment le fait que "les individus moins physiquement actifs qui chargent leurs articulations développent moins un cartilage plus mince […], ainsi que des muscles [susceptibles de stabiliser les genoux, et donc de les protéger] plus faibles." Cette inactivité physique pourrait également favoriser certains phénomènes inflammatoires. Le développement de la marche sur des trottoirs durs ou l’évolution de la forme des chaussures constituent également des voies d’étude pour de futures recherches.

Les auteurs de cette étude se veulent prudents. Les données dont ils disposent correspondent à l’IMC des individus à la date de leur décès, qui ne renseigne pas sur le poids de l’individu au cours de sa vie. Les informations relatives aux statuts socio-économiques des différents individus étudiés sont incomplètes, ce qui augmente le nombre d’inconnues dans l’équation.

la rédaction d'Allodocteurs.fr

Source : Knee osteoarthritis has doubled in prevalence since the mid-20th century. I.J. Wallace et al. PNAS vol. 114 n°35, pages 9332–9336 doi:114/35/9332.full