La cornemuse était empoisonnée

Sa passion pour la cornemuse lui a été fatale… Un Britannique de 61 ans est mort d'avoir trop joué de son instrument, contaminé depuis des années par des champignons.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
La cornemuse était empoisonnée
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Tous les jours, le défunt jouait un air de cornemuse, sans se douter qu'il tenait entre ses mains un instrument mortel. Un sexagénaire britannique est mort en 2014, après avoir inhalé des champignons qui avaient poussé dans sa cornemuse, faute de nettoyage, rapporte la revue BMJ Thorax, le 22 août.

Depuis sept ans déjà, l'homme se plaignait de toux sèche. Et il ne pouvait plus faire 20 mètres sans être à bout de souffle. En 2009, les médecins lui diagnostiquent une pneumopathie d'hypersensibilité. La maladie intrigue, car elle touche en général les poumons de personnes exposées à des polluants environnementaux ou à des poussières.

Les alvéoles pulmonaires sont irritées par ces agents extérieurs, qui provoquent une réaction immunitaire. La pneumopathie d'hypersensibilité est bien connue des éleveurs d'oiseaux, exposés aux plumes et aux déjections. Mais, l'homme vit lui dans un environnement sain, sans moisissures ni oiseaux. 

La cornemuse renfermait une culture de champignons

Le musicien est traité, mais les symptômes s'aggravent. Seuls trois mois passés en Australie, loin de sa cornemuse, lui offrent un moment de répit. En septembre 2014, de retour en Grande-Bretagne, il est finalement admis à l'hôpital, avec un essoufflement important et un faible taux d'oxygène dans le sang. Il meurt un mois plus tard.

Comme aucune cause environnementale n'explique, a priori, l'état du Britannique, les médecins décident de se pencher sur son hobby quotidien : la cornemuse. Ils découvrent alors, à l'intérieur de l'instrument, une culture florissante de champignons, responsables de la pneumopathie. Ainsi, malgré le traitement, la cornemuse meurtrière avait déjà fait son œuvre.

Tous les instruments à vent peuvent être concernés !

Traditionnellement conçue en peau de mouton, la poche de la cornemuse peut également être faite de matériaux synthétiques. Mais ces derniers n'empêchent pas l'accumulation d'humidité, terrain préféré des moisissures. C'est la première fois que les scientifiques montrent qu'il est possible de s'empoisonner avec une cornemuse.

Trompettistes et saxophonistes, ne vous sentez pas à l'abri des champignons ! "Les instruments à vent de tout type pourraient être contaminés par des levures et des moisissures qui agissent comme un déclencheur potentiel pour la pneumopathie d'hypersensibilité", mettent en garde les auteurs.

"Les joueurs d'instruments à vent doivent comprendre l'importance de les nettoyer régulièrement", ajoutent-ils. Le Centre National de la Cornemuse de Glasgow n'a pas manqué de réagir à l'affaire, conseillant sur la BBC à tous les amateurs de biniou de "passer un bon coup de coton après chaque utilisation".

Source : Bagpipe lung : a new type of interstitial lung disease? J. King et al. BMJ - Thorax, août 2016. doi:10.1136/thoraxjnl-2016-208751