Infection respiratoire à Mycoplasma pneumoniae : quand s'inquiéter ?

Les autorités sanitaires alertent sur la circulation accrue de la bactérie Mycoplasma pneumoniae en France. Reportage au CHU de Bordeaux, qui surveille étroitement ce germe responsable d'infections respiratoires sévères.

Géraldine Zamansky
Rédigé le
Une bactérie sous haute surveillance !
Une bactérie sous haute surveillance !  —  Le Mag de la Santé - France 5

Thomas va beaucoup mieux qu’à sa première arrivée à l’hôpital il y a un mois sur un brancard, à bout de souffle. Des semaines auparavant, son état s’était aggravé jusqu’au stade de la pneumonie"Ça a commencé par une angine, je pensais que j’avais trop forcé la voix au travail", raconte le jeune homme de 23 ans.

"Sauf que ça s'est transformé en bronchite, avec les poumons pris et de la fièvre. J'ai senti qu’il se passait quelque chose qui n’était pas comme d'habitude. Je régulais mon cycle de respiration pour qu'il soit court, pour ne pas trop gonfler mes poumons, sinon je m'étouffais", confie-t-il aujourd'hui.

Un essoufflement caractéristique

Devant les premiers symptômes, le généraliste de Thomas a pensé à un virus. Mais, la coupable était la bactérie Mycoplasma pneumoniae qui aime proliférer dans les poumons.

"Les sommets de vos poumons ne sont pas atteints" rassure le Pr Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux. Mais plus bas, il décrit "un aspect un peu grisâtre, ce qui est typique de la pneumonie à mycoplasme".

Ce qui explique les symptômes de Thomas : "Comme il y a une atteinte assez diffuse et bilatérale, vous aviez du mal à oxygéner votre sang d'où cet essoufflement et ce besoin en oxygène pendant cinq jours", décrit le spécialiste.

Quels sont les signes d'alerte de l'infection à Mycoplasme ?

En plus de ces signes atypiques de pneumonie, sans douleur aigüe dans le poumon, cette bactérie provoque d’autres symptômes originaux : "Dans un quart des cas, il peut y avoir des signes en dehors du poumon, sur la peau, le plus fréquemment avec des boutons", liste le Pr Cazanave.

"Très rarement, mais c'est ce qui fait le pronostic un peu sévère de cette pathologie, ce sont les atteintes neurologiques. Si vous voyez qu'un jeune enfant a des signes respiratoires avec un comportement altéré, il faut vraiment avoir le réflexe d'aller consulter rapidement son médecin, son pédiatre pour avoir un avis d’expert, c'est très rare, il ne faut pas paniquer, mais il ne faut pas passer à côté", poursuit-il.

En général, les enfants ont un simple rhume à cause de cette bactérie et ils la transmettent facilement à travers des postillons. Comme les défenses immunitaires ont été affaiblies pendant les années Covid avec le port du masque et les gestes barrières, la propagation est de plus en plus rapide.

Un diagnostic par test PCR

"Ça s'est emballé depuis début novembre. On passait d'une série de 10 échantillons par semaine et là, on est à 100 échantillons pour le CHU de Bordeaux pour lequel on va détecter l'infection à Mycoplasma pneumoniae. Malheureusement, le diagnostic ne peut pas se faire en ville parce que la PCR n'est pas remboursée", souffle la Pre Cécile Bébéar, cheffe de service du laboratoire de bactériologie au CHU de Bordeaux.

L’équipe espère donc un remboursement très rapide de ce test qui peut se faire par un simple prélèvement dans le nez, la gorge ou sur les crachats.

Comment soigner une infection à Mycoplasme ?

C’est urgent, pour garder un usage ciblé et efficace des antibiotiques adaptés, appelés macrolides. "Mycoplasma pneumoniae peut résister aux macrolides et notamment, on a décrit des taux de résistance en Asie du Sud-Est et en Chine qui, avant le COVID, pouvait monter jusqu'à 80 %. Ça n'est absolument pas le cas en France. Actuellement, on a un taux de résistance qui est de l'ordre de 3 % mais, il faut le suivre", s'inquiète la Pre Bébéar.

À chaque fois qu’une de ces bactéries est identifiée en France, elle est envoyée ici pour savoir, très vite, si elle résiste aux antibiotiques.