L'avortement : quels délais, quelles méthodes ?

Une femme sur trois aurait déjà eu recours à une IVG, une interruption volontaire de grossesse au cours de sa vie. Le sujet reste pourtant toujours un tabou. Dans quels délais peut-on avorter ? Quelles sont les méthodes utilisées ? On vous explique.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
IVG : des sites pour vous orienter
IVG : des sites pour vous orienter  —  Le Mag de la Santé - France 5


Quarante-huit ans après sa légalisation en France par la loi Veil promulguée en 1975, l'interruption volontaire de grossesse (IVG) reste un sujet tabou. Si selon un récent sondage IFOP réalisé en 2022, 80 % des Français y sont favorables, le droit à l'avortement n'a jamais été aussi fragile.

En France, 220 000 interruptions volontaires de grossesse ont été réalisées en 2020, un nombre en léger recul par rapport à 2019. Les femmes de 20 à 29 ans sont les plus concernées et il persiste des écarts régionaux importants, selon la DREES. Une femme sur trois avorte au moins une fois dans sa vie. Pourtant, pour certaines femmes, le recours à cette intervention médicale comporte de nombreux obstacles.

Comment se passe une IVG ?

Il existe deux méthodes pour faire une IVG, soit de façon médicamenteuse, possible jusqu'à 7 semaines de grossesse (9 semaines d'aménorrhée, l'absence de règles), soit de façon chirurgicale jusqu'à 14 semaines de grossesse (16 semaines d'aménorrhée).

L'IVG médicamenteuse : deux comprimés à prendre

La méthode médicamenteuse consiste à prendre deux comprimés à 24 ou 48 heures d'intervalle. 

La pilule dite "abortive" connue sous le nom de mifépristone agit sur les récepteurs de l'hormone de la grossesse, la progestérone, et bloque son effet. Ce premier comprimé a pour effet d'interrompre la grossesse, il est pris en présence d'un médecin.

48 heures plus tard, un deuxième comprimé à base de prostaglandine, le misoprostol ou le géméprost, va permettre de dilater le col et de déclencher les contractions pour évacuer l'oeuf. Les saignements peuvent durer une dizaine de jours et les douleurs peuvent être soulagées par un antalgique ou un antispasmodique.

L'IVG médicamenteuse peut être réalisée jusqu'à la septième semaine de grossesse (9 semaines depuis les dernières règles) dans le cadre d'une hospitalisation. La pharmacie délivre les médicaments sans frais et anonymement.

L'IVG chirurgicale : sous anesthésie

Cette méthode est possible jusqu'à 14 semaines de grossesse, soit 16 semaines après le début des dernières règles. Le contenu de l'utérus est aspiré

C'est une intervention qui peut se dérouler sous anesthésie générale de quelques minutes ou sous anesthésie locale. Un traitement complémentaire est prescrit quelques jours après l'opération, afin d'éviter la formation de caillot sanguin et d'évacuer ceux qui se seraient formés.

Deux consultations sont nécessaires : l'une auprès du médecin de son choix pour être informée, l'autre auprès du médecin réalisant l'IVG. Une consultation psycho-sociale est nécessaire pour les mineures.

L'avortement, un acte gratuit

L'IVG est intégralement remboursée par l'Assurance Maladie, de même que l'ensemble des examens liés à l'IVG. Les mineures n'ont pas besoin d'une autorisation parentale pour bénéficier d'une IVG. Elles doivent toutefois être accompagnées par un adulte, qui peut être extérieur à la famille.

Aujourd'hui, les femmes peuvent avoir recours à une IVG médicamenteuse sans hospitalisation, jusqu'à la fin de la cinquième semaine de grossesse dans un cabinet de ville ou un centre de plannification, ou sept semaines de grossesse dans un établissement de santé.

Les sages-femmes peuvent effectuer une IVG médicamenteuse, et depuis mars 2022, une IVG chirurgicale à l'hôpital jusqu'à 10 semaines de grossesse.

À lire aussi : Je pense être enceinte, comment le vérifier ?

IVG, quels sont les risques ?

Une interruption volontaire de grossesse fait courir un risque d'infection se manifestant par une fièvre à 38°C, des douleurs et des vertiges. Ces effets secondaires ne sont censés durer que quelques heures. Un autre risque est celui de l'échec de la procédure : celui-ci reste rare car le taux de succès est de plus de 95%.

Les saignements peuvent durer une quinzaine de jours avec la méthode médicamenteuse, une dizaine de jours avec la méthode chirurgicale. Ils sont censés être peu abondants. 

En cas de saignements abondants (par exemple nécessité de changer de serviette toutes les 30 minutes pendant plus de deux heures), de crampes abdominales ou de fièvre persistantes, il est indispensable de consulter un professionnel de santé en urgence.

En revanche, il n'y pas de risque de devenir stérile. Raison pour laquelle il est indispensable de mettre en place une contraception efficace rapidement après l'IVG. La consultation de suivi sera le moment d'en parler avec son médecin.

Le droit à l'IVG est menacé

Selon le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, "5% des établissements publics et 48% des établissements privés pratiquant l'IVG ont fermé ces dix dernières années, soit plus de 130 établissements au total". De plus, "37% des gynécologues partiront à la retraite dans les cinq ans". Le Haut conseil déplore "l'absence d'une relève militante".

Conséquence de ce désengagement : les délais s'allongent pour les femmes qui souhaitant avorter.

Les difficultés d'accès à l'IVG dans certains territoires font que parfois, le délai légal de 12 semaines de grossesse (14 semaines d'aménorrhée) est dépassé. Une situation qui s'est exacerbée avec la pandémie de Covid-19, d'où les modifications des délais (7 semaines de grossesse pour l'IVG médicamenteuse, 14 semaines de grossesse pour la chirurgicale).

Si le nombre d'avortements en France est stable, ce n'est pas le cas du nombre des établissements de santé qui l'exercent. En 2010, 571 établissements déclaraient une activité d'IVG en France métropolitaine, contre 588 en 2009. Et c'est le secteur privé qui se désinvestit majoritairement de la pratique, qu'il considère comme peu rentable : la part du public est passée de 65 % en 1995 à 70 % en 2005 pour atteindre 77 % depuis 2008.

IVG : un droit menacé  —  Le Magazine de la Santé - France 5

En savoir plus

· IVG : que dit la loi ? 
· Les IVG médicamenteuses désormais accessibles par téléconsultation 
· États-Unis : dans quels États l’avortement est-il désormais illégal ?
· Droit à l'avortement : un long combat
· Les avortements non sécurisés encore trop nombreux dans le monde 

Des numéros de soutien et d'écoute

· Sexualité, contraception, IVG...
Le site internet ivg-contraception-sexualites.org
Numéro Vert : 0800 08 11 11    

· Fil Santé Jeunes
Service d'écoute anonyme et gratuit, de 8 h à 0 h : 0 800 235 236  

· Ecoute, sexualité et contraception
Numéro Vert : 0 800 803 803  

· Mouvement français pour le planning familial 
01 48 07 29 10 Pour trouver toutes les permanences d'information et les centres réalisant des IVG.   
 
· Info IVG Ile-de-France
01 47 00 18 66 (du lundi au vendredi de 12 h à 19 h)