Arrêt du Cytotec : l'IVG menacée ?

Le laboratoire Pfizer a décidé d’arrêter aujourd’hui la commercialisation en France du Cytotec. Une nouvelle qui suscite l'inquiétude des gynécologues.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Il a été conçu pour traiter les ulcères et les problèmes gastriques. Mais le Cytotec a été détourné de son usage en gynécologie. Pour déclencher les accouchements ou en cas d’IVG médicamenteuse notamment. Ce médicament contient en effet une molécule capable de provoquer des contractions de l’utérus. Mais depuis des années, des associations de patients dénoncent de graves effets secondaires.

De graves complications 

En 2007, Anne Loirette est enceinte de son premier enfant, Guillaume. Le terme est dépassé… les médecins déclenchent le travail avec au Cytotec. Son accouchement est très violent. « Les contractions étaient tellement fortes que mon bébé n’était plus oxygéné. Les médecins ont donc du réaliser une césarienne en urgence. Finalement, mon enfant n’a pas eu de séquelles, mais moi, j’ai fait une grosse hémorragie», confie-t-elle. Aurélie Joux elle, a eu l’utérus déchiré, et son fils Timéo est handicapé à vie. Ces deux mères se sont battues pour que le Cytotec ne soit plus utilisé pour déclencher les accouchements.

Le laboratoire Pfizer a été beaucoup plus loin. Il a décidé d’arrêter la commercialisation du Cytotec en France, y compris pour les IVG médicamenteuses. Une décision qui dépasse le combat de leur association.  «Nous demandions l’interdiction du Cytotec dans le déclenchement de l’accouchement. Précisément de l’accouchement à terme sur fœtus vivant. Nous savons très bien que dans certaines situations, l’interruption médicale de grossesse au 2ème trimestre par exemple, il n’y a pas d’autres alternatives satisfaisantes » précise Anne Loirette.

La fin de la commercialisation du Cytotec a été annoncée en octobre dernier. Deux laboratoires proposent des alternatives pour les IVG. Officiellement, la continuité des soins n’est donc pas menacée. Mais les produits alternatifs coûtent cher : 6 euros le comprimé, contre un Cytotec à 24 centimes d’euros. De quoi inquiéter les spécialistes. « Les femmes qui ont recours à l’IVG ne paieront pas plus cher. En revanche, le coût de l’IVG va peser sur le budget de l’hôpital. J’ai peur que cela se répercute sur les moyens dédiés à cette intervention », s’inquiète Martine Hatchuel, gynécologue obstétricienne à l’hôpital des Bluets à Paris. Comme elle, les gynécologues demandent que le misoprostol, la molécule présente dans le Cytotec et ses alternatifs, soit disponible sous forme de générique au même prix qu’avant.