Grossesse et antidépresseurs : un risque accru d'autisme ?

Selon une vaste étude menée par l'Université de Montréal au Canada, la prise d'antidépresseurs pendant la grossesse augmenterait de 87% le risque d'autisme pour le bébé. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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C'est au cours du deuxième et troisième trimestre de grossesse que la prise d'antidépresseurs serait la plus déterminante. A ce moment-là, le cerveau du bébé franchit une étape cruciale de développement. Selon le Pr Yehezkel Ben-Ari, neurobiologiste à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), "les antidépresseurs, souvent, agissent sur un système qu'on appelle le système sérotoninergique. Ce système est crucial pour la construction du cerveau. La formation des connexions entre certaines régions du cerveau et le cortex dépend énormément des systèmes à base de sérotonine. Et donc, quand on va les bloquer in utéro, on va affecter la formation de ces connexions. Le cerveau va naître en quelque sorte malformé".

Ce n'est pas la première fois qu'une étude incrimine ainsi les antidépresseurs agissant sur la sérotonine. Au Canada, les chercheurs ont suivi près de 145.500 enfants jusqu'à leur dixième année. Parmi eux, un peu moins de 1% ont été diagnostiqués autistes avant leur cinquième anniversaire. Les chercheurs canadiens ont ensuite vérifié les dossiers médicaux des mères pour savoir si elles avaient pris des antidépresseurs. Ils ont ainsi pu établir un lien entre ces médicaments et l'autisme.

Mieux prescrire les antidépresseurs

Pour le Pr Yehezkel Ben-Ari, ces résultats doivent inciter à davantage de vigilance avant de prescrire des antidépresseurs : "la question ne se pose pas pour les femmes qui ont des tendances suicidaires ou qui sont gravement dépressives. Mais, j’ai l'impression qu'on les prescrit un peu facilement à une femme enceinte qui dit "je suis un petit peu anxieuse, est-ce qu’'on pourrait faire quelque chose". Une femme enceinte, ce sont deux cerveaux qui n'ont pas les mêmes façons de fonctionner, pas les mêmes protéines… Evidemment, la pharmacopée ne peut pas être la même."

Près de 1% des enfants naissent aujourd'hui avec des troubles autistiques. En 50 ans, ce chiffre a été multiplié par 25. Une partie de l'augmentation s'explique par de meilleurs diagnostics. Mais, cette nouvelle étude, à paraître dans le Journal of the American Medical Association Pediatrics, tend à démontrer que les facteurs environnementaux sont eux aussi prépondérants.